Pour les non-amateurs, "Deadman" est le chef-d'oeuvre du dessinateur Neal Adams, un "pape" du comics des années 70, et raconte l'histoire d'un trapéziste, directeur de cirque (un peu comme Heston dans The greatest show on earth), abattu par un tueur en pleine représentation (un manchot comme dans Le fugitif). Il revient sous forme de spectre vengeur, pour retrouver son assassin et aider les siens, avec le pouvoir d'intégrer le corps de tous ceux qu'il croise. La BD devait énormément au talent dynamique et aux cadrages révolutionnaires de Adams, mais que Del Toro se penche sur le cas de "Deadman" me semble une excellente nouvelle…

Les américains adaptent un nombre considérable de leurs "comics" depuis quelques années, qui cartonnent au box-office. On s'étonne qu'il n'en soit pas de même en Europe, pour les bandes dessinées de notre continent (avec des exceptions comme Astérix, Michel Vaillant, un Blueberry…). Il y a pourtant là une oeuvre considérable, de qualité au moins égale à celle des comics, et susceptible de toucher un large public : Blake et Mortimer (un projet lancé il y a quelques années n'a pas abouti), et bien d'autres.

Citons Bob Morane (quelques remarquables BD de W Vance, ex: "l'empereur de Macao", avec une écriture cinématographique), Gil Jourdan (idem, Tillieux était un cador), Blueberry, Alix, Tanguy et Laverdure, Valérian, les albums de Schuiten-Peeters, de Moebius, Loisel -Le Tendre, etc… (*), ou d'autres personnages plus récents.

Manque-t-on de moyens financiers, de scénaristes ? Les tentatives de ces dernières années me semblaient être un tout petit peu faibles au niveau du scénario, et quand on regarde de près, les BD soit disant pour ados sont des oeuvres d'une grande maturité narrative et graphique, susceptibles d'être adaptés pour un large public. Au boulôt, messieurs de la profession !

(*) Et Franquin et Gaston Lafaffe ? Pour la petite histoire, lors d'une conférence faite par Franquin et un journaliste à l'occasion de la sortie d'un de ses albums, cet auteur belge qui était à deux mètres de moi a vu que j'avais un trou à une chaussure (j'étais alors étudiant). Et quand au bout d'un certain temps, quelqu'un lui a demandé de préciser l'âge et les caractéristiques de son personnage, il m'a regardé avec un grand sourire. J'ai donc peut-être raté le rôle de ma vie !