Choc des cultures et des religions entre le roi d'Israël Salomon, si sage, et la reine sabéenne d'un monde païen aux moeurs débridées…
Mais qui pourrait résister aux charmes de Gina Lollobrigida lorsque'elle danse à moitié nue au son des tambours dans la clairière d'en face ?
La sagesse de Salomon succombe au désir de la chair et à la douceur de l'amour… tandis que les plans statégiques et machiaveliques de trahison de la reine fondent comme neige au soleil quand Yul Brynner (ici avec cheveux) lui murmure à l'oreille le "Cantique des cantiques" qu'il semble avoir composé pour elle : "Tes yeux sont des colombes, ma bien aimée, et tes lèvres des grenades qui me saoûlent encore mieux que le vin"…
Elle implore son dieu païen de l'amour afin de rendre le roi fou d'elle : "Fais un miel de mes lèvres, Ragon, donne à ma peau le parfum grisant des pétales de roses sous la pluie… Fais qu'il soit à moi !"
Et bientôt, c'est lui qui la suivra dans une scène d'orgie certes très kitsch mais rarement vue aussi osée dans le cinéma hollywoodien d'alors ! Pourtant, il aura résisté : "Il arrive que l'homme soit attiré, séduit par les dangers qui le menacent tout en sachant qu'il risque de se détruite, tel un papillon attiré par une flamme. Eteindre cette flamme serait plus simple, d'autant que si on la laissait brûler, elle pourrait détruire Jérusalem de fond en comble… Plus simple, oui. Mais il me semble que sans elle, ce serait l'obscurité !"
L'une des originalités de ce film est de nous permettre d'entendre dans la VF les véritables voix chaudes et sensuelles des deux acteurs, se doublant eux mêmes en français !
Yul Brynner remplaça au pied levé Tyrone Power, mort d'une crise cardiaque sur le tournage, et dont on peut apercevoir la silhouette dans certaines scènes de bataille déjà tournées. Le courant passa si bien entre Yul et Gina qu'ils ne pouvaient se résoudre, dit-on, à cesser leurs étreintes et leurs baisers lorsque le réalisateur criait "coupez !"
Faut-il vraiment tendre l'oreille plus que de coutume, juste pour guetter s'il n'y a pas par-ci par-là un nuage d'accent chez Y. Brynner ? En faisant cela, c'est un sacré compliment qui est émis en fait… Celui de G. Lollo, "légèrement" exotique, est bien charmeur.
King Vidor ne pouvait mettre un terme à sa prestigieuse carrière sans que le meilleur péplum et le plus abouti (avec "Les dix commandements" bien sûr), portât sa signature. Suspense prenant, musique captivante (de Mario Nascimbene), dialogues à graver en lettres d'or sur du marbre…
De quelques lignes tirées de la Bible, en ressort une des plus belles histoires d'amour sur fond d'alliances, de volte-face et de bruits de sandales. Après la fameuse danse – le clou du spectacle -, vient la cassure du royaume, et s'installe une atmosphère palpable de peur. On craint pour la vie des deux tourtereaux acculés au bord du ravin. La peur est également bien rendue parmi la population au pied du mur des lamentations.
Miss Gina ne porte jamais la même toilette d'une séquence à une autre (dix-sept au total, soit moins que Liz Taylor/Cléopâtre – le record avec cinquante-trois !)…
Une singularité: la doubleuse allemande (de la Lollo) débute toujours ses phrases par "hhh… hhh…"(inspiration… expiration…), accentuant ainsi le côté sensuel tout en atténuant l'intonation un peu rauque plus ou moins inhérente à la langue…
Bémols.
"Suspense prenant, musique captivante (de Mario Nascimbene)… "
Une pointure, ce Mario Nascimbene, qui semble avoir partagé sa carrière entre Cinecittà (Roma ore 11, Été violent…) et Hollywood (The Barefoot contessa). À noter qu'outre la musique de peplums italiens et américains, on lui doit aussi celle de La Momie, film égyptien…
Pour poursuivre sur la musique évocatrice de Mario Nascimbene, je signale aux éventuels intéressés que la musique de Salomon et la reine de Saba a été éditée l'an dernier en CD dans sa version discographique la plus complète à ce jour :
Il s'agit d'un CD italien de la collection "Legend" (CD 29), comprenant également la BO de Carthage en flammes (toutefois moins réussie, à l'image du film !)
Ce CD de Salomon et la reine de Saba (aisément disponible en France par l'intermédiaire de la boutique "ciné musique", rue de l'arbre sec à Paris, qui importe des BO de partout et vous les envoie à domicile) contient notamment la musique complète de la fameuse scène d'orgie où Gina Lollobrigida se déhanche lascivement devant son peuple en transe (10 minutes) sous le titre "Danza Orgiastica", mêlant choeurs et tambours en un rythme de plus en plus soutenu jusqu'au coup de tonnerre final. On y trouve également les choeurs hébreux, des musiques aux percussions primitives pour les défilés et les batailles, des mélodies suaves pour les scènes d'amours où Salomon / Yul Brynner murmure à la reine le Cantique des Cantiques…
A noter : un intéressant CD intitulé "The film music of Mario Nascimbene" semble encore disponible dans la collection "drg movies", comprenant de longs extraits des Bandes Originales de La Comtesse aux pieds nus / The Barefoot Contessa (y compris des danses gitanes écrites pour la divine Ava Gardner) mais aussi Les chemins de Haute Ville (Room at the top) et Un américain bien tranquille (The quiet american, version de Mankiewicz).
Environ 1 h après le début du film, la reine de Saba prend un bain dans dans une baignoire ronde… Sa femme de chambre lui tend un flacon de parfum que la reine rejette… Je me demandais si le flacon est en verre ? Il est de couleur verte et le capuchon ciselé est transparent… Le verre est connu depuis l'antiquité, mais les premiers verres étaient opaques, verts ou bleus… La capuchon pourrait être en cristal naturel, taillé dans du cristal de roche ?
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