SPOILERS !!!!!!!!

D'emblée le personnage de Nicolas Cage renvoit immédiatement à la gallerie de héros solitaires et en marge qui pullulent l'oeuvre du réalisateur et qui apparait tellement personnel dans la caractérisation qu'il est difficile de nier Une position d'auteur à Ridley Scott. Et dans l'idéal, "Mashtick Men" serait le film d'entre-deux parfait, son "Catch me if You Can" d'office caractérisé, avec son héros qui semble là pour représenter le réalisateur sous la forme d'un arnaqueur (en lieu et place de l'ados qui vie mal la rupture fammilial, on a ici Roy, maniaque tocqué de la propreté).

Comme le Spielberg, on est loin de la perfection… Mais ici le couac vient plus du matériel scénaristique que d'une thématique lassante. Le twist en lui-mème se défend parfaitement (on est dans un film d'arnaque après-tout) et c'est lui qui est aussi pour beaucoups de l'émotion qui se dégage du film. On ne pourra que regretter qu'il soit difficilement crédible dans la remise en question… La mise en place du "coup" est un peu gros (Parier dés le départ sur des pillules tombés dans un évier? Un truc monté à la vas-vite?). C'est un peu ce fameux défaut qui est de parier sur l'handicape d'un personnage, et le film de Scott n'a pas une force Hitchcockienne dans la forme pour contrebalancer celà. Le genre se rattachant à la comédie "pincement au coeur" américaine assez classique, l'essentiel ne se trouve heureusement pas là.

La réalisation est un robinet de "coolitude"… Scott arrive à ne tomber dans aucun effet tape à l'oeuil, ce qu'il n'évitait pas dans "Thelma et Louise" par moments, par exemple. De fait "Les Associés" reste le film le plus humain du réalisateur, et ce qui le sauve aussi puisque Ridley a choisi l'optique des personnages sur celui de l'intrigue. La mise en scène du personnage de Roy, entre cloisonnement intérieur et découpage rythmé dans ses crises de maniaquerie est efficace et attachante. On ne rit jamais du personnage et on s'y attache immédiatement. On regrettera quand mème que la photo de John Mathieson soit si tristoun, son aspect terne empèche un peu de faire un vrai film d'embiance… Les morceaux de la B.O sont assez clichés également (si ce n'est un "More than this" qui fait son effet dans la scène du Bowling) Les passages dans l'aéroport aurait pu être plus visuels aussi, mème si le passage est mis en image assez vivement. Scott manque quand mème d'un petit quelque chose pour faire un vrai film de "mood".

Le reste de l'interprétation est une parfaite réussite, mais on regrettera quand mème que Rockwell soit un peu sous-exploité. Quoqu'il en soit, ce "Mashtick Men" est un joli morceau de tendresse et une escapade intéressante et originale pour son auteur. Le film dégage tellement de sympathie que mème sa dernière scéquence parvient à toucher, alors qu'elle est objectivement très raté.

Film sympa, oui, même si on se demande vraiment pourquoi Ridley Scott est allé y perdre son temps. N'a-t-il rien trouvé de plus original à faire ? Cage confirme qu'il est un comédien très limité et le film se suit grâce à l'énergie d'Alison Lohman qu'on n'a certainement pas fini de voir. Quant à la "chute", il faut n'avoir jamais vu de film d'arnaque pour être étonné.

C'est du spectacle aseptisé, très froid et systématique à l'image des décors et extérieurs très déshumanisés. Espérons que Scott n'a fait qu'une tentative et qu'il va retourner à un cinéma plus ambitieux où il est encore inégalé.

Cette jeune actrice était aussi exceptionnelle dans "White oleander", un film moyen, qui vaut le coup d'oeil pour elle seule.