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Sujet : Une épopée moderne.


De verdun, le 27 décembre 2006 à 20:31
Note du film : 5/6

Sorti en 1960, Exodus marque un tournant dans la carrière de Preminger. Il ouvre une période au cours de laquelle le cinéaste dirige de très grosses productions: Exodus donc, mais aussi Tempête à Washington -sans doute son chef-d'oeuvre-, Le cardinal et Première victoire. Des oeuvres qui sont des films choraux, mettant en scène de nombreux personnages et annoncent ainsi les réussites tardives de Altman

Ces oeuvres ont connu un destin contrasté. Parfois on a célébré à juste titre le génie de la mise en scène que Preminger déployait dans ces films et la puissance de son regard. Mais d'autres spectateurs ont déploré la disparition du Preminger intimiste dans ces lourdes machines hollywoodiennes, sans voir que ces superproductions recelaient de grands moments d'intimisme..

Exodus n'échappe pas à cette critique mitigée. Pis, il s'agit ici de nous parler d'un sujet les moins consensuels: la naissance d'Israël et les problèmes qui l'ont accopagnée.

On peut ainsi faire des reproches à Preminger. A commencer par le peu de place faite aux Arabes modérés, malgré le magnifique personnage joué par John Derek. Certains clichés feront sourire, notamment dans la romance entre Paul Newman et Eva Marie-Saint. Autre caricature bien pénible, le général extrémiste nazi grand-guignolesque. Mais les personnages ne manquent pas de grandeur, celui d'Eva Marie-Saint n'illustre t-il pas encore notre impuissance face à ce conflit qui dure toujours ? Et la faillite de l'administration britannique, responsable de bien des errements au Proche-Orient est également bien rendue..

Pourtant,les traits de génie l'emportent. A commencer par la magnifique musique de Ernest Gold, qui fut à juste titre un "hit". La mise en scène fait des prodiges, que ce soit dans la fluidité des mouvements de caméra,la maîtrise perpétuelle de l'espace, ou dans le montage exemplaire de la séquence de l'attaque de la prison, admirable moceau de bravoure.

Par conséquent, ce film passionnant, forcément partial et favorable à Israël, mérite mieux que l'oubli dans lequel il semble tombé aujourd'hui. On peut contester l'aspect politique ,mais admirer le ton romanesque et l'humanisme de l'oeuvre. Dommage que le dvd soit aussi déplorable (pas de 16/9°,etc..) comme celui proposé en zone 2 pour Le Cardinal d'ailleurs…


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De droudrou, le 29 décembre 2006 à 14:39
Note du film : 6/6

J'avais l'intention depuis quelques temps déjà d'intervenir sur le forum à propos d'Exodus. Verdun me devance et ce n'est peut-être pas plus mal dans la mesure où il va me permettre de compléter son avis qui est intéressant.

Ma demande de réédition provient d'un DVD qui aurait pu être complété d'informations semblables à celles qui agrémentaient "Les Dossiers de l'Ecran" pour bénéficier d'un historique élargi…

Quand Verdun nous évoque divers titres de Otto Preminger et nous dit que Sorti en 1960, Exodus marque un tournant dans la carrière de Preminger. Il ouvre une période au cours de laquelle le cinéaste dirige de très grosses productions: Exodus donc, mais aussi Tempête à Washington -sans doute son chef-d'oeuvre-, Le cardinal et Première victoire. Des oeuvres qui sont des films choraux, mettant en scène de nombreux personnages et annoncent ainsi les réussites tardives de Altman.

Ces oeuvres ont connu un destin contrasté. Parfois on a célébré à juste titre le génie de la mise en scène que Preminger déployait dans ces films et la puissance de son regard. Mais d'autres spectateurs ont déploré la disparition du Preminger intimiste dans ces lourdes machines hollywoodiennes, sans voir que ces superproductions recelaient de grands moments d'intimisme…

Exodus n'échappe pas à cette critique mitigée. Pis, il s'agit ici de nous parler d'un sujet les moins consensuels: la naissance d'Israël et les problèmes qui l'ont accompagnée.

Je vais donc compléter cette information. Exodus est l'adaptation d'un best-seller américain écrit par Léon Uris. Après le succès de son best-seller Battle Cry adapté au cinéma par l'auteur lui-même et mis en scène par Raoul Walsh, l'écrivain juif-américain s'est attaqué à trois grands sujets contemporains, tous devenus best-sellers.

Le premier est « Exodus » et s'attache à raconter la naissance d'Israël. Le second est « Mila 18 » qui évoque l'insurrection du ghetto de Varsovie et le dernier « Armageddon » qui nous raconte l'arrivée des troupes américaines dans l'Allemagne nazie, leurs premières rencontres avec leurs alliés russes avant d'aboutir au « Pont aérien de Berlin » en 1947. Ces trois ouvrages peuvent être considérés comme la trilogie de leur auteur sur un sujet qu'il a parfaitement bien mené. Les œuvres qui ont suivi ne sont plus de la même qualité. Pour le lecteur d'aujourd'hui, l'ordre de lecture à respecter est le suivant : « Mila 18 » « Exodus » et « Armageddon ». « QB 7 » qui paraîtra par la suite est beaucoup plus consacré aux criminels de guerre nazis. L'adaptation en téléfilm est de qualité.

Ce qui est intéressant c'est de noter cette démarche qui caractérise Preminger et Uris d'aborder toute une suite de grands sujets bien spécifiques aux caractères politico-historiques et religieux. D'autre part, puisque nous sommes sur DVD-Toile, il n'est pas possible d'individualiser la vision d'Exodus sans avoir vu ou revu Lawrence d'Arabie qui préfigure une politique au Moyen-Orient dont on verra les aboutissements avec l'arrivée des immigrants sionistes, La Porte du soleil de Yousry Nasrallah qui narre les misères du peuple Palestinien mais auquel il manque à la fois un souffle réel et un cadre pour pouvoir être classé de façon aisée, La liste de Schindler de Steven Spielberg qui nous évoque le devenir de ces gens internés dans les camps de concentration et qui ont été réquisitionnés pour faire tourner la machine de guerre Nazie, éléments qui, dans le best-seller français de Jonathan Littell, sont admirablement décrits et Donnez-moi dix hommes désespérés de Pierre Zimmer consacré à la création d'un Kibboutz et qui n'a bénéficié que d'un intérêt mitigé du public. Je laisserai de côté le film L'ombre d'un géant de Melville Shavelson pour lequel j'éprouve quelques difficultés d'approche…

D'abord, je trouve géniale l'approche du scénariste Dalton Trumbo, auteur et scénariste auquel on doit la nouvelle et le film Johnny got his gun et qui a écrit l'adaptation du roman d'Howard Fast Spartacus (1960) mis en scène par Stanley Kubrick. Quand on sait que Trumbo a fait l'objet de la chasse aux sorcières, typique d'une certaine époque qui a caractérisé Hollywood, on ne peut reprocher son choix à Preminger. La fresque écrite par Uris est à la fois très dense et très vaste et confond différents aspects historiques, politiques et humains qui ont marqué toute une époque dont le résultat a conduit à la fondation de l'Etat d'Israël. Il y a des moments du film où on s'y croirait réellement.

Ce qui permet à Verdun de dire : La mise en scène fait des prodiges, que ce soit dans la fluidité des mouvements de caméra,la maîtrise perpétuelle de l'espace, ou dans le montage exemplaire de la séquence de l'attaque de la prison, admirable morceau de bravoure. Le côté anti-britannique développé par Léon Uris tout au long de son roman apparaît différemment mais immédiatement dans toutes sa violence dès les premières images du film quand Dov Landau tente de s'échapper et, à diverses reprises, on sera confronté à ces aspects qui ont été caractéristiques de l'occupation et de la politique Anglaise au Moyen-Orient. A vouloir par trop préserver leurs intérêts, les Anglais pratiquaient une politique à géométrie variable dont les résultats n'ont conduit qu'à d'autres bains de sang et à recréer l'univers concentrationnaire qui avait caractérisé la vie des nombreux réfugiés. Le montage des scènes n'est pas sans rappeler celui de Spartacus.

Verdun nous dit encore : On peut ainsi faire des reproches à Preminger. A commencer par le peu de place faite aux Arabes modérés, malgré le magnifique personnage joué par John Derek (Taha ami de Ari Ben Canaan). Certains clichés feront sourire, notamment dans la romance entre Paul Newman et Eva Marie-Saint. Autre caricature bien pénible, le général extrémiste nazi grandguignolesque. Mais les personnages ne manquent pas de grandeur, celui d'Eva Marie-Saint n'illustre t-il pas encore notre impuissance face à ce conflit qui dure toujours ? Et la faillite de l'administration britannique, responsable de bien des errements au Proche-Orient est également bien rendue…

Sur ce sujet, pour moi qui ai lu et relu le roman et vu je ne sais combien de fois ce film avec lequel j'avais éprouvé quelques difficultés à lier à sa première vision, je pense qu'il ne serait pas inutile que je complète l'information.

Au moment de la sortie de Exodus on se trouve confronté à une période très riche d'un cinéma à thèse où on retrouve au générique toute une série d'acteurs dans des rôles assez semblables. Mieux, au niveau des films de Otto Preminger on les retrouve régulièrement. La particularité est de noter l'importance du lien qui existe entre Hollywood et le pouvoir politique et, par conséquent, aussi, de ne pas nuire à l'image de l'homme politique. Ainsi, Peter Lawford qui joue le rôle de Freddy Caldwell, l'attaché du général Bruce Sutherland, est le beau-frère du président Kennedy. Si on prend le film, Caldwell est un doux hurluberlu quand dans le roman de Uris, il est une véritable saloperie…

En ce qui concerne la romance entre Ari Ben Canaan et Kitty Fremont, Verdun semble oublier un des traits caractéristiques du romanesque des best-sellers de l'époque. C'est d'ailleurs ce point qui me permet d'avoir une vision toute autre du film Pearl Harbor en sachant que les personnages sont là pour justifier le déroulement de points particuliers du récit (l'infirmière qui permet de comprendre cette crise d'affluence soudaine de blessés et moribonds…). En tant qu'infirmière, Kitty Fremont ira de Caraolos à bord de l'Exodus puis à Gan Dafna mais sa romance avec Ari n'est pas tout à fait celle du roman. Au sens des héros et héroïnes de l'œuvre de Léon Uris, les mêmes personnages vivent un destin beaucoup plus tragique que l'adaptation que nous connaissons dans le film. Il en va de même d'ailleurs pour Taha, l'ami d'Ari, nettement moins nuancé dans le roman et plus conforme à l'image de l'acteur John Derek dans le film.

Dire que le général extrémiste nazi du film est grandguignolesque c'est oublier certains aspects des personnages que nous retrouvons dans les œuvres citées par Verdun et mises en scène par Preminger, d'Exodus à Première Victoire, de Tempête à Washington à Le Cardinal. Mais c'est aussi ce qui en fait « un certain charme » que l'on serait déçu de ne pas retrouver de film en film.

En ce qui concerne la tragédie de l' « Exodus », l'adaptation de Trumbo est excellente. Le roman nous parle de 300 gamins, garçons et filles, transportés à bord d'un caboteur qui vit ses derniers instants. Le film nous évoque 700 personnes, hommes, femmes, enfants de tous âges transportés dans des conditions très difficiles à bord de bailles usées dont on a tiré les dernières forces pour les conduire jusque la Palestine, aménagées vaille que vaille pour offrir un semblant de confort à des passagers qui s'y entassaient les uns sur les autres. La tragédie de l' « Exodus » n'est pas unique. Elle a été caractérisée par diverses tentatives aux équipées plus ou moins heureuses. Le film ne précise pas le rôle joué alors par la diplomatie française déployée au niveau des réfugiés.

Je ne sais si Verdun a visionné la même version que moi en DVD. Et par conséquent, pour ceux qui auront vu ou verront cette version, j'apporterai quelques détails qui me paraissent opportuns : le film de Preminger, version cinéma, était tronqué de diverses scènes. La version d'origine représente un film de 3 h 30. Le DVD dure 3 h 20. Il rétablit, entre autres, un certain nombre de scènes qui se déroulent à Gan Dafna et explicitent nettement mieux les rapports entre Kitty Fremont Eva Marie Saint, Jordana Alexandra Stewart, la sœur d'Ari Ben Canaan et Dafna, la sabra avec qui Ari Ben Canaan Paul Newman avait connu ses premières amours et dont la statue au centre du camp, brandissant une arme, est un défi au nom de la liberté.

Au niveau des minutes manquantes du DVD, par rapport aux documents photographiques que j'ai pu compiler au hasard de mes lectures, elles n'ont qu'une importance relative : elles illustrent la bluette tragique entre Dov Landau et Karen Clement-Hansen.

Pourtant, les traits de génie l'emportent. A commencer par la magnifique musique de Ernest Gold, qui fut à juste titre un "hit". Et qui prend dès les premiers instants d'un générique conçu par Saul Bass. La contribution de Saul Bass aux génériques des grands films américains est exemplaire. Saul Bass c'est un style bien particulier parfaitement identifiable. On lui doit, entre autres, les génériques de Le Cardinal Première Victoire Spartacus Un monde fou, fou, fou, fou La mort aux trousses Carmen Jones et bien d'autres tout aussi remarquables.

Parmi ces autres traits de génie, je citerai surtout le final grandiose (que l'on peut contester) des derniers instants du film quand chacun se retrouve autour de la tombe où vont reposer Karen et Taha, que Ari Ben Canaan prononce ces quelques mots pleins d'espoirs qui auraient dû caractériser la création de l'Etat d'Israël et les rapports entre Juifs et Palestiniens et ces mêmes images suivies du défilé des camions qui emportent les uns et les autres vers leur destin. A 2000 ans, je retrouve les dernières images de « Spartacus » : Varinia Jean Simmons emmenant à bord de la charrette conduite par Lentulus Batiatus Peter Ustinov le fils de Spartacus vers un destin meilleur que celui de son père Kirk Douglas vivant ses derniers instants sur la croix…

Autres moments importants du film : les instants où les Nations Unies se prononcent en faveur de la création de l'Etat d'Israël. (La figuration au niveau de ces instants est particulièrement nombreuse devant les dirigeants « israéliens » dont Ben Gourion et Golda Meir tandis que Barak Ben Canaan annonce les résultats du vote. J'ajouterai que l'odyssée vécue par les 2 frères Rabinov devenus respectivement Barak et Akiba Ben Canaan à elle seule ferait un film.) et l'évacuation la nuit des gamins du kibboutz.

Par conséquent, – comme le dit très justement Verdun – ce film passionnant, forcément partial et favorable à Israël, mérite mieux que l'oubli dans lequel il semble tombé aujourd'hui. On peut contester l'aspect politique, mais admirer le ton romanesque et l'humanisme de l'oeuvre. Dommage que le DVD soit aussi déplorable (pas de 16/9°,etc..) comme celui proposé en zone 2 pour Le Cardinal d'ailleurs…

Je terminerai mon intervention en recommandant à tout un chacun que le sujet peut intéresser, de compléter la vision du film par la lecture du roman de Léon Uris qui se trouve très facilement dans les bouquineries ainsi que la lecture du livre de Dominique Lapierre et Larry Collins « Ô Jérusalem ». Sur la tragédie de l'Exodus, si vous disposez de l'Encyclopaedia Universalis, tapez « Exodus » en moteur de recherches et n'hésitez pas à élargir votre recherche aux autres œuvres que j'ai pu évoquer dans cette longue critique du film.


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De droudrou, le 29 décembre 2006 à 15:35
Note du film : 6/6

J'ai trouvé sur DVDClassic ces quelques lignes qui renferment toute la philosophie du film et qui ne pourra être tenue, hélas !

"Voici Taha, Mukhtar d'Abi Yesha, et voici Karen, secrétaire du comité des chambres du bungalow 18 au camp de Gan Dafna. Nous n'avons pas de kadi pour prier pour l'âme de Taha et pas de rabbin pour prier pour Karen. Taha aurait dû vivre une longue vie, entouré de son peuple, près de ses fils. La mort aurait dû venir à lui comme une vieille compagne venant vous offrir le don du sommeil éternel. Au lieu de cela, elle lui est venue sous les traits d'un dément fanatique… Et Karen qui aimait tant la vie et la vivait avec la pureté de la flamme, pourquoi, pourquoi Dieu l'oublie-t-elle ? Pourquoi a-t-elle du être rattrapée si jeune par la mort, si seule et dans les ténèbres de la nuit ? Nous Juifs, entre tous, ne devrions pas être surpris lorsque la mort vient frapper près de nous. La folie du monde, le massacre de millions des nôtres, devraient nous y avoir accoutumés… Mais je ne m'y habitue pas… Je ne peux et ne veux m'y habituer ! Je vois ces deux corps inertes et ça me donne envie de hurler comme le chien hurle à la mort ! Crier au meurtre, pour que le monde entier m'entende et ne l'oublie jamais ! Quoi de plus juste que ces deux là reposent l'un à côté de l'autre, dans la même tombe… ils la partageront dans la paix… Les morts partagent toujours la terre en paix. Mais ça ne suffit pas ! C'est au tour des vivants maintenant ! A quelques kilomètres de nous des compagnons d'armes se battent et meurent. Nous nous devons de les rejoindre, mais avant, je jure, sur la dépouille de ces deux êtres, que le jour viendra où les Arabes et les Juifs partageront, dans une vie paisible, cette terre qu'ils ont toujours partagée dans la mort ! Taha, mon vieil ami et mon très cher frère ; Karen, enfant de lumière et fille d'Israël ; Shalom."

C'est sur cette déchirante oraison funèbre teintée d'un espoir qu'on aurait tant souhaité prophétique que se referme la plus belle et la plus noble sans doute des épopées cinématographiques contemporaines. Mais en 1960, la généreuse promesse tenue par Ari Ben Canaan (Paul Newman) tenait déjà de l'utopie."

oraison funèbre géniale qui ne figure pas dans le roman de Léon Uris et qui est le fruit du travail scénaristique commun réalisé par Dalton Trumbo et Otto Preminger images fortes qui concluent le roman la mort horrible de Caldwell… avant que le Général Sutterland ne prononce les derniers mots !… différence énorme entre le roman et le film !…


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De vincentp, le 10 août 2012 à 08:45
Note du film : 4/6

4,2/6. Maitrise de l'espace par Preminger : oui. La psychologie des militaires anglais, assez rigide et bureaucratique est crédible. Les aspects politiques de cette époque liée à la naissance de l'Etat d'Israel sont intéressants à appréhender via Exodus. Eva Marie-Saint compose une américaine un peu déphasée, mais sa romance avec Paul Newman ne tient pas. Certains éléments du scénario (le décès du médecin juif, par exemple) semblent forcer l'émotion du spectateur. C'est un film un peu bizarre au sujet duquel l'avis des spectateurs pourra être très varié. Certains trouveront l'ensemble long et indigeste, d'autres s'enthousiasmeront pour l'ambition du sujet et son traitement par Preminger et Dalton Trumbo. Je me situe entre ces deux points de vue.

Ci-dessous mes notes pour les films vus à ce jour de Preminger.

Chef d'œuvre : Tempête à Washington, Laura, Autopsie d'un meurtre
6/6 : Un si doux visage
5/6 : Bunny Lake a disparu, Le cardinal, Rivière sans retour, La lune était bleue, Mark Dixon, détective, Le Mystérieux docteur Korvo
4,5/6 : Sainte Jeanne,Carmen Jones
3/6 : The Human Factor, L'Homme au bras d'or


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De Impétueux, le 3 février 2020 à 14:11
Note du film : 3/6

Voilà un très gros film hollywoodien, très et trop copieux, qui, pendant plus de trois heures, essaye sans beaucoup de nuances de raconter un des événements majeurs du 20ème siècle, un de ces événements qui retentissent très largement sur le monde d'aujourd'hui : la création ex nihilo de l'État d'Israël. Très et trop copieux, c'est bien cela : un de ces gâteaux considérables plein de bonnes choses, du miel, des framboises, du caramel, de la chantilly qui satisfont nos gourmandises mais laissent la place à un peu trop de satiété ; c'est déjà ça : il n'y a pas d'écœurement. Mais en fait on sait depuis longtemps que qui trop embrasse, mal étreint et qu'à force d'empiler Pélion sur Ossa, comme les Géants de la mythologie grecque, on montre une ambition trop forte, démesurée à mes yeux.

Depuis sa sortie en 1961 sur les écrans français je n'avais pas revu Exodus. Je conservais le souvenir du thème musical d'Ernest Gold qui fut, d'ailleurs un immense succès, repris par un paquet d'interprètes, d'Édith Piaf aux Compagnons de la chanson. Mais ma mémoire était bien infidèle sur le reste : il me semblait que le seul récit du film était l'évasion de Chypre de quelques centaines de misérables Juifs européens décidés à rejoindre la Palestine où allait surgir, conformément à la Promesse Balfour de 1917, l'État d'Israël.

De fait, c'est bien là le premier tiers du film : Ari Ben Canaan (Paul Newman) parvient, par la ruse d'abord et le chantage à la grève de la faim ensuite, à faire rejoindre le Proche Orient par le vieux rafiot rouillé Exodus. Il y rencontre – concession évidente au romanesque hollywoodien – la délicieuse veuve Kitty Fremont (Eva Marie Saint) et il n'est pas besoin d'être bien malin pour deviner ce qui se passera plus tard entre eux. Cette partie là effleure sans beaucoup approfondir (à peine plus que dans la Manon de Clouzot) ce que fut le drame de ces réprouvés qui avaient tout perdu et espéraient surmonter les horreurs qu'ils avaient vécues sur la terre de leurs lointains ancêtres, mais aussi les réticences de la Grande-Bretagne à introduire dans la poudrière qu'a toujours été la Palestine un germe de déséquilibre. On ne peut pas dire, de ce strict point de vue, que les gouvernements de Sa Majesté britannique s'étaient mis le doigt dans l'œil.

Commence alors une tout autre histoire et je ne suis pas certain que mes 14 ans de l'époque en aient perçu toute l'importance. Bien sûr, il y a l'installation des réfugiés dans les kibboutzim, sortes de phalanstères agricoles où chacun paie de sa personne. Mais il y a aussi et surtout les développements de la lutte pour conquérir le statut d'État et mettre donc fin à la mainmise britannique sur le territoire, qui assure néanmoins une paix bien relative entre Juifs et Arabes.

Il ne faut pas s'attendre de la part d'Otto Preminger au respect de la vérité historique : ainsi, alors que le film est censé se dérouler dans les derniers mois de 1947 (le vote de l'assemblée générale de l'ONU, qui est mis en scène, intervient le 29 novembre), un des moments importants d'Exodus est l'attentat de l'hôtel King David qui fit 91 morts, mais qui eut lieu le 22 juillet 1946. Attentat fomenté par l'Irgoun, groupe violent né d’une scission de la Haganah, organisation militaire sioniste, jugée trop modérée. Dans le film le héros, Ari/Paul Newman est un des responsables de la Haganah, son oncle Akiva (David Opatoshu) le chef de l'Irgoun (en fait, Menahem Begin, l'homme des accords de Camp David avec Anouar El Sadate). Exodus, là-dessus, sur les divergences de points de vue, est bien sommaire.

Et la troisième orientation, plus sommairement décrite encore, est la réaction arabe au vote de l'ONU, marquée par de mutuels massacres, guerre civile qui débouchera, après la proclamation de l'État d'Israël, le 14 mai 1948, à une guerre avec l'Égypte, la Syrie, l'Irak, la Jordanie…

Comme le film a disposé de gros moyens et que Preminger n'est pas manchot, malgré l'excessive durée (en fait ce sont deux ou trois films qu'il aurait fallu consacrer à a période), Exodus se laisse voir. Mais condensant trop de matière, faisant un usage outré des aspects les plus romanesques du récit, il apparaît aujourd'hui comme assez boursouflé.

Et puis que dire de l'irénique conclusion : Un jour, Juifs et Arabes partageront cette terre dans une paix véritable. Comment faire tenir un litre et demi dans une bouteille d'un litre ?


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De droudrou, le 18 janvier à 08:32
Note du film : 6/6

conseils d'un cinéphile lisez le roman de Léon Uris voyez d'abord le film d'Otto Preminger faites suivre de L'ombre d'un Géant avec le regretté Kirk Douglas. avant de relayer par la série de Peter Kosminsky Le serment et malgré tout ce que l'on a pu en dire n'oubliez pas the black book. et s'il existait en DVD le film de Pierre Zimmer : Donnez-moi dix hommes désespérés


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