Bien évidemment ce film sortira en DVD le moment venu… et commercialement parlant on peut espérer qu'il intégrera (si la version collector est retenue) des chansons et des interviews d'Edith PIAF (le problème des droits d'auteur étant réglé par ailleurs !)… Je reviens donc du Kinépolis où une foule silencieuse s'est laissée emportée pendant 2H20 par le récit d'une vie, somme toute presque banale… mais dont le fil conducteur est cet amour du chant ; sentiment viscéral qui primera même l'amour humain… Le montage (sous forme de flash-back) nous fait comprendre que depuis son enfance Edith ne sait que "chanter"… dans les rues, dans des bouges, à l'Olympia !… Il suffit pour s'en rendre compte, de la voir quasi mourrante les dernières années de sa vie, insulter son entourage (qui voulait la préserver) afin de pouvoir se traîner sur la scène… Tourner ce film sous forme de biographie chronologique aurait été une erreur… le ryhme vient de lui-même par le souvenir de certaines situations plus ou moins dramatiques ; le tout mis en valeur par des extraits musicaux choisis sous forme de voix "off"… Certains reprocheront que les souvenirs évoqués n'aient pas été exhaustifs… pas d'évocation d'Yves MONTAND, de Charles AZNAVOUR, etc… Il fallait faire un choix et celui-ci s'est porté tout naturellement sur son grand amour : Marcel CERDAN… Les moments d'intimité entre ces 2 êtres, apparemment dissemblables, sont présentés comme des séquences d'apaisement bénéfiques à l'équilibre précaire d'Edith… Venons-en à l'interprétation… Si Helen MIRREN est "Elizabeth", Marion COTILLARD est "Piaf"… et cela à tous les instants de la vie de la chanteuse… On rit devant sa gouaille juvénile, on s'emporte avec elle devant ses choix de chanteuse adulée, on pleure devant la déchéance des derniers instants… J'ai ressenti pareilles impressions dans le film "The ROSE" avec Bette MIDLER interprétant la vie tourmentée de Janis JOPLIN… C'est avec leurs tripes que leur carrière s'est faite… ce qui explique la grande vulnérabilité sentimentale… Les rôles secondaires sont exempts de toute critique… Citons principalement Emmanuelle SEIGNER dans le rôle de TITINE… Une très belle prestation !… Que de chemin parcouru en peu d'années par la jeune Marion COTILLARD… Rappelons le César de la "Meilleure actrice" pour un second rôle dans "Un long dimanche de fiançailles"… Gageons qu'elle n'en restera pas là…

Marion Cotillard, que de chemin parcouru depuis Taxi. Je ne vous connais qu'à travers ce rôle dans une comédie. Mais dans la môme, quelle explosion. Je ne suis pas fan de Piaf, mais votre interprétation est fabuleuse. Je ne suis pas critique d'art, mais il y a peu d'oeuvre qui m'ont autant bouleversé. Quel bonheur à la fin du film malgré son côté tragique. Nous étions(ma femme et moi) abasourdis par la vie tumultueuse d'Edith Piaf si bien rendue par vous. Nous ne savions plus si nous étions sous le coup de l'émotion en ayant découvert sa vie bouleversée ou de l'émotion de votre interprétation sublime. Vous disiez dans un interview que l'on ne ressort pas indemne d'un rôle comme celui-là ; je veux bien le croire. Cela doit être perturbant de se sentir vivre dans la peau d'un autre personnage, d'essayer de ressentir ses troubles, ses joies, ses doutes, ses tristesses. Mais quel film!!

Merci Marion (si je peux me permettre) de ce moment inoubliable. En plus le jour de la St Valentin, nous n'oublierons pas!!! Merci!!Merci!!Merci!!

Je vais me montrer un peu plus réticent que les précédents intervenants, même si je concède, que pour un film français, La môme s'élève au-dessus du lot : soin apporté à l'image, à la bande-son, aux enchaînements, de beaux effets de montage, que des choses habituellement snobées par le cinéma hexagonal… Ceci dit, La môme pèche par son scénario incroyablement léger et dénué de moments forts, et dont la construction en puzzle n'est jamais justifiée, les scènes décrites passé-présent, ne se répondant jamais, et rendant même parfois le spectacle confus. La môme apparaît comme un "digest" arbitraire de la vie de Piaf, occultant des événements et des individus, et traitant de façon superficielle d'autres moments (la liaison avec Cerdan, véritable carte postale animée, mieux jouée mais pas plus approfondie dans que dans le Edith et Marcel de Lelouch, de sinistre mémoire).

Le véritable centre d'intérêt du film, c'est la prestation de Marion Cotillard, véritablement étonnante dans le sens qu'elle tient davantage de l'imitation que de l'incarnation. Par instants, la ressemblance physique et vocale est impressionnante, à d'autres on sent le travail d'observation (les séquences sur scène). Val Kilmer dans The doors ou Jamie Foxx dans Ray devenaient littéralement leurs personnages. Cotillard imite Piaf de façon mimétique, sans jamais vraiment réussir à s'y fondre totalement. A ses côtés, Testud est excellente, Depardieu anesthésié, Allégret très bien en maquerelle.

La môme est une réussite esthétique, qui aurait nécessité un vrai point de vue sur la vie de la chanteuse, avec moins de pittoresque, et plus de colonne vertébrale. Le film se laisse voir sans déplaisir, avec même quelques moments puissants (la fin de vie de Piaf, l'annonce de la mort de Cerdan) et donne espoir dans un cinéma français plus ambitieux et mieux pensé. Il n'y a pas que Besson et Krawczyk dans la vie !

Je pense qu'il est de très mauvais goût de faire découvrir à certains des artistes sous les traits d'acteurs ne leur ressemblant que de loin. Ayant bientôt la cinquantaine et ayant beaucoup lu la presse plus ou moins people, je trouve que les artistes d'aujourd'hui, même avec tout leur bon vouloir, ne peuvent arriver à interpréter correctement le rôle des artistes d'hier.

Pour exemple, Marion Cotillard dans La môme. Ce film n'est pas très à mon goût, car on ne retrouve pas du tout le véritable genre de gouailleuse d'Edith Piaf. Bon, c'est normal, cette actrice n'est pas son clône et il est obligé d'y avoir des différences, mais quand-même. On ferait mieux de faire un bon documentaire complet sur les artistes eux-mêmes avec reportages et interviews plutôt que de les faire jouer par d'autres. Bien sûr, ce n'est pas elle qui chante et cela va de soit.

Quoique moi, je n'ai jamais été attiré par cette chanteuse, mais je reconnais qu'elle avait un style, qui pour ceux qui l'aimaient était à respecter. Cela me fait aussi penser au film Podium, comment peut-on trouver une ressemblance entre cet acteur maussade et notre regretté Cloclo ?

Pour ce qui est de la vie privée des stars, il est sûr qu'on en apprend tous les jours. Remarquez qu'aujourd'hui même les politiques se la jouent plus ou moins people. Je pense d'ailleurs que nombre de stars ont eu au cours de leur vie une sexualité refoulée et inconnue du public de peur de ternir une image glamour.

Je partage globalement l'avis de PM Jarriq. Le film est bien filmé, se suit sans déplaisir, mais il y manque un point de vue, une prise de recul par rapport au sujet, des nuances de scénario modulant un caractère mélodramatique répétitif. Autre reproche : la succession de personnages illustres tous très sérieux, donnant à l'ensemble des allures d'encyclopédie un peu pompeuse. Jusqu'aux voitures qui se suivent sagement dans la rue, pare-choc contre pare-choc… Il manque globalement dans La môme la spontanéité, la vie sous toutes ses formes que l'on a pu trouver sur des sujets semblables chez Renoir, Ophüls, ou Jacques Becker.