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Sujet : Film testamentaire ?


De sartorius, le 1er août 2003 à 20:29
Note du film : 4/6

Difficile de dire si Intervista est une fiction ou un film documentaire.

Il ne se regarde pas comme ses autres films du fait qu'ici Fellini est acteur et joue son propre rôle. Fellini nous propose ici de visiter sa maison, la seule dans laquelle il se sentait vraiment chez lui : Cinecitta. Parcours nostalgique et poétique dans les studios déserts et fantômatiques dans lesquels il recrée ses rêves. On y retrouve donc comme tous les films de Fellini, ce sempiternel bruit du vent qui marque une frontière entre le rêve et le cinéma, et ces projecteurs dans la nuit montés sur des tourelles ressemblant presque à des rampes de lancement de fusées, presque abandonnées : la lumière du cinéma. Et puis l'on retrouve Anita Ekberg s'enthousiasmant lors d'une projection de la Dolce Vita, et apparition aussi du vieux Snaporaz, Marcello Mastroianni, en tenue de Mandrake. C'est presque un film de famille ou un album de photos sympathique et agréable à regarder.


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De citizen dave, le 17 août 2006 à 09:54

Le film Intervista a un propos assez profond.

Dans Huit et demi, Fellini s'est interrogé sur les impasses d'un réalisateur qui pouvait lui correspondre au plus près. La question de la sincérité est au centre de sa réflexion, avec une mise en abîme des plus évidentes et des plus prenantes, quand la femme de Guido lui reproche, d'une part, l'obscénité impudente d'exposer crûment l'entremêlement des affres du réalisateur et la part la plus intime et la plus partagée de sa vie privée, les difficultés conjugales, et reproche d'autre part sa façon de jugement détaché de soi et de sa femme dans la réalisation d'un film, comme si la confusion du réel pouvait être mise entre parenthèses.

A ce moment-là, on se pose même la question : mais jusqu'à quel point Guido (Mastroianni) et Louisa (Milo) nous révèlent Fellini et Masina, où se situe l'écran romanesque? Huit et demi se termine par une sorte de victoire sur les impasses par une acceptation de soi et des autres. La fusée ne décolle pas pour fuir le danger nucléaire terrestre. La solution sera au contraire de faire redescendre tout le monde de la fusée pour participer à la ronde de cirque du vivant. Juliette des esprits va approfondir d'autres voies de l'acceptation humaine sur le plan des mythes que génèrent d'un côté l'éducation catholique (non pas dans le champ religieux, mais directement dans le champ des rapports sociaux et humains), de l'autre les prétentions de nouveaux mythes guérisseurs comme la psychanalyse.

Dans Intervista, la rencontre avec Anita Ekberg signifie elle aussi l'acceptation.

Que se passe-til? Fellini est dans son bureau, au sein bien sûr de Cinecitta. De l'agitation se fait entendre à travers la fenêtre qui va s'ouvrir sur une apparition de l'acteur (c'est très important) Mastroianni déguisé en Mandrake pour un film. Une grue soulève Mastroianni jusqu'à la fenêtre, ce qui nous renvoie à l'introduction du film, où une grue s'élève au-dessus de cinecitta, tandis que Fellini interviewé par les reporters japonais se dit qu'il est plus vieux et qu'il ne peut s'envoler aussi légèrement que par le passé.

Cette grue représente la magie de jeunesse des films et Mastroianni signifie cette même magie de jeunesse avec son habit de Mandrake, mais avec quelques bémols, puisque l'acteur en tant qu'homme n'en a pas moins vieilli. Or, ce n'est pas innocemment que Mandrake raille son ami Fellini, en lui parlant de problèmes de financement pour ses films, puis de défaillances sexuelles. Nous sommes précisément dans l'argument du film. Mastroianni parle de sa baguette de Mandrake qui se tient droite grâce à un effet magique, mais la grue redescend déjà pendant que mastroianni part dans une crise de fous rires. Fellini se penche à la fenêtre et le rappelle. Là, avec une certaine succession naturelle elliptique, Fellini opère le raccord. Puisque mastroianni est là, allons voir Anita Ekberg dans sa propriété. le film joue bien sûr sur le suspense.

Evidemment, ils vont trouver une Anita Ekberg vieillie et qui a pris du poids. Elle signifie à Fellini qu'il a eu l'indélicatesse de ne pas être venu plus tôt, traite Fellini et Mastroianni de menteurs, eux qui évidemment, tout comme le jeune qui a joué Fellini jeune, n'arrêtent pas de l'encenser comme mythe vivant. Cette rencontre est l'occasion de revoir ensemble la grande scène mythique de la dolce vita dans la fontaine Trevi. Mandrake fait apparaître l'écran d'un coup de baguette magique. Anita verse une larme, tout le monde applaudit, et Mastroianni fait disparaître l'écran dans la fumée d'un nouveau coup de baguette magique. Il a à nouveau une crise de fou rire où il dit perdre sa moustache.

Dans cette scène, il faut comprendre qu'Anita Ekberg accepte la vie comme elle est, chemin philosophique adopté bien sûr par Fellini, tandis que la magie du film est investie d'une part d'ambivalence critique avec la part de dérision du vieux Mastroianni.

Vraiment, les rêveries et broderies de Fellini n'ont rien de gratuit. C'est un poète des images et du cinéma, dans le sens où la poésie a quelque chose à dire, pas dans le sens de la simple fantaisie.


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De vincentp, le 4 mai 2008 à 22:08
Note du film : 4/6

Le coktail typiquement fellinien (onirisme, ironie, personnages extravagants, égocentrisme, poids de l'histoire…) fonctionne ici plus ou moins bien. Nettement moins bien que dans Fellini Roma par exemple. Manquerait-il un fil conducteur à cette histoire ? Ou de l'émotion ? Allez savoir…


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