Forum - Le Soleil se lève aussi - Un grand cinéaste à la baguette
Accueil
Forum : Le Soleil se lève aussi

Sujet : Un grand cinéaste à la baguette


De DelaNuit, le 18 mai 2007 à 18:45
Note du film : 4/6

Le film s'ouvre sur une image de soleil levant sur la Seine à Paris. Résonne une sentance de "l'Ecclesiaste" : "Une génération passe, une autre lui succède, mais la terre demeure. Le soleil se lève aussi, puis il se couche… et retourne à l'endroit d'où il se lèvera."

Le film entier, inspiré d'un roman à succès d'Hemingway, n'est qu'une longue exposition de cette idée. La "génération perdue" de l'entre deux guerres, chère à Hemingway, traîne son mal de vivre et le sentiment de son inutilité de bar en café, de restaurant en plage ensoleillée, de terrasse en corrida, s'abrutissant de spectacles et d'alcool pour oublier son vide intérieur.

Au milieu de tout cela, Ava Gardner est selon le personnage incarné par Mel Ferrer, "l'enchanteresse Circé devant qui les hommes se transforment en animaux". Et de même qu'à la Corrida, des boeufs castrés sont placés entre les taureaux pour calmer leurs ardeurs, Tyrone Power, impuissant depuis une blessure de guerre, fait le tampon entre ces mâles surexcités, parmi lesquels Errol Flynn au bout du rouleau dans un de ses derniers rôles.

Ava, encore une fois, doit assumer son statut de femme "fatale aux autres ainsi qu'à elle même", en aimant d'un amour impossible le seul homme qui ne peut la satisfaire. Déjà dans la "Comtesse aux pieds nus", face à un mari impuissant et dans "Pandora" face à un fantôme… elle devait payer le prix fort à Hollywood pour avoir fait d'elle une déesse trop belle et trop charnelle égarée parmi les hommes…

C'est un film sur le vide, et sur sur les choses superficielles dont on remplit sa vie pour tenter d'oublier sa souffrance. Il faut le savoir avant de le regarder. Sinon, si comme les spectateurs de l'époque on a été alléché par une publicité vantant les mérites d'un nouveau grand spectacle épique dans la lignée des "Neiges du Kilimandjaro", on ne peut être que déçu ! D'où le bide que fit le film à l'époque et les incompréhensions qu'il suscite encore.


Répondre

De gaulhenrix, le 18 mai 2007 à 20:51

Très intéressante analyse !


Répondre

De Impétueux, le 18 mai 2007 à 21:42

C'est vrai ! DelaNuit fait une entrée aussi tonitruante que passionnante sur notre forum !

Qu'il veuille bien continuer !


Répondre

De droudrou, le 18 mai 2007 à 22:28
Note du film : 4/6

Je me souviens de ce film, d'une ambiance… désabusée de ses "héros".

De façon certaine, Ava Gardner se fait offrir une oreille du taureau et il me semble que la fin du film du film se déroule en Afrique.

Petit détail dont je me souviens très bien, certaines scènes filmées à Paris se passent la nuit et, alors que l'intrigue se déroule entre les deux guerres, Ava Gardner et Tyrone Power parcourent en voiture les grandes artères de la capitale, au milieu d'une circulation représentée par des véhicules qui verront le jour dans les années 50…

Ce détail anachronique n'enlève rien aux qualités de ce grand film…

J'en profite pour rappeler qu'Henry King a été un grand réalisateur américain et qu'une part importante de ses films serait à éditer en DVD !


Répondre

De DelaNuit, le 23 septembre 2007 à 15:04
Note du film : 4/6

Le Soleil se lève aussi vient enfin de sortir en dvd zone 2.

L'occasion de (re)découvrir ce film faussement joyeux avec sa brochette de stars interprétant les protagonistes de cette "génération perdue" noyant le vide de leur existence dans une succession de fêtes et de plaisirs amers…

Et Ava Gardner en Lady Brett Ashley, "aussi charmante à jeun que saoule"… A peine un rôle de composition ! D'autant qu'Hemingway pensait déjà à elle en écrivant le roman…

Quel plaisir aussi de retrouver Juliette Greco en grisette parisienne promenant son regard blasé sur les fêtards parisiens de la rive gauche !

Qu'on nous édite donc également Les racines du ciel de John Huston pour illustrer l'étendue de son talent d'actrice !


Répondre

De vincentp, le 21 décembre 2014 à 00:28
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Une génération passe,
une autre génération lui succède.
Mais la terre demeure.
Le soleil se lève aussi,
puis le soleil se couche.
et se hâte vers le point ou il se lèvera.

Ces paroles prophétiques, énoncées par une voix caverneuse, suivies du générique d'ouverture, et du titre de l'oeuvre, diffusées sur une image non figée de soleil orangé dominant la Seine, Paris, et ses quais, ouvrent Le soleil se lève aussi.

L'oeuvre se conclut deux heures plus tard par l'énoncé suivant prononcé par la même voix :
Une génération passe,
Une autre génération lui succède.
Mais la terre demeure.
Le soleil se lève aussi (cette phrase est martelée, au ralenti).

Une vision mystique de l'univers est délivrée par un cinéaste, Henry King, au sommet de son art. Le soleil se lève aussi, tout en mouvements, porté par une musique omni-présente, décrit par les images et les sons, les incertitudes du moment présent et montre quel est le moteur de l'activité humaine : projets, passions, en phase avec l'activité du cosmos, la religion assurant une passerelle entre tous les éléments.

Sophistication extrême des mouvements de foule en intérieurs et extérieurs (des tableaux animés). La mise en scène, impressionnante, transcrit par les images et les sons le déroulé de l'activité humaine. Émotions et pensées des personnages, incertaines, non figées, évoluent chaque seconde via les paroles et la gestuelle. La direction des acteurs (quels acteurs !) est de très haut niveau artistique. Très, très grand film…


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0021 s. - 5 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter