Il y a un air de Kirikou dans cet Enfant qui voulait être un ours. On retrouve le même dépaysement (l’un se passait en Afrique, l’autre à l’opposé : le pôle Nord), le même regard mythologico-éthnographique (les deux jouent sur la fibre du conte) et surtout les deux mettent un enfant en premier plan (pas vraiment étonnant dans le domaine du dessin-animé pour enfants) dans un univers rempli non pas de violence mais de cruauté. Plusieurs scènes sont effets d’une étonnante dureté, que ce soit la mort du bébé ours, l’enlèvement ou bien encore la mort d’un des ours. Ce rapprochement n’est pas vraiment étonnant puisque les deux films ont été produit par la même personne : Didier Brunner à qui ont doit également Les triplettes de Belleville.

Même si L’Enfant est construit sur le même modèle que Kirikou, que le projet est peut-être, voire sûrement, un « coup » de producteur, eh bien tant mieux, et qu’il continue ! Quand le résultat est de cette qualité, on en redemande. Le scénario vogue sur une vague anti-disney pas évidente et qui consiste à continuer à s’adresser aux jeunes enfants sans les prendre pour des imbéciles, en osant affronter les sujets épineux (la mort, la violence, etc) sans tabou. Le film détient la vérité, celle qui sort de la bouche des enfants : directes, sans concession, ni censure.

A cette franchise, voire cette dureté, le réalisateur Jannik Hastrup propose un visuel tout à l’opposé : très doux dans les formes tout en courbes, très doux également dans les couleurs bleutées et dans l’animation. Le travail est sublime, voire bluffant.

Toutefois, on mettra un gros bé-mol à ce travail qui frôle le parfait. Certains passages – tous les plans sur la cabane notamment – sont réalisés en trois dimensions alors que le reste est en animation traditionnel. Or ces plans en 3D sautent aux yeux tellement ils sont mal faits. On sent les angles de la cabane qui bougent avec la même distorsion que celle que l’on aurait en utilisant d’un grand angle. L’effet est tellement moche qu’il est invraisemblable que l’effet fut voulu par le réalisateur. Il s’agit « seulement » d’un manque assez honteux de respect pour le public. Le producteur et le réalisateur laissent passer là des plans qui auraient dû être améliorer…

Frustrant que de voir un tel laissé aller dans un film d’une telle qualité.