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Sujet : Avis


De droudrou, le 31 mai 2007 à 22:23
Note du film : 5/6

Par hasard, sur Internet, j'ai trouvé ce texte qui est le discours complet prononcé par Patton au tout début du film. Ce n'est donc pas une fiction. Il fixe bien le cadre des évènements auxquels nous allons assister.

Cette emprise si particulière, qui fait d'un individu particulier le point de mire de milliers d'hommes, ne peut s'expliquer par des critères uniformes, applicables à l'ensemble. Tout au plus peut-on distinguer ça et là quelques traits précis : le regard d'aigle de MacArthur et son prophétique "Je reviendrai !", le Fingerspitzengefühl de Rommel et son omniprésence au plus fort des combats, par exemple.

Dans le cas du lieutenant-général George S. Patton, le propos cru, direct et imagé constitue toutefois un trait caractéristique de sa méthode pour le moins énergique de commandement. Cet aspect apparaît de manière particulièrement évidente dans le texte ci-dessous, prononcé devant plusieurs centaines de soldats de la Troisième armée peu avant le Débarquement en Normandie. Ce texte, qui a été repris avec quelques omissions dans le film consacré au général Patton et dont il fait d'ailleurs office d'ouverture, est disponible dans plusieurs versions ; seuls toutefois quelques détails diffèrent.

Quelque part en Angleterre, juin 1944

"Prenez place."

Messieurs, ces bruits qui courent à propos d'une Amérique voulant sortir de la guerre, refusant le combat, ne sont que des tas de conneries. Les Américains aiment se battre, par tradition. Tous les vrais Américains aiment l'éclat et le fracas de la bataille.

Vous êtes ici aujourd'hui pour trois raisons. Premièrement, vous êtes ici pour défendre vos foyers et ceux que vous aimez. Deuxièmement, vous êtes ici pour votre propre respect, parce que vous ne voudriez être nulle part ailleurs. Troisièmement, vous êtes ici parce que vous êtes des vrais mecs et que les vrais mecs aiment combattre. Lorsque vous ici, chacun d'entre vous, étiez enfants, vous admiriez tous le champion au jeu de billes, le coureur le plus rapide, le boxeur le plus dur, les joueurs de base-ball de la grande ligue et les joueurs de football du All-American. Les Américains aiment un vainqueur. Les Américains ne tolèrent pas un perdant. Les Américains méprisent les couards. Et ils jouent toujours pour gagner. Je ne pousserais même pas une huée pour un homme qui perd et rit. C'est pourquoi les Américains n'ont jamais perdu ni ne perdront jamais une guerre ; parce que la simple idée de perdre est odieuse à un Américain.

Vous n'allez pas tous mourir. Seuls deux pour-cent d'entre vous, ici aujourd'hui, vont mourir dans une bataille majeure. La mort ne doit pas être crainte. La mort, avec le temps, vient à tous les hommes. Oui, chaque homme est effrayé par sa première bataille. S'il dit qu'il ne l'est pas, c'est un menteur. Certains hommes sont des couards mais combattent de la même manière que des hommes braves, ou ils sentent l'enfer sortir d'eux en voyant combattre des hommes aussi effrayés qu'ils le sont. Le vrai héros est l'homme qui combat même s'il a peur. Certains hommes surmontent leur peur après une minute sous le feu. Pour d'autres, cela prend une heure. Pour certains, cela prend des jours. Mais un homme véritable ne laissera jamais sa peur de la mort prendre le pas sur son honneur, sur son sens du devoir à son pays, et sur son courage naturel. La bataille est la plus magnifique compétition à laquelle un être humain puisse s'adonner. Elle révèle ce qu'il y a de meilleur et efface ce qu'il y a de vil.

Souvenez-vous que l'ennemi est aussi effrayé que vous l'êtes, et probablement davantage. Ce ne sont pas des supermen. A travers vos carrières dans l'armée, vous avez tous râlé contre ce que vous appelez le "putain d'entraînement à la peur." Cela, comme n'importe quoi d'autre dans l'armée, a un objectif défini. Cet objectif est la vigilance. La vigilance doit être développée en chaque soldat. Je ne donne pas une bille pour un type qui n'est pas toujours sur ses gardes.

Vous êtes tous des vétérans ou vous ne seriez pas ici. Vous êtes prêts pour ce qui est à venir. Un homme doit être vigilant à chaque instant s'il s'attend à rester en vie. Si vous n'êtes pas vigilant, un beau jour, un fils de connasse de pute allemand va se faufiler derrière vous et vous frapper à mort avec un paquet de merde ! Il y a quatre-cent tombes alignées avec ordre quelque part en Sicile, toutes parce qu'un homme s'est laissé aller à dormir durant le boulot. Mais ce sont des tombes allemandes, parce que nous avons attrapé le salaud avant qu'ils ne le fassent.

Une armée est une équipe. Elle vit, dort, mange et combat comme une équipe. Ces histoires d'héroïsme individuel ne sont que de la merde de cheval. Les petits bâtards qui écrivent ce genre de foutaises pour le Saturday Evening Post n'en savent pas beaucoup plus sur combattre sous le feu que sur tirer un coup ! Nous avons la meilleure nourriture, le meilleur matériel, le meilleur moral et les meilleurs hommes du monde. C'est pourquoi, par Dieu, en fait j'ai pitié des pauvres fils de pute que l'on va affronter. Par Dieu, j'en ai pitié.

Mes hommes ne se rendent pas, et je ne veux pas entendre parler d'un soldat sous mon commandement capturé, à moins qu'il ait été touché. Et même si vous êtes touché, vous pouvez toujours répliquer. Ce ne sont pas des conneries. Le type d'homme que je veux commander est celui de ce lieutenant qui, en Libye, avec un Luger sur la poitrine, a arraché son casque, écarté le pistolet d'une main et envoyé le Boche en enfer avec son casque. Puis il a sauté sur le flingue, est sorti et a tué un autre Allemand avant qu'ils ne sachent ce qui leur tombait dessus. Et pendant tout ce temps cet homme avait une balle dans un poumon. Voilà un vrai mec ! Tous les vrais héros ne sont pas des combattants tirés des livres d'histoires. Chaque individu dans cette armée joue un rôle vital. Ne vous laissez jamais aller. Ne pensez jamais que votre boulot est sans importance. Chacun a un boulot à faire et il doit le faire. Chacun est un maillon vital dans la grande chaîne. Que se passerait-il si chaque chauffeur de camion décidait soudain de ne pas aimer le miaulement des balles au-dessus, de se retourner et de sauter tête la première dans le caniveau ? Le salaud de poltron pourrait dire, 'Putain, ils vont pas me rater, juste un homme parmi des milliers.' Mais si chaque homme pensait ainsi ? Où diable serait-on aujourd'hui ? A quoi ressembleraient notre pays, nos familles, nos foyers et même le monde ? Nom de Dieu, les Américains ne pensent pas ainsi. Chacun fait son boulot. Chacun sert l'ensemble. Chaque département, chaque unité est importante dans le vaste système de cette guerre. Les hommes de la logistique sont requis pour approvisionner les canons et la machine de guerre pour nous permettre de continuer à avancer. Le quartier-maître est requis pour apporter de la nourriture et des habits, parce que là où nous allons, il n'y en pas des masses à voler. Chaque dernier homme sur l'organigramme a un boulot à faire, même celui qui réchauffe notre flotte pour nous éviter la diarrhée du soldat.

Chaque homme ne doit pas seulement penser à lui-même, mais aussi au pote qui combat à ses côtés. Nous ne voulons pas de couards à foie jaune dans cette armée. Ils devraient être exterminés comme des rats. Sinon, ils rentreront chez eux après cette guerre et produiront d'autres couards. Les hommes braves produiront d'autres hommes braves. Eliminez ces putains de couards et nous aurons une nation d'hommes braves. L'un des types les plus braves que j'aie vu était un gars au sommet d'un poteau de télégraphe au beau milieu d'un furieux combat en Tunisie. Je me suis arrêté et lui ai demandé ce qu'il pouvait bien foutre là-haut à un instant pareil. Il a répondu, 'Je fixe le câble, Monsieur.' Je lui ai demandé, 'N'est-ce un peu malsain juste maintenant ?' Il a répondu, 'Oui, Monsieur, mais ce satané câble doit être fixé.' Je lui ai alors demandé, 'Est-ce que ces avions qui mitraillent la route ne vous inquiètent pas ?' Et il a répondu, 'Non, Monsieur, mais vous sûrement !'

Voilà un vrai mec. Un vrai soldat. C'était un homme qui a consacré tout ce qu'il avait à son devoir, quel que puisse apparaître insignifiant son devoir à l'instant, quelles que soient ses chances. Et vous auriez dû voir ces camions durant notre chevauchée en Tunisie. Ces chauffeurs étaient magnifiques. Durant toute la journée et toute la nuit ils roulaient sur ces putains de routes, sans jamais s'arrêter, sans jamais hésiter quant à l'itinéraire, avec des obus explosant tout autour en permanence. Nous sommes passés grâce au bon vieux cran américain.

Beaucoup de ces hommes ont conduit pendant plus de 40 heures consécutives. Ce n'étaient pas des combattants, mais des soldats avec un job à faire. Ils l'ont fait, et sacrément bien fait. Ils faisaient partie de l'équipe. Sans effort d'équipe, sans eux, le combat aurait été perdu. Quand tous les maillons de la chaîne sont ensemble, celle-ci devient incassable.

N'oubliez pas, vous ignorez tous que je suis là. Aucune mention de ce fait ne doit apparaître dans aucune lettre. Le monde n'est pas censé savoir ce qui diable a pu m'arriver. Je ne suis pas censé commander cette armée. Je ne suis même pas censé être ici, en Angleterre. Laissons ces maudits Allemands être les premiers salauds à le découvrir. Je veux les voir un beau jour se dresser sur leurs pattes arrières pleines de pisse et hurler, 'Jésus-Christ, c'est de nouveau cette satanée Troisième armée et ce fils de pute de Patton.' Nous voulons leur amener l'enfer. Plus vite nous nettoierons ce foutu merdier, plus vite nous pourrons faire une petite balade contre ces pisse-violets de Japs et aussi nettoyer leur repaire. Avant que ces damnés Marines n'aient tous les honneurs.

Bien sûr, nous voulons rentrer chez nous. Nous voulons en finir avec cette guerre. Le moyen le plus rapide d'en finir est d'aller attraper les bâtards qui l'ont commencée. Plus vite ils seront balayés, plus vite nous pourrons rentrer. Le plus court chemin pour la maison passe par Berlin et Tokyo. Et quand nous atteindrons Berlin, je vais personnellement abattre ce gibier de potence de fils de pute de Hitler. Juste comme j'abattrais un serpent !

Lorsqu'un homme est couché dans un trou d'obus, s'il reste juste là toute la journée, un Allemand finira par l'avoir. Au diable une telle idée. Mes hommes ne creusent pas de trous de tirailleurs. Je ne veux pas qu'ils le fassent. Les trous de tirailleurs ne font que ralentir une offensive. Continuez à avancer. Et ne donnez pas non plus à l'ennemi le temps d'en creuser. Nous gagnerons cette guerre, mais nous la gagnerons seulement en nous battant et en montrant aux Allemands que nous avons plus de cran qu'ils en ont ; ou qu'ils en auront jamais. Nous n'allons pas juste abattre ces fils de pute, nous allons leur arracher leurs maudites tripes et les utiliser pour graisser les bandes de roulement de nos chars. Nous allons assassiner ces pouilleux de suceurs de queues de Huns à la pelle ! La guerre est une chose sanglante et meurtrière. Vous devez faire couler leur sang, ou ils feront couler le vôtre. Arrachez-leur le nombril. Tirez-leur dans les tripes. Lorsque les balles s'écrasent tout autour de vous, que vous essuyez la boue de votre visage et que vous réalisez qu'au lieu de boue il s'agit du sang et des tripes de ce qui était votre meilleur ami, vous saurez que faire !

Je ne veux pas recevoir de message disant, 'Je tiens ma position.' Nous tenons pas le moindre foutu truc. Laissons les Allemands le faire. Nous avançons constamment et nous ne sommes pas intéressés à tenir quoi que ce soit, à part les couilles de l'ennemi. Nous allons lui tordre les couilles et lui botter les fesses en permanence. Notre plan d'opérations de base consiste à avancer et à continuer d'avancer, sans se soucier de devoir passer sur, sous ou à travers l'ennemi. Nous allons le traverser comme la fiente dans une oie ; comme de la merde dans un klaxon !

De temps en temps, il y aura quelques plaintes que nous poussons trop durement nos gens. Je me fous complètement de telles plaintes. Je crois en la vieille et saine règle qu'une once de sueur épargnera un gallon de sang. Plus fort nous pousserons, plus d'Allemands nous tuerons. Et plus nous tuerons d'Allemands, moins de nos hommes seront tués. Pousser signifie moins de pertes. Je veux que vous vous souveniez tous de cela.

Il y a une grande chose que vous serez capable de dire, quand cette guerre sera terminée et que vous serez de nouveau chez vous. Vous serez peut-être reconnaissants, lorsque dans vingt ans vous serez assis près de la cheminée avec votre petit-fils sur le genou et qu'il vous demandera ce que vous avez fait durant la grande Deuxième guerre mondiale, vous n'aurez pas à tousser, le poser sur l'autre genou et lui dire, 'Eh bien, ton grand-père a pelleté de la merde en Louisiane.' Non, Monsieur, vous pourrez le regarder droit dans les yeux et lui dire, 'Fils, ton grand-père a chevauché avec la grande Troisième armée et un satané fils de pute nommé Georgie Patton !' "C'est tout."

Traduction : Plt Ludovic Monnerat


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De vincentp, le 6 octobre 2007 à 23:37
Note du film : 6/6

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De Gaulhenrix, le 7 octobre 2007 à 00:38

« Schaffner, ce réalisateur si sous-estimé, utilise avec brio une figure stylistique récurrente : celle d'une alternance plongée-contre plongée (ex : 96°, 104°, 109° minutes), souvent doublée d'angles obliques, pour marquer la psychologie si décalée et la personnalité si affirmée du personnage principal. »

C'est là, vincentp, une remarque qui me réjouit. Aimer le cinéma, n'est-ce pas, en effet, apprécier par-dessus tout cette alliance parfaite entre le propos du réalisateur et la façon qu'il a de le mettre en images (plutôt que d'utiliser les mots du dialogue) ? Je n'ai pas vu ce film, mais j'imagine fort bien, d'après ce que vous écrivez, que Schaffner utilise « la contre plongée » pour montrer, au sens propre du terme, la grandeur de son personnage ; « la plongée », comme pour l'observer, tel l'entomologiste penché sur son microscope le fait pour un insecte remarquable ; « les angles obliques », dans le but de faire naître le sentiment de « vertige » que l'on ressent devant pareille personnalité.

Votre observation judicieuse concernant le style de Schaffner me donne très envie de découvrir cette réalisation…


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De droudrou, le 7 octobre 2007 à 11:27
Note du film : 5/6

A Gaulhenrix : tu ne connaissais pas ?

D'abord, Georges C. Scott a refusé d'aller chercher l'oscar qu'il avait remporté pour son interprétation. Certains de mes amis qui ont vu le film, trouvent la composition de Scott excessive, voire caricaturale. Personnellement, je ne le crois pas. Ces facettes sont destinées d'une part à incrémenter la légende autour du personnage, d'autre part à nous plonger aussi dans ces aspects qui caractérisent les ambitions d'un homme que je qualifierai quelque peu d'innocent face à ce qu'il croit être sa destinée. Depuis des temps immémoriaux, depuis que la guerre existe, il a été partout présent sur les champs de bataille. Tel qu'il apparaît, il est une bête de guerre qui va trouver dans l'immensité de ce conflit l'accomplissement de lui-même. C'est un mystique, ce qui sera dit à juste titre à un certain moment dans les fiches dont dispose l'Etat-Major Allemand.

C'est un film que j'aime beaucoup et qui faisait partie de mes cycles réguliers consacrés au cinéma. Comme ces dames n'aiment pas particulièrement ces films de guerre, il est bien clair qu'il me faudrait décider d'une soirée tranquille et de solitude pour le revoir. Néanmoins une préparation s'avère indispensable en préalable.

Technique : c'est un film qui a été tourné en 70 mm – technicolor au format 2,55 c'est-à-dire pour exploiter en une pellicule les capacités du cinérama. L'image d'une rare qualité contribue à l'ambiance du film.

D'emblée, quand commence le film, nous sommes plongés dans un monde particulier. Un immense drapeau américain tient la largeur de l'écran tandis que sonne un clairon. Un bruit de bottes quand les hommes se mettent au garde-à-vous et qu'au centre de l'écran apparaît une silhouette minuscule au regard des dimensions du drapeau. Suit une série de clichés, immenses gros plans, qui vont nous rapprocher du général Patton, centrés sur ces détails qui accréditent la légende du personnage, son regard, ses campagnes, ses décorations, son côté "clean" qui va caractériser la tenue de ses hommes et ses fameux colts 45 à crosse de nacre, objets de légende. Un discours aux termes quelque peu vigoureux, patriotiques mais aussi empreints d'un certain humour vulgaire qui plaisait à ses hommes, détail que nous retrouverons au moment de l'expédition vers Bastogne mais aussi connu de l'état-major Allemand puisque sa biographie sera rapportée à Rommel.

J'ai reproduit son discours en entrée du fil de ce site consacré au film.

Petit détail dans la tenue du général : il porte la fourragère, souvenir glorieux de l'intervention Américaine pendant la première guerre mondiale attribuée par le Gouvernement Français. De ses exploits glorieux au Bois Belleau, le 4ème régiment de Marines portait la même distinction.

Ainsi que le faisait remarquer Vincentp, Francis Ford Coppola a participé à la rédaction du scénario, travail où aussi est intervenu John Milius. C'est un film que je qualifierai de nerveux : très peu de temps morts.

Si le DVD est de qualité, je me permettrai de rappeler qu'il y a un second volume consacré à la légende de Patton, bien fait et à ne pas dédaigner.

Pour ceux que cela pourrait intéresser, je suis allé sur Wikipedia récupérer une biographie rapide de ce général hors du commun. George Smith Patton (11 novembre 1885 – 21 décembre 1945), né à San Gabriel, Californie, était un général américain de l'US Army pendant la Seconde Guerre mondiale.
Jeunes années
George Smith Patton naquit le 11 novembre 1885 en Californie. Fils d'une famille aisée et petit-fils d'un officier général confédéré lors de la Guerre de Sécession, Patton suivit un enseignement, dispensé par ses parents, fondé sur la littérature classique, la mythologie, l'histoire ainsi que la morale chrétienne. Il parlait, outre l'anglais, le français et lisait les œuvres classiques grecques et latines dans le texte (notamment Thucydide et Jules César). Il était un fin connaisseur de l'Histoire de France, de Grande-Bretagne et des États-Unis. Un brillant historien militaire et un génial tacticien.
C'est seulement en 1897 que Patton intégra le cycle scolaire « classique », sans savoir ni lire ni écrire mais avec un physique d'athlète.
Comme George Marshall, Patton étudia à l'Institut militaire de Virginie (Virginia Military Institute) puis il intégra l'Académie militaire de West Point dont il sortit diplômé en 1909 en tant qu'officier de cavalerie (sous-lieutenant).
Bon athlète, Patton participa, avec l'accord de l'État-major, aux Jeux olympiques de Stockholm en 1912. Il termina cinquième du pentathlon. C'est également en 1912 qu'il rédigea en France un mémoire sur les tactiques militaires les plus adaptées au bocage normand. Patton était un homme issu d'une famille très riche et il épousa une femme, fille d'un magnat du textile, Beatrice Banning Ayer, dont la fortune dépassait la sienne, ce qui leurs permis de vivre sans soucis matériel. George Patton n'avait pas besoin de sa solde pour vivre, mais il avait besoin de l'armée pour exprimer ce qu'il était dans l'âme : un Soldat.
Première Guerre mondiale
En 1913 il fut affecté à Fort Riley et Fort Bliss sous les ordres du déjà célèbre général Pershing qui le prit sous son aile. Sous les ordres de ce dernier, Patton participa en 1916 au Mexique, à des raids contre Pancho Villa. Il livra même un duel au pistolet contre l'un des chefs d'état-major de Villa, qui y perdra la vie.
L'entrée en guerre des États-Unis lors du premier conflit mondial en 1917, donna au fougueux lieutenant-colonel Patton la possibilité de retourner en Europe. Appartenant à la force expéditionnaire américaine (AEF), il forma et organisa la 1re brigade de chars d'assaut près de Langres (en France). Lors de la première opération de l'armée américaine sur le sol français, il reçut la charge de commander la contre-offensive de Saint-Mihiel en septembre 1918, après laquelle il obtiendra le grade provisoire de colonel.
Blessé lors de l'offensive de Meuse Argonne, il fut décoré de la Distinguished Service Cross et de la Distinguished Service Medal Ironie du sort, l'impétueux colonel fêta ses 33 ans le jour même de l'armistice. Il fut rétrogradé au grade de commandant pour faute grave.
Entre-deux-guerres
L'entre-deux-guerres permettra à Patton de valider en 1924 le diplôme de la Command and General Staff School et, en 1932, celui de l'Army War College. Il fit la connaissance d'Omar Bradley qu'il retrouvera plus tard en Europe. Il écrivit des articles sur les tactiques des tanks des forces blindées, suggérant de nouvelles méthodes pour utiliser ces armes. Cette longue période lui permet aussi de publier sur le jeu de bridge après y avoir souvent joué avec Eisenhower. La plupart des finales fédérales de bridge-contrat disputées en France en ce début de IIIe millénaire suivent son mouvement Patton. En 1938, Patton reçut l'ordre de rejoindre le général George Marshall afin d'intégrer son État-major. En juillet 1940, Patton prit les commandes d'une brigade de la Deuxième Division blindée à Fort Benning et alla même jusqu'à payer avec ses propres deniers des pièces détachées pour ses chars. Moins d'une année plus tard, il fut nommé au grade de général de brigade et prit la responsabilité de la division.
Seconde Guerre mondiale
En 1941, alors que les États-Unis déclaraient la guerre au Japon suite à l'attaque de Pearl Harbor, « le vieux, sang et tripes » (surnom donné par ses hommes) obtint le grade de général de division.
L'Afrique du Nord
En 1942, les alliés préparèrent l'opération Torch, qui prévoyait un débarquement en Afrique du Nord française (Maroc et Algérie).
Patton, nommé pour prendre le commandement des troupes terrestres destinées à débarquer au Maroc fut très critiqué par les Britanniques. Ceux-ci lui reprochaient son manque de rigueur. Ils peinaient à comprendre un général qui portait deux colts à crosses en ivoire au ceinturon… Heureusement, Einsenhower, général en chef des forces alliées en Europe soutenait son turbulent subordonné. Un officier qui prenait, néanmoins, soin des familles de ses hommes car Patton, ayant organisé un réseau de renseignement sur les familles de ses soldats avec l'aide de son épouse, tenait ses soldats au courant de ce qu'il se passait dans leurs familles.
Le 8 novembre 1942, le débarquement eut lieu. Après quelques combats, le Maroc français fut occupé et Patton prit alors un rôle diplomatique et militaire.
De son côté, Rommel, chassé d'Égypte et de Libye par la VIIIe Armée britannique avait installé son Afrika Korps en Tunisie. Il ne cessait d'y recevoir des renforts, dont un bataillon de Panzerkampfwagen VI Tiger et la 10e Panzer-Division. Le « Renard du désert » donna une leçon aux troupes inexpérimentées du Deuxième corps lors de la bataille de Kasserine. Eisenhower nomme alors Patton pour rétablir la situation et remonter le moral des soldats. L'effet recherché ne se fit pas attendre puisque Patton, en coopération avec les troupes britanniques et françaises commandées par le général Montgomery, contre-attaqua à Gafsa. Il obtint quelques semaines plus tard la reddition des Allemands. Ces derniers perdirent 250 000 hommes au cours de cette campagne.
La Sicile
Après la campagne de Tunisie, les alliés étaient maîtres de l'Afrique du Nord. La reconquête de la Sicile aurait permis le contrôle total de la Méditerranée. Patton prit le commandement de la VIIe Armée US chargée de débarquer au sud de la Sicile en compagnie de la VIIIe armée britannique du général Montgomery : l'opération Husky était lancée. Une véritable course de vitesse s'engagea entre les deux armées alliées. Palerme puis Messine tombèrent entre les mains de Patton le 17 août, au nez et à la barbe des Tommies de Montgomery.
Sa carrière faillit prendre fin en août 1943 quand il gifla et injuria deux soldats malades lors d'une visite d'un hôpital militaire. Patton crut que les soldats étaient des lâches réfugiés à l'arrière car ils n'avaient pas de blessures visibles (ils souffraient en fait de troubles psychologiques dus aux combats). Cette affaire causa une certaine émotion aux États-Unis et Patton dut faire des excuses publiques. De plus il fut déchargé de son commandement de la VIIe Armée avant la poursuite de l'offensive en Italie. Il subit alors une mise en quarantaine à Malte puis en Grande-Bretagne et passa une année complète loin des champs de batailles.
La Normandie
Dans la période précédant l'invasion de la Normandie, Patton donna des interviews en tant que commandant du Premier Groupe d'armée (fictif) américain, dont l'intention était de débarquer en France par le Pas de Calais. Cela faisait partie de la campagne de désinformation Alliée : l'opération Fortitude. Les Allemands considéraient Patton comme le meilleur général allié, par conséquent cette armée commandée par lui renforça leur croyance dans un débarquement dans le Pas-de-Calais par l'armée de Patton.
Après l'invasion normande, Patton fut placé à la tête de la 3e armée américaine, qui était sur l'aile droite des forces alliées, sous les ordres d'Omar Bradley, l'un de ses bras droit en Afrique du Nord. Il mena cette armée durant l'opération Cobra dont le but était de percer le front allemand dans le Cotentin. Patton participa à cette percée, prenant Avranches et pénétrant en Bretagne avant ensuite de se déplacer du sud vers l'est, en prenant à revers plusieurs centaines de milliers de soldats allemands dans la poche de Falaise1. Patton employa la propre tactique de l'attaque éclair allemande, en parcourant près de 1 000 km en seulement deux semaines. Avec le recul, les historiens pensent que Patton a été l'un des premiers stratèges à envisager la Blitzkrieg dès les années 30. Or c'est en Normandie, entre Avranches et Argentan que le général américain l'appliqua le mieux.
L'offensive de Patton2 s'arrêta le 1er septembre 1944 sur la Meuse à l'extérieur de Metz, car son armée était simplement à court d'essence. Le temps de réapprovisionner, les Allemands eurent le temps de fortifier leurs positions de Metz. En octobre et novembre, la 3e armée mena des combats difficiles dans les Vosges.
L'offensive des Ardennes
Le 16 décembre 1944, l'armée allemande jeta 29 divisions (environ 600 000 hommes) dans une contre-attaque à travers les Ardennes, pour tenter couper les armées alliés, de prendre le port d'Anvers et progresser vers la Meuse. Patton dirigea sa 3e armée depuis l'Alsace vers Bastogne, pour délivrer la 101e division aéroportée3, encerclée par les Allemands.
En février, les Allemands étaient de nouveau en pleine retraite et Patton fit mouvement dans le bassin de la Sarre. Il projetait de prendre Prague et la Tchécoslovaquie, quand le Général Eisenhower lui donna l'ordre de stopper tous mouvements des forces américaines, à la grande fureur de Patton.
L'après-guerre
En octobre 1945, le général Patton assuma le contrôle de la 15e Armée, une armée de papier, en Allemagne occupée. Ce nouveau commandement est en réalité une sanction suite à ses critiques vis à vis de la dénazification et sa volonté de déclarer la guerre à l'Union soviétique qu'il présenta comme le futur adversaire des États-Unis.
Einsenhower, qui couvre plus ou moins régulièrement ses déclarations, lui retire le commandement de la 3e Armée et son poste de gouverneur militaire de Bavière.
Il mourut à Heidelberg, suite à des blessures subies lors d'un accident de voiture le 21 décembre 1945.
Il est enterré au cimetière américain de Hamm, au Grand-Duché de Luxembourg, au milieu des hommes de sa 3e armée.
Hommages
Une série de chars d'assauts a été nommée en son honneur, les M46, M47, M48 et M60 Patton.
Citations
• Patton a dit après la guerre : Nous nous sommes trompés d'adversaires !
• "L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face le fasse pour le sien"
Sources
1 George S. Patton Jr. III / 1885 – 1945 – nouveau livre en 3 langues (F-D-E) retraçant sa vie avec plus de 200 photos édité par le 2 General patton Memorial Museum Ettelbruck.


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De PM Jarriq, le 7 octobre 2007 à 11:43

Scott était assez prodigieux dans ce rôle, qu'il a d'ailleurs retrouvé dans le téléfilm "The last days of Patton", des années plus tard. Les autres Patton du cinéma (Kirk Douglas dans Paris brûle-t-il ? et George Kennedy dans "La cible étoilée") ne soutiennent pas la comparaison.


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De droudrou, le 7 octobre 2007 à 11:54
Note du film : 5/6

On est bien d'accord. Scott est absolument unique dans ce film.


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