Un récit poétique, plein de fraicheur et un brin nostalgique, sur cette jeunesse incarnée par Jean Pierre Léaud qui déborde d'énergie pour pouvoir vivre à fond sa passion intime, à savoir la compétition automobile. Mais il ne dispose pas des moyens matériels pour se procurer une voiture de course fiable.

 Ainsi, parfaitement intégré dans la société, en exerçant la profession de jeune garçon coiffeur pour gagner sa vie, il s'ennuie et ne veut pas se résigner à vivre dans le renoncement. Il se doit de faire valoir son univers et sa passion sur le monde extérieur. Il essaie par tous les moyens de forcer le passage et de briser les conventions sociales qui l'empêchent de vivre sa passion.

 Mais dans cette quête, agité, tétu et puéril, il montre de la désinvolture et de l'égoïsme vis-à-vis de son entourage qui l'aime, faisant passer avant tout son projet personnel dans lequel il se réalise. Il fait preuve également d'arrivisme en se jouant des autres.

 C'est un réel récit poétique servi par une réalisation et une mise en scène de grande qualité artistique, sans oublier l'esthétique exeptionnelle de la photo, supervisée par le directeur de l'image, le chef opérateur belge, Willy Kurant. Ce dernier a été spécialement choisis par le réalisateur Skolimowsky pour cette tâche.

 Ce film est marquée par une véritable poétique du mouvement, représenté par la compétition automobile, la jeunesse et l'énergie du héros qui ne tient jamais en place, courant dans tous les sens jusqu'à se retrouver à la fin…"à bout de souffle"?. 

Sa passion inassouvie aurait-elle conssumée toute son énergie ou tout cela serait la conséquence de l'inconstance et de la lâcheté dues à sa jeunesse? Ou bien alors aurait-il enfin mûri? L'idée du mouvement puise énormément dans le jeu de J.P Léaud, qui s'appuie beaucoup sur son corps et sur sa dynamique.

  Et il règne aussi dans ce film cette poétique réaliste de la petite ville au quotidien, où ce petit monde urbain avec ses citadins est capté par l'oeil du réalisateur, servi par la beauté des images du chef opérateur. Un rapport s'établit entre le jeune héros et le monde extérieur.

Tantôt le monde extérieur est un espace dans lequel le héros évolue tout simplement, tantôt c'est un espace auquel il doit se confronter et être en lutte avec pour faire exister sa personne, son univers et sa passion. 

 Le jeu très corporel et dynamique de Léaud souligne également cette confrontation presque physique et cette dualité entre ces deux mondes. Un conflit se crée entre le monde extérieur et le corps de Léaud, véhiculant son univers et sa réalité propre.  

Un peu comme avec Buster Keaton dans ses films, il y a du burlesque dans "le départ" comme d'ailleurs dans le jeu de Jean Pierre Léaud dans bon nombre de ses films.

En plus, il y a très peu de dialogues dans ce film. Ce qui renforce l'aspect "muet" du film et l' intérêt qu'il porte aux images, aux symboles, et à l'action.

  J'insisterai encore sur la qualité exeptionnelle des images et de la photo de Willy Kurant et de ses cadrages. C'est un film noir et blanc, où les noirs et les blancs sont très contrastés, mettant du relief et du volume aux images. 

  le fim "Le Départ" est un chef-d'oeuvre poétique trop méconnu.

Votre excellente chronique me donne envie d'en savoir plus sur ce Jerzy Skolimowski et sur Le Départ. Voilà une oeuvre qui mérite certainement d'être rééditée. La présence du talentueux Jean-Pierre Léaud devrait inciter les éditeurs à prendre le risque d'une édition.

Un chef-d'oeuvre trop méconnu, certes, à l'instar de la plupart des autres films de Skolimovski, comme le génial "Deep End", dont la thématique n'est pas sans rappeler celle du "départ": de la difficulté d'être adolescent, ou plutôt, ici, de quitter le monde de l'adolescence…

Car c'est bien de cela qu'il s'agit dans ce film roboratif, et le "départ" du titre est moins celui du rallye automobile auquel le personnage incarné par Jean-Pierre Léaud s'escrime à vouloir courir que celui, plus définitif, qu'il prendra pour l'âge adulte après avoir raté(?)ladite course pour les yeux de la belle Catherine-Isabelle Duport…Ce "départ" doit donc être considéré en premier lieu comme l'histoire d'une découverte, d'un parcours initiatique, d'un dépucelage, le tout traité dans une tonalité beaucoup moins grave, il est vrai, que celle de "Deep End", car – et c'est là l'une des nombreuses idées de génie de Skolimovski – dans un style ouvertement "potache" qui colle merveilleusement au sujet(il n'est que de voir, par exemple, la scène hilarante ou Léaud s'improvise traducteur pour son acolyte déguisé en maharadjah pour se faire une idée du genre d'humour que distille le film).

Parallèlement, il y a aussi de jolies idées de gags plus poétiques(celui, d'inspiration surréaliste, très polonais aussi, du miroir brisé)et d'émouvantes scènes de veine plus sentimentale(la touchante nuit passée dans les locaux du salon de l'auto sur fond de romance – qui, d'ailleurs, est donc l'auteur de cette délicieuse mélodie à la Michel Legrand? si quelqu'un peut me renseigner…- ou les maladresses de Léaud ne parvenant que difficilement à franchir le pas…)

J'ajoute pour finir que ce film devraient ravir tous ceux qui, comme moi, aiment Jean-Pierre Léaud, la Belgique("le départ" ayant été tourné à Bruxelles)et la Porsche 911(autre important personnage du film).

A quand, donc, une édition DVD? Je vote…

Moi aussi, j'aimerais bien découvrir ce film, ne serait-ce que pour y retrouver la ravissante Catherine-Isabelle Duport.

Un surperbe film parait il, mais ça m'embete de le racheter en cassette d'occasion, au prix fort qui plus est, je vote donc pour une édition de ce film en DVD

Merci !!!