Forum - Le Dernier caravansérail - Avis très partial !
Accueil
Forum : Le Dernier caravansérail

Sujet : Avis très partial !


De droudrou, le 1er janvier 2007 à 20:40
Note du film : 6/6

En ce premier jour de l'an 2007, je me permets d'aborder un sujet dérangeant pour nous tous qui sommes "bien".

Nous venons de regarder la première partie de l'oeuvre de Ariane Mnouchkine. Si nous avons eu droit à Intolérance de Griffith, je me permettrai d'ajouter qu'aujourd'hui, nous avons le film de Mnouchkine qui nous décrit une intolérance très spécifique à notre époque, un phénomène qui marque tout à la fois la fin et le début d'un millénaire.

Le "film" qui utilise un décor très simple s'ouvre sur la traversée d'un torrent gonflé par les eaux. Les réfugiés ont payé très cher pour passer de l'autre côté. Ils ont bravé tous les dangers de la même façon que le passeur brave lui-aussi tous les dangers pour pouvoir les emmener vers "la liberté", sauf qu'il fait cela pour vivre et que la misère humaine permet de vivre bien souvent avantageusement…

On suit divers personnages, gens qui fuient les régimes Islamistes totalitaires et gens qui fuient la misère de leur pays "miséreux" qui a pu les entraîner dans des guerres odieuses où le solde est une médaille mais où l'on se fiche éperduement des conditions de vie de l'Homme (et de la femme).

Ces laissés-pour-comptes "atterrissent" (si le mot peut être employé) à Sangatte près de Calais, dans ce camp de réfugiés qui, depuis, a été fermé, laissant là à "l'abandon" une population qui fait partie des "parias de la terre".

Le film de Mnouchkine nous conte ces vies, sans fioriture, dans toute la dureté de la misère qui les accable.

Je suis d'origine calaisienne et ai vu sur place ce que c'est que cette misère. Imaginez l'été, des familles entières qui dorment à la belle étoile quand il fait beau. Quand il pleut, où peuvent-ils se réfugier ? Et quand il fait froid, où sont les femmes et les enfants quand les maris essayent de tromper vaille-que-vaille l'ennui, l'attente intolérable pour passer de l'autre côté, vers une vie meilleure ? Que de risques pris dans le tunnel qui relie la France à l'Angleterre pour passer de l'autre côté du Channel ! Les accidents mortels ne se comptent pas. L'humanité n'existe pas, n'existe plus.

Et dans tout cela, il y a l'ordre. Seules les organisations charitatives peuvent apporter un peu de nourriture à ces laissés-pour-compte. Le particulier sous risque d'amende ne peut leur donner un peu de nourriture. Quand on pense à l'ambiance d'un film comme Soleil Vert, imaginez en pis ce que vous voyez : des forces de répression omni-présentes. En face de l'appartement qu'occupait ma tante, nous avons assisté à un incident. Imaginez les forces de l'ordre à cinq contre deux malheureux qui ne demandaient rien, qui déambulaient dans les rues pour tuer le temps… Eh bien oui ! Les assassins du temps, on les arrête ! On les enferme !

Aussi dur soit le film de Mnouchkine, si on n'y prend garde dans le climat actuel dans lequel imperceptiblement nous avons glissé et nous continuons de glisser est notre lendemain d'humanité…

Dire s'il fallait fermer le centre d'accueil de Sangatte, c'est une décision politique quant à laquelle nous ne disposons pas d'informations suffisantes. Par contre, le résultat est là du point de vue humain : des gens errent et continuent d'errer dans la nature, dans des coins où, gamin, nous allions jouer et où notre vision du monde n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui.

N'en déplaise.


Répondre

De vincentp, le 1er janvier 2007 à 23:20

J'ai eu la chance de voir ce spectacle au théatre de la cartoucherie, à Vincennes. Six heures environ de grand spectacle théatral, avec une entracte restauration elle-même mise en scène. Le fond du sujet, parfaitement respectable et courageux, ne m'avait toutefois pas ému : désolé Droudrou, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, et il faut aussi comprendre que des lois coercitives soient appliquées par les autorités pour favoriser la réussite de l'immigration légale. Vaste débat.

En tous cas, la mise en scène de la pièce, et globalement les décors, costumes, la musique (superbe), et les comédiens, étaient formidables. Un grand souvenir de spectateur (peut-être égoïste…).


Répondre

De droudrou, le 2 janvier 2007 à 08:39
Note du film : 6/6

Non, Vincentp ! C'est un grand souvenir tout simplement. Les spectacles de Mnouchkine ne laissent jamais insensibles et quels que soient les sujets traités.

Dans ce que tu dis, je ne te reproche rien. C'est un point de vue. J'exprimais simplement ce que le spectacle de Mnouchkine m'évoquait dans la mesure où je connais parfaitement le coin et d'une expérience visuelle vécue.

C'est un grave problème qui existe globalement depuis longtemps, très longtemps historiquement. Il continuera encore longtemps, hélas dans la mesure où notre civilisation ne peut soudainement s'arrêter et où l'homme est l'homme avec ce qui est controlable et ce qui ne l'est pas et que l'on découvre brutalement.


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0018 s. - 5 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter