Le gang Anderson est loin d'être le meilleur film de Sidney Lumet mais cette bande mineure reste toutefois très intéressante.

Parmi les défauts du film, on peut facilement critiquer une histoire de cambriolage vue et revue, qui ne présente que peu d'originalité. Le personnage incarné par Martin Balsam présente un antiquaire homosexuel pour le moins caricatural et qui passe assez difficilement aujourd'hui.. Le film paraitra de nos jours assez daté dans son propos, ses décors et son esthétique général mais c'est aussi ce caractère démodé qui donne beaucoup de saveur au film.

Parmi les qualités du film, on peut retenir le personnage passionnant de Duke Anderson interprété par un Sean Connery toujours aussi classe, aidé par le pittoresque Alan King et un Christopher Walken débutant.. Personnage passionnant parce qu'après dix ans de prison, il va se trouver dépassé par l'evolution des technologies de surveillance.. Justement, l'un des aspects les plus fascinants du film, c'est d'être l'un des premiers à développer le thème des écoutes en particulier et de la paranoïa généralisée, thème qui va concerner tout le cinema américain des années 70, notamment The conversation. Jusqu'à une très belle dernière image..

Le gang Anderson est un divertissement honnête qui offre le mérite d'être un beau brouillon d'un des chefs-d'oeuvre de Lumet: Un après-midi de chien. Nombreuses sont les analogies troublantes entre les deux oeuvres= même casse qui échoue lamentablement, même image de flics maladroits cernant dans la rue les gangsters au milieu des passants et des médias, même issue dramatique, etc…

Je partage globalement l'avis très pertinent exprimé par Verdun.

Mais ce petit film, qui démarre de façon un peu poussive et anonyme, s'avère au final un film plutôt agréable et intéressant, par la mise en scène, le sujet abordé, l'interprétation.

Sidney Lumet démystifie habilement, comme dans nombre de ses films tels Un après-midi de chien, Serpico, …, mafiosis, policiers, gangsters, et riches possédants, montrant les hommes derrière la fonction. Tous ont des faiblesses et sont en proie à des émotions (doute, peur, colère, …) cumulant décisions maladroites et comportements décalés. Ils éprouvent surtout de grandes difficultés à communiquer entre eux (une superbe métaphore montre à ce sujet les difficultés de compréhension entre le radio-amateur et l'opératrice de la police). Les moyens de communication modernes (talkie-walkie, radio amateur, téléphones, enregistrements, …) compliquent ces relations humaines (et sociales), déjà cahotiques, alors qu'ils sont censés à priori les faciliter.

Lumet exprime également dans ce film une vision sous-jacente du capitalisme assez corrosive, montrant les riches new-yorkais, non pas comme des individus ayant réussi socialement, mais des sortes d'huluberlus, cumulant biens matériels par le biais de malversations légales.

Et puis, une belle idée de mise en scène est à relever : les séquences du cambriolage intercalées avec d'autres séquences montrant les conséquences de l'après-cambriolage. Elles donnent du poids à cette entreprise de démystification.