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Sujet : Personne pour célébrer ce film ?


De verdun, le 3 septembre 2006 à 17:13
Note du film : 6/6

Malgrè l'arrivée avec le dvd d'un nouveau public pour la découverte du patrimoine,je ne suis pas persuadé que la mémoire du cinéma soit très bien transmise. En témoigne la discrétion extrême avec laquelle les télés et les médias ont relaté le décès d'un acteur aussi important que Glenn Ford.

Cette absence de message sur Casque d'or reflète t-elle le peu d'enthousiasme de nos contemporains pour voir les films anciens ?

Peut-être..

La raison pour laquelle ce chef-d'oeuvre de Jean Becker n'a jamais été critiqué sur ce forum est toute trouvée. En effet, que peut-on bien rajoûter sur ce classique ?

1° Que c'est une histoire d'amour belle et tragique entre une superbe et puissante Simone Signoret et un touchant Serge Reggiani. Un film qui immortalise ses deux immenses personnalités.

2° Que les seconds rôles sont évidemment au diapason: Raymond Bussières ou Claude Dauphin.

3° Que la réalisation et le scénario mérite tous les éloges possibles et imaginables.

4° Que le film fut en son temps un échec public et critique retentissant , sans doute en raison de sa noirceur, de son acuité pour analyser la violence, la passion et la trahison. Sans oublier un pessimisme qui atteint son paroxysme dans un inoubliable dénouement.

Oui ce n'est pas un scoop, Casque d'or reste un fleuron sublime du cinéma français.


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De Impétueux, le 3 septembre 2006 à 18:03
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Vous m'avez devancé ! Puisque je me suis engagé à écrire quelque chose sur toutes les oeuvres de ma liste des "films préférés" et que Casque d'or y figure, vous auriez pu trouver mon grain de sable ici-même. Je n'ai pas aujourd'hui, l'esprit à le faire, mais je vous rejoindrai bientôt dans le respect, l'admiration et l'affection que l'on doit porter à ce film magnifique.

S'il n'y a pas encore de chronique, c'est évidemment que Casque d'or est sorti depuis plusieurs années dans une excellente édition, et qu'il me semble impossible qu'on puisse polémiquer sur pareil chef d'oeuvre ; donc, comme vous le constatez, on reste un peu coi…


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De Impétueux, le 7 février 2007 à 17:59
Note du film : Chef-d'Oeuvre

On se sent toujours très prétentieux de vouloir ajouter un bout de commentaire aux gloses savantes et subtiles qui, depuis 1952, se sont accumulées sur cette merveille de film, disséqué sur toutes ces facettes, étudié et scruté par tous les étudiants en cinéma, célébré sur tous les tons par les amateurs (alors qu'il fut pourtant mal accueilli par la Critique) et on se demande comment on pourrait bien mettre une couche laudative supplémentaire à une œuvre qui n'en a plus besoin depuis longtemps.

Cela étant, avec un sens très sûr de la prétérition (la prétérition est une figure de rhétorique consistant à parler de quelque chose après avoir annoncé que l'on ne va pas en parler), je joindrai ma voix à tous ceux qui s'émerveillent devant la sûreté de la conduite des interprètes, devant la virtuosité des mouvements de caméra, devant la reconstitution si fidèle de l'esprit de la Belle Epoque, au point que, malgré l'absence de la couleur, on se sent transporté, dans le tourbillon des valses et polkas des guinguettes dans un tableau de Renoir (Auguste !) ou dans une nouvelle de Maupassant, entre canoteurs de la Marne et de la Seine, apaches des fortifs et petit peuple de Paris. J'ajouterai une mention spéciale à la musique de Georges van Parys qui, comme d'habitude, capte si bien le génie et la substance d'un temps passé.

Quelques remarques, pourtant, sur la distribution.

Le rôle a extraordinairement collé à une Simone Signoret, qui ne fut jamais aussi lumineuse ; bizarrement, si ce n'était pas la première fois qu'elle jouait les prostituées (déjà dans Macadam de Marcel Blistène, dans Dédée d'Anvers, d'Yves Allégret, dans La ronde, de Max Ophuls) – et sans doute du fait de cette extraordinaire sensualité qui sourdait d'elle -, c'était, je crois, la première fois qu'on la voyait en femme heureuse, surtout dans les si belles scènes de campagne, au lever, lorsque Marie et Manda s'éblouissent littéralement de leur amour, lorsque Marie rêve, dans l'église de village à ce que pourrait être sa vie paisible…

Pour Signoret, Casque d'or est une étape ; vouée à être une pauvre fille malheureuse, une sale garce (Manèges, d'Yves Allégret, Les diaboliques de Clouzot) ou une femme traquée (Thérèse Raquin de Marcel Carné), elle basculera dès la quarantaine atteinte – et avec quel talent ! – vers les rôles d'alcoolique (Les mauvais coups de François Leterrier) avant de vieillir trop vite, pour devenir la Clémence Bouin du Chat ou La veuve Couderc de Granier-Deferre… Peu de lumière, dans cette carrière-là, bien du sombre…

Qui pouvait penser que Claude Dauphin, fils et frère de chansonnier et d'animateur publics, d'amuseurs, en tout cas, recélait une telle potentialité de méchanceté ? Son personnage de Félix Leca, mauvais jusqu'à la moelle, est pourtant impeccablement joué ; et je ne serais pas du tout étonné que ce soit en référence (et en révérence !) à Casque d'or que Andrzej Zulawski ait pensé à lui confier le rôle de l'immonde Mazelli de L'important c'est d'aimer.

Enfin Serge Reggiani ; le fait est que son physique de petite frappe exaltée ne le prédisposait pas à jouer un type aussi positif que Manda. Gouape abjecte dans Les portes de la nuit, il faisait hurler de rire dans Les amants de Vérone, tant son rôle de Roméo ne convenait pas à son front plissé d'une éternelle inquiétude (il est vrai que ce pauvre Cayatte ne faisait pas dans la dentelle). Toujours voué aux compositions d'exalté (Enjolras le révolutionnaire, dans Les Misérables de Le Chanois), de traître (l'imprimeur de Marie-Octobre de Duvivier) de raté (Paul, l'écrivain de Vincent, François, Paul… et les autres de Claude Sautet), positif seulement (et encore !) dans Le doulos de Jean-Pierre Melville, Reggiani trouve dans Casque d'or un rôle tendre, tragique, inoubliable…

Je ne sais si je plains ou si j'envie ceux qui n'ont pas vu cette merveille : de s'en être (encore) privés ou d'avoir (enfin !) la chance de le découvrir…


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De Gaulhenrix, le 7 février 2007 à 20:28

J'apprécie votre avis, Impétueux, sur ce beau film que vous analysez savamment.

Mais je trouve pour le moins déplacée votre remarque suivante : "pour les incultes, la prétérition est une figure de rhétorique consistant.." Donnez la définition, bien sûr, mais évitez les jugements péremptoires. Les internautes non littéraires sont-ils pour autant incultes ? A l'évidence, non, n'est-ce pas ?

Cordialement.


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De Impétueux, le 7 février 2007 à 23:07
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Vous avez sûrement raison, mais je ne crois pas avoir tort, et, en tout cas, je crains de ne pouvoir changer : il me semblera toujours que, dans la conversation, les connaissances littéraires ou historiques donneront plus d'agrément que la maîtrise de formules chimiques ou mathématiques…

Si vous voulez, j'ôte pour les incultes et vous retirez votre message  ; on fait ainsi ?


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De benja, le 8 février 2007 à 11:31
Note du film : 6/6

Soit dit en passant et sans vouloir polémiquer de manière inutile, j'ajouterais, Impétueux, que vous aurez eu aussi un sens très sûr de la synecdoque (figure de rhétorique qui consiste à prendre la partie pour le tout). Ainsi, la culture scientifique ne se limite-t-elle pas à connaître et à citer des formules chimiques ou mathématiques…
On peut ainsi trouver beaucoup d'agrément à discuter de la place de l'homme dans l'Univers ou de l'éventualité d'une vie extra-terrestre au regard des découvertes scientifiques…
Cela dit tout à fait amicalement et en vous remerciant Impétueux de m'avoir permis de me surpasser en apprenant ce que sont la prétérition et la synecdoque.


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De Gaulhenrix, le 8 février 2007 à 12:56

J'acquiesce à la remarque et je salue l'humour…


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De Impétueux, le 8 février 2007 à 13:26
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Ce que dit Benja est exact…Mais ce qu'il cite, la philosophie, l'histoire des sciences, voire l'épistémologie ne sont-elles pas des disciplines…plutôt littéraires ?

Foin de sémantique ! Rappelons nous être là sur le fil du magnifique Casque d'or !


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De Xaintrailles, le 9 novembre 2007 à 18:21
Note du film : 2/6

Je ne comprendrai sans doute jamais pourquoi Jacques Becker, auteur de quelques uns des plus grands chefs d'œuvre du cinéma français : Goupi mains rouges qui observe fidèlement et subtilement la personnalité du clan Goupi et de chacune de ses composantes, Falbalas dont les dialogues sont une merveille de justesse et de naturel inégalable, Rendez-vous de Juillet parfaite évocation de l'époque Saint-Germain-des-Prés, Touchez pas au grisbi qui égale les meilleurs films noirs américains, Antoine et Antoinette qui révèle avec authenticité la vie privée du milieu populaire d'après guerre, Le Trou, qui surclasse toutes les réussites du cinéma-vérité, pourquoi Jacques Becker est surtout admiré pour Casque d'or, film artificiel dont les dialogues sonnent faux ce qui fait que les acteurs jouent mal, où tout est toc, guindé, laborieusement fabriqué, dont certaines scènes (l'évasion devant la prison !!!)atteignent un degré dans le ridicule qui leur interdirait de figurer même dans un médiocre épisode des Brigades du Tigre ! Seuls les décors et les costumes choisis ou reconstitués avec goût réussissent à évoquer efficacement l'époque 1900.


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De Impétueux, le 9 novembre 2007 à 19:08
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Loin de moi l'idée de vous faire les gros yeux pour ne pas apprécier Casque d'or, film que nous sommes ici nombreux à juger admirable, mais c'est à mon tour de m'interroger : comment un amateur aussi distingué que vous, qui apprécie – et en donne tant de preuves – le cinéma de Jacques Becker, peut-il ne pas aimer ce chef-d'oeuvre ?

Il y a décidément bien des demeures dans la maison du Père !


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De s é p i a, le 9 novembre 2007 à 22:24
Note du film : 5/6

Pourriez vous m'expliquer, Monsieur, ce qu'est le "cinéma vérité" ? Faites vous un corollaire avec la bien dégueulasse télé réalité d'aujourd'hui ?

En quoi, par exemple, " Goupi-mains rouges" ne serait-il pas un cinéma vérité sur la paysannerie charentaise, alors que "Le trou" vous semble et à trés juste titre, en être un traitant des conditions pénitentiaires ? Ca n'est pas une remarque quelque peu goguenarde, Monsieur. C'est une vraie question.

D'autre part, en lisant vos quelques lignes sur les différents thèmes évoqués par Jacques Becker, je comprends mieux la phrase prononcée par Adolf Hitler : "- Je croyais que le cinéma n'était qu'un produit de consommation, je vois qu'il peut dénoncer le bien ou le mal, la vérité ou le mystère et mener à la réflexion. Il nous faut le gérer au mieux !! -" S'ensuivirent des feux -qui se voulaient de joie- de pellicules et de livres….


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De Xaintrailles, le 10 novembre 2007 à 10:34
Note du film : 2/6

Je veux dire que, si Goupi mains rouges est l'adaptation d'un ROMAN de Pierre Véry, c'est à dire une histoire INVENTEE par l'auteur, Le Trou est une reconstitution d'une aventure réellement vécue par un des protagonistes qui d'ailleurs joue son propre rôle dans le film, ce dont il nous informe lui-même avant le générique. Or il y a peu d'exercices cinématographiques plus périlleux que celui-là : on le voit bien en regardant des films qui tentent de mettre en scène un épisode de la vie d'un personnage plus ou moins connu, on se demande tout le long : "Cela s'est-il vraiment passé comme on nous le raconte ?" Devant Le Trou, on ne se pose même pas la question tant on est sûr que tout est parfaitement authentique. Quant à la phrase d'Adolf Hitler, c'est à mon tour de vous poser une question :où est le rapport ?


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De s é p i a, le 10 novembre 2007 à 14:18
Note du film : 5/6

Je vous remercie pour votre réponse claire.

Le rapport avec la phrase d'Hitler ? Dès 1934, le cinéma allemand se fit de propagande :

"- L'homme se doit de regarder, sans faire intervenir sa raison !-" (Mein Kampf).

Leni Riefenstahl pour la réalisation ( "Le triomphe de la volonté " (Nuremberg), les jeux olympiques de 1936 ) et Luis Treker pour quelques scénaris furent les emblèmes de ce cinéma de masse anesthésiée.

Puis se levèrent les "Xaintrailles" et autres " Alholg" de l'époque qui exprimèrent en lieu et place d'une conviction prête à porter, un ressenti, et surtout un imaginaire qui n'était plus contrôlé par le cinéma.

En février 1934, la loi nationale socialiste est votée. Contrôle systématique des films qui ne seraient pas de nature à brider tout imaginaire, toute réflexion. Voilà …


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De Arca1943, le 10 novembre 2007 à 16:14

Je m'en voudrais ici de ne pas mentionner au passage la contribution du truculent et sinistre Benito : « La cinematografia è l'arma più forte ! » (Le cinématographe est l'arme la plus forte !)


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De Xaintrailles, le 13 novembre 2007 à 14:37
Note du film : 2/6

Certes, je suis content que ma réponse vous paraisse claire. Je n'en dirai pas autant de vos explications qui me paraissent au contraire de plus en plus obscures, d'autant plus qu'elles sont rédigées dans un charabia à peu près inintelligible ! Si quelqu'un se sent capable de les traduire en français, je me ferai un plaisir d'y répondre, mais en attendant, je ne puis que me perdre en conjectures sur le sens mystérieux de vos étranges propos !


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De vincentp, le 19 décembre 2007 à 08:52
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Je partage votre admiration pour ce film magnifique de Jacques Becker. Soulignons que la maison d'origine de Casque d'Or fut sauvé miraculeusement de la démolition par une association de riverains (quartier Belleville, de Paris). Le film fut lui tourné en studio.


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De Xaintrailles, le 15 avril 2008 à 12:12
Note du film : 2/6

Mais, hélas ! la rue des Cascades a été défigurée par une quantité d'immeubles modernes tous plus laids les uns que les autres !


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De PM Jarriq, le 15 septembre 2008 à 16:52
Note du film : 6/6

Je suis sûr, comme Impétueux le notait en parlant de Dauphin, que L'important c'est d'aimer est truffé de références à Casque d'or, et pas seulement dans l'utilisation de l'acteur. Il est certain que Mazelli aurait tout à fait pu être un Leca âgé, mais l'histoire d'amour entre deux laissés pour compte, pas encore tout à fait foutus, présente aussi des points communs dans les deux oeuvres.

Casque d'or est un des films où on sent le plus la progression du destin en marche, avec ses gros rouages implacables, et l'épilogue, à la fenêtre de l'hôtel est terrassant. Signoret et Reggiani n'ont jamais été aussi bien employés, et Raymond Bussières est extraordinaire en "titi" loyal.

Tout a déjà été dit, ici et ailleurs sur Casque d'or. Je ne peux que confirmer : c'est la perfection faite film.


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De Gilou40, le 26 décembre 2008 à 17:25
Note du film : 5/6

Je vous lis , monsieur , avec un sourire aux lèvres devant cette hécatombe…Et je me souviens avoir vu Reggiani sur scène et avoir eu l'impression d'être véritablement flinguée par un talent indescriptible. Juste retour des choses..


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De Frydman Charles, le 25 mai 2010 à 16:31

Peut-on voir une allusion biblique dans ce film ? Jo le charpentier, Jo comme Georges dans le film, mais peut-être un clin d'œil à Joseph, Marie aux cheveux d'or d'un blond immaculé…Pour le reste on navigue plutôt du côté des apaches qui n'ont rien d'indiens…


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De Tamatoa, le 18 décembre 2013 à 16:18
Note du film : 5/6

Je viens de lire sur ce vieux bouquin de cinéma qu'un projet avait été mis en chantier par Jean Renoir en 1936. Gabin devait tenir le rôle de Leca, Pierre Fresnay, celui de Manda et c'est la grande Viviane Romance qui devait endosser le rôle de Casque d'or. Hélas, le projet du être abandonné pour des raisons inconnues.

Quelqu'un était au courant ? Et si oui, faut-il regretter que le projet n'ait pas abouti ? Pas sûr ….


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