L'apport principal de ce remake, est l'intrusion des essais nucléaires et de leurs conséquences sur la population. Ainsi, les cannibales deviennent des victimes rendues difformes et bestiales par les retombées atomiques. Honnêtement, ça ne change pas grand-chose à la donne, hormis la nouveauté d'un décor de ville fantôme destinée aux essais (et déjà utilisé dans l'excellent Kalifornia). La colline a des yeux est plus riche, plus rythmé que l'original de Craven, mieux joué surtout, par des vétérans comme Quinlan toujours belle, le parfait Levine, et le grimaçant Drago. Les F/X sont efficaces (surtout les déformations sur le visage de la petite fille), et on ne s'ennuie pas. Seul problème : la surenchère permanente de gore, de violence, d'hystérie finit par anesthésier, et à rendre tout le film un peu uniforme. Aja, réalisateur français s'est parfaitement fondu au savoir-faire américain, et son film entre dans le moule des récents remakes de classiques des seventies.
Mais bon ! Je ne bouderai pas mon plaisir d'être en si fréquente communion de pensée avec lui et de le rejoindre, lui qui a des goûts si exhaustifs et des connaissances si encyclopédiques, sur l'appréciation d'un film intéressant, quoique évidemment limité dans ses ambitions.
La colline a des yeux originelle ne m'a pas laissé grand souvenir ; j'en avais trouvé le rythme lent, presque poussif, et les moyens vraiment trop limités ; seul le titre – superbe ! – m'avait d'ailleurs incité à regarder le film de Wes Craven ; la nouvelle adaptation d'Alexandre Aja est beaucoup plus brillante, percutante, efficace, surtout durant les deux premiers tiers du film ; la fin, inutilement gore (donc risible, dans une certaine mesure : on a envie de crier olé ! à chaque étripage) pêche précisément par l'accumulation de l'évidence des séquences… Même la dernière image, qu'on pourrait appeler La colline a ENCORE des yeux, est forcément prévisible…Et puis le côté politiquement correct (méchants Pouvoirs publics, méchants expérimentateurs du nucléaire, gentils mineurs mutants poussés à l'immondice de leur condition par la vilaine Société) m'exaspère de plus en plus ; c'est comme ces Origines du mal où l'on explique la délicieuse folie d'Hannibal Lecter par le contact avec des tortionnaires nazis…
Pour clôturer ce chapitre, je souhaitais ajouter un mot à mon message sur le film, pour remarquer l'extrême qualité et le caractère angoissant des sons, eux-mêmes facteurs d'effroi.
Ainsi lorsque Big Bob (Ted Levine), après l'accident suscité par la famille mutante revient, pour chercher du secours, dans la vieille station-service y a-t-il autour de lui tout un capharnaüm de bruits étranges et de voix… : avec les silhouettes qui passent en un clin d'œil sur l'écran, nous avertissant, nous, spectateurs de l'imminence du danger sans que nous puissions bien l'identifier, ces frissons glaçants sont autrement plus terrifiants que les inutiles cruautés gore de la fin…
Excellent film, avec une narration qui débute pianissimo et qui va crescendo dans l'angoisse et la terreur.
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