Le "Fantômas" de Feuillade, peut-on le critiquer, y mettre des réserves?

C'est risqué. Il y a un point sur lequel j'accorde au Fantômas de Feuillade la place mythique qu'il occupe dans le Cinéma. C'est l'imagerie résonnante qui se dégage de ces feuilletons: Le fantastique poétique s'inscrit dans le réalisme de la ville, Paris. Et la vitesse de la narration fait enchainer tous plein de rebondissements et relance sans cesse l'action.

Le mouvement est constament présent dans Fantômas. Mais quelque chose m'a déçu…

Une carence dans la réalisation est visible. Personnellement, je n'ai vu aucun film antérieur à 1919, c'est à dire antérieur au "Cabinet du docteur Caligari", je me pose alors la question: y-a-t-il eu avant 1915, une réelle qualité de réalisation, pouvait-on parler du Cinéma comme étant le 7ème Art. Le premier grand réalisateur que l'on cite est David Griffith avec son film "Birth of a Nation"(1915), où on loue le génie de la réalisation.

Mais avant 1915, est-ce qu'on réalisait déjà, ou se contentait-t-on seulement de filmer et de tourner?

Dans ces Fantômas datant de 1913-14, il n'y aucune réelle réalisation, aucune réelle mise en scène, aucune perspective, aucune gestion de l'espace. Le mouvement et l'action sont filmés platement, il n'y aucune dynamique. En exagérant,la caméra est plantée au milieu de la scène où les personnages sont simplement filmés. Et les séquences s'enchainent.

Dès les années 20, on a vu toute une créativité et toute une innovation en matière de réalisation, tant sur l'esthétique que sur la manière de filmer l'action et le mouvement, avec des maîtres comme Lang, Murneau, Eisenstein et l'Herbier. On pourrait croire qu'on a rien inventé depuis.

On se rapelle que ceux qui avait fait les louanges de Fantômas dans le milieux des arts et des lettres,(oeuvre considérée à la base comme de la littérature de gare dans les années 10), c'étaient les écrivains et les artistes modernes et avant-gardistes des années 20-30, tel que les Surréalistes.

Evidemment, Fantomas est un sujet avec un fort pouvoir d'évocation. Il stimule l'imaginaire et constitue un grand potentiel d'inpiration. De leurs côtés, ces artistes "modernes" ont signé des oeuvres très inspirées en reprennant l'univers de Fantômas et en l'introduisant dans leur art.

D'un point de vue cinématographique, on peut regretter que Fantômas n'ait pas été repris avec le génie et la vision ou l'"oeil" d'un grand réalisateur des années 20-30.

Mais si le personnage de Fantômas n'a pas été repris par des cinéastes de cette période, c'est bien le Fantômas de Feuillade et son univers qui a marqué Fritz Lang et qui lui a inspiré notament le "Docteur Mabuse". Franju a toujours avoué son admiration pour le Fantômas de Feuillade, il lui rend hommage dans "Judex" avec toutes ses qualités de grand réalisateur. Ainsi qu'André Delvaux dans "Rendez-vous à Bray".

Le Fantômas de Feuillade ne dispose pas de réelles qualités en matière de réalisation.

Il se rattrape dans la vitesse de la narration qui déclenche l'action et la relance, et dans des images fortes, même si elles sont très peu composées et faiblement mises en scènes.

Cette vitesse de narration met en avant la magie du Conte et l'art poétique du Récit, à l'opposé du psychologique et de l'étude de moeurs, ou de l'introspection intellectualiste et intimiste.

Signée par Feuillade, faiseur de films et poète, comme un mélange de Mélies et des Lumière, Fantômas est une oeuvre "brut" de cinéma-cinématographe, qui constitue matière à inspirer des cinéastes-réalisateur.

"Aucune origine n'est belle" disait un de mes vieux maîtres ! C'est vrai pour le cinéma comme pour la plupart des formes d'expression !

A l'origine, il y a le tâtonnement, la découverte des codes, une démarche assez pataude, similaire à celle du poulain qui se lève et qui devra passer bien du temps avant d'adopter l'élégance du galop !

Fantômas, vous savez, à l'origine, c'est une fantastique série de romans populaires, vraiment horrifiques, d'Allain et Souvestre ; que le cinéma, à ses débuts, ait cherché à s'emparer de la puissance évocatrice formidable des récits, c'est normal ; mais à nos yeux habitués à bien plus de sophistication, ces ébauches sont bien peu parlantes…

Quel dommage que le mythe du génie du crime ait été, par ailleurs, travesti, dans les années Soixante, par une série assez niaise avec Jean Marais et Louis de Funès ! Il y a dans le vrai Fantômas, bien davantage d'épouvante que l'on imagine aujourd'hui, du fait de ce travestissement ; Feuillade, naturellement, était resté du côté des récits originaux et son oeuvre a des qualités d'évocation plastique ; seule y manque la familiarité avec le cinéma, nouveau mode d'expression…

Je cherche les informations les plus complètes sur Andre Volbert, je suis un de ses parents lointains ; je vous remercie d'avance.

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