Un film très représentatif du style (et du talent) de Jacques Doillon : une intrigue réduite à des tensions psychologiques entre plusieurs personnages, "ni-anges ni-démons", selon l'expression prononcée par le personnage masculin principal (joué par Jacques Doillon lui-même).

Des personnages bien ancrés dans le monde réel, en quête de reconnaissance affective, et que l'on se dit avoir déjà croisé maintes fois dans notre vie quotidienne. Certes, ce film est plutôt austère, mais son déroulé évite l'ennui possible lié à un sujet difficile (un homme se sépare de son épouse), par une grande originalité d'écriture, la multiplication de scènes courtes et variées, un renouvellement constant des situations, et par des moments de tendresse partagés avec la petite fille du couple. Et puis émane tout au long de cette histoire une puissance émotionnelle rare.

Celle-ci surgit d'une direction d'acteurs, comme toujours chez ce metteur en scène, particulièrement éblouissante. On sait combien ce cinéaste s'efforce de retirer le maximum du jeu de ses interprêtes, leur faisant faire parfois près de vingt prises, pour qu'ils puissent donner vie aux émotions et aux sentiments contenus dans un scénario. Cela est ici vérifiable, nombre de ces sentiments et émotions étant directement lisibles dans les yeux mêmes des acteurs, qui font corps avec ces personnages à la sensibilité à fleur de peau.

Ce film offre aussi l'occasion de revoir Dominique Laffin, prodigieuse dans le rôle de La femme qui pleure, malheureusement trop tôt disparue, à l'âge de 33 ans, en 1985.

Je ne me souviens plus à quel moment exactement j'ai décroché de Jacques Doillon – peut-être avec La Pirate ? – mais une chose est sûre : c'était APRÈS La Femme qui pleure, un sacré beau film, où Dominique Laffin est en effet renversante.