Voilà un oubli dans les rééditions !… et c'est vraiment dommage, car cette comédie "gentillette" sous-tend une belle idée philosophique : l'égalité devant la mort. Pensez donc !… Un homme d'affaires (Ph. Noiret) froid et distant, meurt à quelques heures d'intervalle de son chauffeur (G. Jugnot)

Si tout les séparait de leur vivant, économisant au maximum les dialogues, ils se retrouvent dans une sorte de sas intemporel avant l'accès à l'Au-delà… Le nerf de la guerre (l'argent) et le pouvoir n'étant plus de mise, ils vont se rapprocher l'un de l'autre pour "moraliser" certaines situations familiales et relationnelles…

Sans être une comédie à "l'italienne", les dialogues sont savoureux et le jeu de nos 2 compères très sobre, conduit l'intrigue jusqu'à son terme final… celui du "devoir accompli", même s'il est tardif !

C'est une bonne comédie, dont je ne m'explique pas l'échec commercial en France. Le scénario de Francis Veber est ingénieux, ses dialogues amusants, le tandem Noiret-Jugnot fonctionne très bien. Bonne surprise aussi, Gérard Oury évite de tomber dans le slapstick lourdingue qui plombe plusieurs de ses films plus réputés, privilégiant plutôt la fantaisie et la légèreté du conte pour adultes. Bref, je me suis fort diverti et j'ai été assez douloureusement surpris de voir arriver ce film au Québec en direct-to-video alors qu'il aurait dû sortir en salles.

Je trouve qu'avec ce film, Gérard Oury n'avait plus rien à prouvé… On peut remarquer que sur la fin, les très bons acteurs deviennent de moins en moins bons, après avoir connu la gloire et les succès pendant des décennies. Je vais citer notamment Louis de Funès, Fernandel, Jean Gabin ou encore Jean-Paul Belmondo, qui sur la fin de leur carrière, accumulèrent les déceptions et ne connurent plus les succès qui firent d'eux des grandes stars. Quand on regarde que le dernier film de Gabin a été réalisé par Jean Girault, le réalisateur de la saga des "Gendarmes", que le dernier film de Bébél a été réalisé par Philippe de Broca, le cinéaste prolifique qui fit de Bébél une star international, que dans les années 60, hormis "La cuisine au beurre", "L'age ingrat" et "Heureux qui comme Ulysse", Fernandel a tourné avec Jean-Pierre Mocky, le réalisateur de tous les nanars… Est ce le sort réservé à tous les comédiens ??

Quoiqu'il en soit… Ca ne les empêche pas de rester les légendes qu'ils sont aujourd'hui