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Sujet : Critique


De dumbledore, le 28 mai 2007 à 00:52
Note du film : 4/6

Au début des années 20, la firme Pathé est encore de loin la plus grande société de production et de distribution de film au monde. Pathé apporte à ses productions des moyens importants, consacrés aussi bien à la facture qu'aux choix des comédiens.
Réalisé en 1923, Coeur Fidèle de Jean Epstein est un parfait exemple de cette production Pathé . L'histoire notamment est un classique du genre de film de cette époque, genre qui ne cessera de péricliter pour quasiment disparaître avec la naissance du parlant : un pur mélodrame.
Marie est une orpheline qui a été élevé par un couple qui tient un sinistre bar sur le port de Marseille. Elle est l'objet de convoitise de Petit Paul, un truand craint par tout le monde. Marie ne l'aime pas, un aime Jean qui est l'inverse de Petit Paul : doux, et romantique.
Seulement Marie ne peut s'opposer à ses parents adoptifs qui la donnent à Jean. Une rixe éclate entre Petit Paul et Jean au cours de laquelle un gendarme est poignardé. Petit Paul prend la fuite et Jean écope d'une année de prison. En sortant, il découvre que Marie a un enfant et qu'elle vit avec Petit Paul. Elle est malheureuse, pauvre et subit la violence de Petit Paul devenu alcoolique.
Toutes les recettes du mélo sont donc réunies : orpheline avec un bébé à charge, mari violent et alcoolique, amour impossible avec un homme qui serait parfait pour elle, et coups du destins et malchances… Seulement l'intérêt du film ne se trouve pas dans l'histoire ni dans le jeu des comédiens (notamment de Gina Manès qui prend toutes les attitudes du muet "expressif" : mains près de la bouche, grands gestes, etc) mais dans la mise en scène de Jean Epstein.

On sent ainsi une grande différence entre les scènes en intérieurs (studio) et celles en extérieurs. Ces dernières savent tirer tout l'intérêt des superbes décors du port de Marseille. Jean Epstein profite du recul et d'une plus grande liberté de cadrage et de composition pour jouer sur la profondeur de champs et des flous. En intérieur, la mise en scène est moins à l'aise, plus convenue, malgré quelques plans magnifiques (une montée de plusieurs étages films en grue ascendante). A plusieurs moments également, Jean Epstein "essaye" des procédés visuels plus ou moins heureux : déformation optiques quand Paul a une image mentale de Marie, fondus enchaînés longs entre le visage de Marie et la mer ou bien encore montage très rapides rappelant bien sûr le cinéma de Abel Gance ou bien encore les cinéastes russes de la même époque. Le final est également particulièrement impressionnant…
Coeur Fidèle n'est pas un grand film mais un produit de grande qualité dans une époque où le cinéma se cherchait encore…


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