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Sujet : La curiosité est un vilain défaut


De PM Jarriq, le 4 juin 2007 à 12:55

Curieux de nature, mais tout de même pas maso, je n'ai jamais vu Alphaville, mais pourtant… Le générique en est tellement absurde (Lemmy Caution, héros ringard du samedi soir des années 6O, filmé par JLG ?), que je ressens comme une vague attirance.

Parmi les DVDToileurs, y en a-t-il qui me conseilleraient de me lancer, et d'acheter le DVD ?

Je sais que la curiosité parfois, est un vilain défaut…


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De sépia,, le 4 juin 2007 à 13:41
Note du film : 1/6

Pour les amateurs de science fiction, je pense vraiment qu'il y a dans cette oeuvre, matière à discussion trés poussée. Personnellement, je n'y ai gagné que la migraine, et -oserai-je l'avouer?- je ne l'ai pas regardé jusqu'au bout…Aprés cette critique trés constructive, je repars en rasant les murs de ce site….


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De Arca1943, le 4 juin 2007 à 13:55

Migraine tant qu'on voudra, il y a Akim Tamiroff dans ce film : que peut-on demander de plus ?

Non mais sérieusement, cet Alphaville mérite qu'on le vérifie même si c'est un Godard, car le cinéma français s'est très rarement avancé dans le domaine de l'anticipation, domaine qui tolère pourtant très bien les esprits cartésiens. Malgré des débuts fracassants et prometteurs dans le premier avant-guerre – Le Voyage dans la lune ! – on n'a jamais porté à l'écran, parmi les grands classiques de la littérature française de science-fiction, ni Les Animaux dénaturés de Vercors, ni Ravage de Barjavel; quant à La Planète des singes de Pierre Boulle, elle a été triomphalement adaptée par des étrangers ! Alors, on compte sur les doigts d'une main les incursions françaises dans le genre : Fahrenheit 451, La Mort en direct (dont le thème est encore plus d'actualité aujourd'hui…), La Planète sauvage évidemment, peut-être aussi en forçant un peu pourrait-on compter L'Homme au cerveau greffé de Doniol-Valcroze et aussi Demain les mômes, d'un certain Pourtalé ou Pourtalié. Et donc, Alphaville est une vraie rareté dans son genre. En espérant qu'il s'agit d'un Godard atypique – c'est-à-dire regardable – je partage la curiosité de Jarriq. Mais de là à voter…

J'entends d'ici les ricaneurs : « Tu as dit sur les doigts d'une main et tu cites six films. » Et alors ? Ce sont les humains qui ont cinq doigts par main. Mais nous, pas forcément.


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De droudrou, le 4 juin 2007 à 14:13

Non, Sépia, ne rasez pas les murs ! C'est une tâche monumentale que tout une vie n'y suffirait pas… et c'est sans compter pour la crême à raser et les lames de rasoir…

Ce que je vois, c'est que sur DVDToile, la trêve des confiseurs n'existe pas ! PM Jarriq qui attaque ce jour, billes en tête, avec un film de Jean-Luc Godard en sachant toute la sympathie naturelle que nourrit Impétueux pour ledit JLG et dans un film qui relèverait de la science fiction… Notre ami Impétueux vient d'emprunter un passage délicat dans l'espace temps et nous devrions le ménager… Et, en plus, notre amie Sépia qui a abandonné Lemmy Caution dans l'Espace Spatio-Temporel… Comme disait Lemmy Caution : "Ca va barder !"…


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De Gaulhenrix, le 4 juin 2007 à 18:24

Mes souvenirs, PM Jarriq, sont trop anciens pour donner le moindre conseil. Mais, si j'avais l'occasion de le faire, je reverrais volontiers ce film, ne serait-ce que pour m'en faire une idée actualisée. A l'époque, j'avais bien aimé…

Ci-après, un point de vue de Michel Marie emprunté au Dictionnaire des films : "Ce poème scintillant qui alterne le noir profond et les éclairs, est placé par Godard sous le signe de F W Murnau, de l'expressionnisme allemand (Lemmy parle des vieux films de vampire que l'on voyait à la cinémathèque) et de la poésie de Cocteau et de Paul Eluard. Eddie Constantine traverse les zones interdites filmées en images négatives, comme dans Nosferatu et Orphée puis lit d'admirables fragments de Capitale de la douleur à sa bien aimée, alors que l'ordinateur tente de lui inculquer les principes de la physique et de la logique moderne."

Bref, c'est vraiment du Godard ! D'autre part, -et plus trivialement- Anna Karina est à l'écran…


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De PM Jarriq, le 4 juin 2007 à 20:17

Merci de vos réponses… Mais j'en suis au même point ! Curiosité, mais pas d'envie. Je crois que je vais passer mon tour. Désolé, JLG.

Peut-être que Arca sera plus téméraire. Ou plus maso…


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De Arca1943, le 4 juin 2007 à 20:21

Plus maso.


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De vincentp, le 13 septembre 2008 à 23:27
Note du film : 3/6

3,80/6 pour être précis.

Difficile d'émettre un jugement sur Alphaville tant il est hors-norme et fait de bric et de broc. Hommage au film noir et à Raymond Chandler tout d'abord, assez réussi. Godard tourne en dérision les ressorts du film noir : la femme fatale qui surgit brusquement (ici elle se propose de prendre un bain avec Lemmy Caution), les brutes qui rossent le héros puis qui l'emmènent voir le patron, le héros taciturne qui hère au hasard en quête d'indices revenant sans cesse sur ses pas (et semant ici le souk dans son hôtel)… Courte réflexion sur l'amour (extrait de bouquin), peut-être la partie la plus réussie du film, avec ses plans fixes d'ombre chinoise (me semble-t-il). La partie SF n'est par contre guère convaincante, et datée. Le film fait penser par moments à un vieux numéro de "Science et vie" des années soixante. Encore que certains moments (par exemple les idées concernant le contrôle des individus par la technologie) ne sont pas dénués d'intérêt. Cela peut se discuter ! A noter une singularité : la fin de Alphaville préfigure la séquence finale de Blade Runner version des producteurs (décalque quasi-intégral). Et le son de l'ordinateur celui de HAL de 2001.

Alphaville est aujourd'hui une curiosité pour cinéphiles, avec des innovations formelles pour l'époque (sur le son et l'image), mais un brin ennuyeuse, et manquant de ressorts dramatiques. Cela est certes une marque de fabrique de Godard, mais les idées SF incluses étant aujourd'hui dépassées, le temps semble un peu long. Mais sans doute Alphaville a-t-il contribué à faire germer des idées chez d'autres auteurs, menant eux la barque à bon port, et à ce titre il mérite notre considération !


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De kfigaro, le 15 septembre 2008 à 10:26

Il y a aussi la très belle musique de Misraki (lyrique et ensorcelante, mais pas du tout "SF") qui rajoute pas mal de plus-value à ce film effectivement parfois "vieillot"…


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De Impétueux, le 25 juin 2022 à 19:39
Note du film : 0/6

Il faut rendre hommage au contributeur inconnu de la notice d'Alphaville sur notre amie Wikipédia, contributeur qui parvient à discerner un scénario dans ce monument d'inanité et d'ennui qui n'a comme seule qualité que d'être assez bref (1h35). Cela étant dit, l'histoire exposée est d'une telle banalité, elle est si tributaire de l'air du temps (celui de 1965, bien sûr) que son éclaircissement n'a aucune espèce d'importance ; elle fait penser aux pires romans de science-fiction de Philip K. Dick, ces ennuyeuses dénonciations d'un monde où la science, la rationalité, la technique ont remplacé l'élan vital de l'Humanité.

Mais qu'est-ce que c'est enquiquinant, mon Dieu !! On savait depuis longtemps que le Genevois (ne jamais oublier ça !) richissime Godard ne concevait pas le cinéma comme un médium capable d'enthousiasmer, d'émouvoir, d'émerveiller les spectateurs, mais comme une grave leçon morale, au didactisme pesant, aux arrière-pensées moralistes. Pas à dire, il y a tout cela dans Alphaville où le pauvre Eddie Constantine, symbole de la ringardise absolue du cinéma français du début des années 50 fait mine de s'insérer dans le mouvement intellectuel.

J'ignore si le brave Étasunien héros de La môme vert-de-gris et de Ces dames préfèrent le mambo, monuments rares et quelquefois séduisants d'inanité absolue, a pris conscience du mépris (hihi !) que l'intellectuel Godard déployait à son endroit ; et après tout, ça n'a pas beaucoup d'importance. Le drame, c'est que le réalisateur, alors, au milieu des années 60, adulé par la critique et dont l'aura impressionnait beaucoup de mes camarades du baby-boom a conquis alors un statut remarquable qui, dans quelque jour, lorsqu'il clamsera (il a tout de même 91 ans) lui vaudra des articles énamourés dans la presse bien-pensante et le bouleversement des programmes des chaînes de télévision.

Alors même que Godard, ce n'est rien, et que même À bout de souffle, Pierrot le fou ou Le mépris, ses films les plus regardables sont pesants d'ennui et de nullités satisfaites. Des tics de réalisation toujours reproduits de film en film, des néons incandescents qui brasillent puis s'éteignent, un son volontairement masqué par le brouhaha de la rue, des citations littéraires (Borgès, Blaise Pascal, La Fontaine) qui surgissent sans rime ni raison), des lumières brutales, des prises de vue distanciées sur les routes et les rues, des gros plans incongrus qui ne sont justifiés par rien du tout, bien d'autres babioles puériles.

Il n'y a jamais chez le réalisateur la moindre distance avec ce qu'il tourne. Après tout, pourquoi ne pas aller chercher le ringardissime Eddie Constantine; héros des salles du samedi soir pour le faire jouer dans un film intello ? Avec un peu d'humour, d'esprit, de sens du narquois, on peut se mettre le spectateur dans la poche, ravi de la connivence ressentie. Mais là c'est Godard, c'est le démiurge lui-même, qui se veut la star, la vedette absolue du film, qui n'a que mépris pour ses acteurs, mais aussi pour son histoire et, en fin de compte, pour ses spectateurs. Spectateurs qui furent d'ailleurs heureusement peu nombreux (à peine plus de 110.000 à Paris) mais dont la béatitude irrigua les médias en adoration.

D'ailleurs pourquoi faut-il que, près de soixante ans après la sortie du film sur les écrans, je puisse en parler ? C'est sans doute que, comme une mauvaise gale, ces stupidités-là demeurent, béantes, inutiles mais obsédantes, dans notre inconscient collectif.


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