Pour autant, doit-on faire la fine bouche sur les dialogues parfois inutilement à rallonge ou quelques petites facilités scénaristiques ou tenter de replacer, même à chaud, le film dans la continuité des deux autres (et d’Animatrix) et dans sa valeur intrinsèque ? les deux, mon général, bien sûr. On peut sourire devant certaines scènes « prévisibles » et à l’inverse retenir son souffle sur les séquences époustouflantes, à la fois par leur puissance et par leur impecca-ble qualité technique. Sur ce dernier point, reconnaissons que les trucages, même si on sait par avance qu’ils sont dus principalement à la formidable maîtrise des spécialistes de l’image de synthèse, sont d’une qualité proche de la perfection. Les machines et les personnages s’intègrent de manière impeccable dans les décors. On sent le plaisir et l’aisance des différents intervenants techniques. Du coté de l’histoire, on continue à apprendre énormément de choses sur cet incroyable univers tout en ayant l’impression de le connaître déjà par cœur. Les suppositions que l’on pouvait tirer du second épisode sont bien sûres en partie balayées par le scénario qui d’emblée ne cache rien de sa tonalité mortifère.
A la sortie, on pense à Final Fantasy, à Dark City, à l’Incal, aux cycles fantastiques d’Asimov avec ses robots et à Dan Simmons, entre autres références. On s’amuse à se dire que certains passages rendent à présent très concret ce que donnera par exemple Dragon Ball en live, ou bien encore on sourit aux renvois clins d’œil des combats et de certaines scènes en direction du premier et du second épisode, comme un jeu de ricochets qui indiquent contre toute attente que ce troisième conclut bien les deux premiers. On s’exclame enfin du génie incommensurable des deux frères Wachowsky qui ont su rendre concret et cohérent cette spectaculaire saga, avec ses personnages emblématiques, ses délires théologiques et ses hommages innombrables présentés avec tout à la fois un respect sincère et une authentique ambition de dépasser les aînés.Oh, Matrix sera sans doute moquée dans quelques années. On plaisantera sur les dialogues le plus souvent monocordes et chuchotés, on rigolera des scènes de poursuite (à mon sens les plus ratées) où Morpheus et Trinity allongent la foulée pour attraper des proies souvent bien moins véloces qu’eux sans parvenir à les attraper. On reprendra les mimiques sévères de l’agent Smith, les poses de combat avec invitation des doigts provocatrices de Néo et de Morpheus, on poussera des hurlements sauvages dans la nuit en rêvant d’affronter des milliers de pieuvres volantes aux commandes d’un robot de combat façon Aliens. Bref, on prouvera que les frères Wachowsky ont atteint le but de leur œuvre (car c’en est une incontestablement, de la même manière que Star Wars est l’œuvre de Georges Lucas), c’est à dire entrer au Panthéon de ces références incontournables, inamovibles et sans doute avant longtemps indépassées.
Quel avenir pour eux ? Bonne question mais faisons leur confiance pour nous montrer d’autres cordes à leur arc. Contentons nous donc du présent. Ils sont sans conteste les metteurs en scène de SF les plus talentueux depuis 25 ans. Et rien que pour ça, je leur dis « Bravo et merci du fond du cœur » comme j’ai pu le dire à Tolkien, à David Eddings, à Barjavel et à tous ceux qui me font croire que la créativité n’est pas encore morte sous l’avilissement mercantile des agents Smith patrons des grands Studios hollywoodiens… Terminons enfin sur les gestes des deux frères de ne jamais s’exposer dans les médias et de laisser leurs œuvres parler pour eux, ne sont pas les moins élégants dans leur comportement. D’autres avec moins de talent et davantage d’ego nous ont quand même pondu une paire d’Independance Day ou de Pearl Harbor. Ce qui n’est pas là aussi sans importance.Bon, OK… Néo se sacrifie pour l'Humanité comme le Christ. OK, le concept même de la trilogie était très malin et imaginatif. Mais il y a quelque chose qui m'a toujours gêné dans ces films, c'est le manque total d'idées nouvelles, une fois que les protagonistes s'affrontent dans l'univers virtuel. Même s'il peuvent sauter en l'air, au ralenti, etc. au bout du compte, que font-ils réellement ? Ils se castagnent à coups de poings dans la gueule et se tirent dessus comme de simples gunfighters de Hongkong. Cela valait-il bien la peine de se projeter dans un monde "où tout est possible" pour en arriver là ? D'ailleurs, dans le n°3, la bagarre la plus prenante est celle située dans le monde "réel" où Néo perd la vue.
Bien sûr qu'on moquera des "Matrix", car toutes ces poses, ces tenues de cuir, ces lunettes à la Blues Brothers cachent en vérité… pas grand chose. Ce qui est parfaitement acceptable, d'ailleurs. A condition de ne pas se donner des allures de pamphlet philosophique. Maintenant qu'ils sont sortis de leur "grande oeuvre" j'aimerais bien voir ce que vont faire les frères W. J'avais bien aimé leur "Bound"…
mouai,mouai…bien qu'étant meilleur que le 2ème ce dernier épisode m'a tout de même décu quelque part.Dommage car ces deux suites un peu loupées gache la série et font ombre au premier de manière décevante.Quel gachis que tout ceci!
Dans le numéro 2, Matrix reloaded, il y avait, au moins une longue scène de bravoure sur une autoroute où les acteurs se castagnaient en sautant au milieu et au dessus des voitures et des camions lancés à vive allure ; c'était beaucoup trop long mais on avait son content de scènes acrobatiques parfaitement filmées. Et comme nous avons tous en tête le cauchemar de ce que nous pourrions être, pauvres malheureux humains, lancés dans pareilles circonstances, nous arrivions à frémir : il faut toujours un minimum d'identification aux personnages pour partager leurs émotions. Dans n°3, Matrix revolutions, la scène de bravoure – mais qui dure bien trois quarts d'heure, ce qui est une performance réelle, mais profondément ennuyeuse – se passe dans les profondeurs de la cité terrestre de Zion, attaquée par les machines.
Je défie quiconque de comprendre avec précision les différents épisodes de cette attaque, faite de brouhaha, d'explosions, de bourdonnements, et de tout le bataclan. Je sais bien que Fabrice del Dongo, dans La chartreuse de Parme ne comprend, lui aussi, que couic à ce qui se passe sur le champ de bataille de Waterloo, perdu entre charges, escarmouches et contre-charges. Mais enfin, les Wachowski ne sont pas tout à fait Stendhal et leur film n'est guère bâti que sur ces séismes visuels et sonores. Je sais aussi que les sous du producteur, si considérables qu'ils étaient, devaient être employés avec un vrai sens de la rentabilité et qu'il aurait été de mauvaise pratique de n'employer les spectaculaires pieuvres métalliques que dans trois ou quatre minutes ; là on en a son content et même sa saturation. On applaudit lorsqu'elles forment un nuage comparable à ce qu'aurait été une vertigineuse nuée de chauves-souris apparentées à notre vieux camarade Dracula, mais on a vite épuisé l'intérêt du procédé. Que dire de la stupidité infinie du scénario, de sa nullité intellectuelle ? On est affligé pour les collégiens et les lycéens qui ont pu se laisser impressionner par ce pathos grotesque corseté dans des tirades que je n'ai pas eu le courage de relever pour en reproduire l'inanité… Disons que le film, dans ses dernières images, se montre tel qu'il est : un chromo de soleil levant sur un paysage de tours ; c'est vert, rose, violet, bleu, jaune : on croirait voir une de ces aquarelles que des ateliers chinois produisent en quantité industrielle pour être vendues place du Tertre à Montmartre à des générations de gogos satisfaits.Bon. Jai fini la trilogie Matrix. Maintenant je vais regarder du cinéma.
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