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Forum : La Légende du grand judo

Sujet : Avis


De Citizen Dave, le 23 août 2006 à 09:43
Note du film : 5/6

Premier long-métrage de Kurosawa, La Légende du grand judo a subi les conséquences du contexte de Seconde Guerre Mondiale en 1943. Situé dans l'ère meiji (ère des lumières pour le Japon), le film oppose l'esprit démocratique incarné par l'école de judo à l'esprit féodal incarné par l'école féodal. L'affrontement se joue sur un plan contextuel qui peut surprendre. Le Japon connaît alors des mutations étatiques importantes et la police essaie de faire rentrer dans ses rangs les écoles d'arts martiaux dont on peut redouter l'exercice de la force en société. Ce plan a échappé à la censure, les transpositions étant viables pour le régime en place. Le héros principal de ce film choisit l'école démocratique du judo qui sort triomphante de la comparaison, mais l'intirgue et l'argument du film sera de nous montrer l'évolution morale positive du héros. Son idéal féodal de se tuer pour une question d'honneur est d'entrée de jeu ridiculisé. Mais, le disciple connaît quelques autres dérives, et dans le tournoi final de la police, qui pourtant nous rapproche temporellement de la consécration morale du héros, il tue un adversaire, ne maîtrisant pas sa force sur le tatami. Il affronte ensuite le père de la fille qu'il aime et gagne un combat après maintes hésitations philosophiques. Enfin, il affronte hors-tournoi, dans un duel, l'amant finalement éconduit de la fille aimée. La scène est rendue spectaculaire, filmée en décors naturels sous le vent et les nuages gris, dans les hautes herbes d'un paysage de montagne très vallonné, accidenté. Un des effets les plus spectaculaires est l'arrivée en plongée et profondeur de champ du méchant accomapgné de son témoin, dans la mesure où l'ombre noire d'un d'un nuage de noirceur et de force mal employée passe sur les deux personnages. Pour un premier film, l'effet est d'une précision et d'un culot exceptionnels.

Mais, si raconté ainsi, le film a l'air cohérent. Un retour sur l'intrigue au plan féminin nous montre que nous sommes finalement loin du compte.

En fait, le disciple tue un homme sur le tatami. La scène est décrite de façon irréaliste et quelque peu humoristique avec des ralentis, contractions immobiles des personnages qui regardent fixement sur le côté externe droit de l'écran avec travelling horizontal accomapgnant la projection du regard et des effets potaches (le panneau qui tombe à côté d'un corps qu'on comprend comme mort brutalement). L'image se retourne sur une jeune femme qui vient de crier et qui regarde le héros avec des yeux ronds.

La film enchaîne sur le chant des enfants et puis sur la femme qui veut essayer de voir le nouvel héros, mais qui est devinée et désarmée de son couteau.

Puis, cela s'interrompt et nous avons une de ses deux ou troiss éries de panneaux en japonais qui nous racontent une partie de l'action comme dans les films muets, sauf qu'ici le raccourci ne s'impose pas. En fait, le film a été coupé sur tout le plan de cette intrigue féminine. Et ceci a quelques conséquences préjudiciables non négligeables. En effet, nous ne reverrons plus cette femme désirant venger son père dans la suite du film et nous nous intéresserons désormais à la rencontre cette fois amoureuse et positive de la fille de son suivant adversaire. En clair, le film a été amputé d'un jeu de miroirs dont les nuances sont définitivement perdues. Pire encore, le film ressort boiteux de cette amputation (à la jambe sans doute). En effet, le flux des images reprend en nous découvrant la fille de son futur adversaire en présence d'un homme dangereux qu'on soupçonne être son amant. Dans le flux, tout se confond. On ne sait pas tout de suite si cette femme à l'écran est la précédente ou non. L'ambiguïté ne dure qu'un isntant et ne persiste pas, mais, en revanche, rien n'est plus amplement précisé quant à la relation de ces deux nouveaux personnages entre eux. La fille souhaite à son père la victoire au combat, elle n'aime pas l'homme qui lui rend visite et va tomber amoureuse du Héros du film, mais rien n'est dit de son éventuel engagement avec l'adepte de l'école de jiu jitsu désireux d'en découdre avec le héros de l'école de judo. Les tonalités de cette double itnrigue féminine permettait de préciser la visée moraliste du film et on peut dire que le film a été fort malheureusement tronqué, étant à la fois ambigu dans certaines phases de son enchaînement et non respecté dans son espèce d'arithmétique narrative.


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De vincentp, le 5 février 2008 à 23:23
Note du film : 4/6

Le film est sans doute un peu inégal (les développements de l'histoire sont légèrement confus) et parfois involontairement comique (les personnages qui se fixent dans le blanc des yeux ne se prennent-ils pas par moment un peu trop au sérieux ?). Peut-être d'ailleurs a-t-il inflencé le western spaghetti ? Mais nombre de séquences sont superbes (la bataille finale dans la tempête, par exemple) et l'on retrouve en germe les thèmes de l'oeuvre du futur Maître es-cinéma ! Voie de l'apprentissage, sens de l'honneur, humanisme latent…

Et puis, c'est un film profondément japonais, ou l'on perçoit assez bien l'état d'esprit de tout un peuple (qui n'aime pas perdre la face, qui respecte aussi ses anciens parfois au-delà du raisonnable,…) et certains rouages de la société nippone de la fin du XIX° siècle (importance du sacré dans la vie de tous les jours, par exemple). Une oeuvre de jeunesse de Kurosawa intéressante en fin de compte, et à redécouvrir.


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De Arca1943, le 6 février 2008 à 00:02

Très attirant, j'y jetterai sûrement un coup d'oeil s'il passe à ma portée. Mais je signale l'existence d'un sequel, La Nouvelle légende du grand judo (1945) toujours dirigé par Kurosawa… Que vous en semble ?


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De vincentp, le 6 février 2008 à 10:26
Note du film : 4/6

Je vais passer en revue l'ensemble des premiers films de Kurosawa. Patience !


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