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Sujet : Encore une perle de Richard Fleischer !


De verdun, le 23 avril 2006 à 23:13
Note du film : 5/6

Durant la Deuxième Guerre mondiale, le sergent Glifford (Robert Wagner) est envoyé en camp disciplinaire pour avoir frappé un supérieur. Commandé par l'inquiétant capitaine Grimes (Broderick Crawford), le camp est une zone de non-droit, où règne la violence et la terreur.

Ce film de guerre est un sommet de plus dans l'oeuvre de Richard Fleischer. Et un film mésestimé de plus.

Il s'agit du portrait d'un jeune homme, Sam Gifford (interprété par un Robert Wagner qui n'a jamais été aussi bon), riche exploitant tyrannique et froid qui en devenant soldat, va apprendre à faire preuve d'humanité et prendre conscience de la grande valeur d'hommes pour lesquelles il n'éprouvait auparavant qu'un total mépris. Mais cette prise de conscience va s'avérer aussi terrible pour lui à mesure qu'il va voir ses compagnons d'armes mourir les uns après les autres. Par conséquent, Le temps de la colère est tout sauf un outil de vile propagande.

Le titre original, qui peut se traduire par "entre le ciel et l'enfer", exprime l'opposition fondamentale entre "le paradis", la vie civile, et "l'enfer", la guerre. La guerre est un phénomène paradoxal. D'une part, elle rend fou ceux qui la font. Fleischer traque une fois de plus la noirceur de l'âme humaine. D'autre part, elle a pour effet de placer sur un pied d'égalité les riches et les pauvres.

La mise en scène est inspirée comme en témoigne la façon dont sont amenés les flash-backs qui composent une grande partie de la narration. Et comme d'habitude chez Richard Fleischer, l'utilisation du scope- couleurs est magistrale, surtout à une époque où les caméras étaient peu maniables. Les meileurs exemples de cette virtuosité se trouvent dans le travelling d'ouverture et dans la course finale où Gifford-Robert Wagner met sa vie en péril.

En somme, ce film initiatique est une oeuvre majeure du cinéaste et on peut le classer sans soucis dans les très bons films de guerre américains des années 1950. Il manque juste un soupçon de violence et de folie, malgré la figure saisissante incarnée par Broderick Crawford, pour en faire un classique absolu.


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De vincentp, le 9 juillet 2006 à 21:33
Note du film : 6/6
  • Un film clairement organisé autour de deux thèmes : la guerre met au grand jour les failles psychologiques latentes des individus, et elle réduit les clivages artificiels qui régissent les rapports sociaux.
  • Un grand film de genre, au minimum, voire peut-être plus si l'on adhère pleinement au style de Fleischer (*). C'est notre cas.
  • Une copie en Cinémascope d'excellente qualité, projetée sur un écran environ de 50 sur 15 mètres, permet d'en apprécier toutes ses qualités formelles (effectivement on y trouve des travellings étonnants mais aussi un ensemble complet de techniques de prises de vue à disposition d'un metteur en scène de cette époque).

(*) PM Jarrig : notre ami Verdun apprécie tout particulièrement Richard Fleischer car c'est un metteur en scène qui développe un style net, précis et carré, correspondant de toute évidence à la personnalité de Verdun (il n'y a qu'à lire ses messages…). Et Verdun comme Fleischer apprécie tous les genres du cinéma (du péplum au western)…


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De PM Jarriq, le 10 juillet 2006 à 08:22

J'aime bien Fleischer, mais pour des moments précis (l'arène de Barabbas, le début de Mr. Majestyk, la fin des Vikings, etc.) plus que pour des films entiers. Seul L'étrangleur de Rillington Place m'a bluffé de bout en bout. Mais je le répète, c'est évidemment un très grand nom du vieil Hollywood, et sa carrière force le respect.


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De droudrou, le 10 juillet 2006 à 10:58

c'est un film dont on parle peu et dont on a peu parlé – j'ai lu le roman qui a servi de base et, je le confesse, n'ai jamais vu le film même si j'en ai eu quelques images en main (sur des revues…) – dire que j'aimerais aujourd'hui le voir ? je crois surtout que ce serait dans le prolongement de l'oeuvre de Fleisher.


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De Steve Mcqueen, le 11 novembre 2007 à 11:25

Alléché par les commentaires de dvdtoile et mû par mon admiration pour Richard Fleischer, j'ai enfin pu voir "Between Heaven and Hell" vendredi après-midi sur France 3 (dans une version française certes médiocre). Au final, comme je m'y attendais, c'est un très grand film de guerre. La forme, comme toujours chez Fleischer, est remarquable : le cinémascope est parfaitement utilisé, la profondeur du champs est explorée dans ses moindres recoins (sans égaler toutefois la séquence finale des "Vikings" où Douglas et Curtis se battent au premier plan, tandis qu'on distingue parfaitement des centaines de figurants qui se battent à l'arrière-plan, sur fond d'une mer bleue magnifique); enfin les mouvements de caméra sont d'une grande fluidité et évitent toute virtuosité gratuite).

Mais même s'il est absurde de faire l'habituelle distinction forme/fond, j'ai quand même trouvé que le cheminement psychologique du personnage de Robert Wagner est un peu simpliste, un peu "scolaire" : Wagner, tyrannique avec ses fermiers, change radicalement de comportement au contact des combats et des horreurs. Ce type de cheminement psychologique, du type défaut/prise de conscience/rédemption n'est pas ce qu'il y a de plus subtil dans le film…

…Mais je chipote, car le film reste ce qu'il s'est fait de mieux dans le domaine du film de guerre réaliste. Les scènes d'action sont parfaites, comme la débarquement au début qui n'a pas à rougir de la comparaison avec "Saving private Ryan" et autres "Stalingrad" . La violence est sèche, montrée sans complaisance ni fioritures : Waco Grimes abattu d'une balle en pleine tête alors qu'il venait d'être relevé de son commandement; le soldat tué par l'explosion d'un sabre japonais piégé ou le japonais qui empale avec sa baîonnette le soldat américain qui venait de lui tirer dessus…

Le film m'a autant marqué que "Cote 465" (magnifique duel à la fois physique et psychologique Ryan/Ray, scènes d'action sèches et rugueuses, séquence finale anthologique quand les américains se sacrifient un par un pour prendre la colline en question) et "Hell is for heroes" (Mcqueen superbe en fantassin blasé et maniaque de la gâchette, remarquable gestion de l'espace par Siegel, et sacrifice héroîque – suicide ?- de Mcqueen à la fin)…

Comme quoi ces films de guerre réalisés il y a plus de quarante ans n'ont pas pris une ride, preuve qu'il n'est pas besoin de filmer les combats comme une bouillie sur-découpée ("We were soldiers") pour imprimer durablement la rétine du spectateur.

Il me reste encore à voir, dans le même registre, "Merrill's maraudeurs" et "The Naked and the Dead". Les avez-vous vus ? Sont-il à la hauteur de leur réputation? Existent-ils en dvd zone 2 ?

Note : 5/6


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De droudrou, le 11 novembre 2007 à 13:24

"Merrill's maraudeurs"
D'abord, la couleur ! Ensuite le film est porté par un récit nerveux sans floritures. Jeff Chandler (dont on parle assez peu) est superbe. J'aimerais bien que les éditeurs nous sortent "Brisants humains".
"The Naked and the Dead", c'est du Walsh pur.
Et c'est même peut-être trop du Walsh en termes de dureté qu'à ce jour, France comme Etats Unis, le film n'existe toujours pas en DVD. Il y a des scènes qui sont insoutenables malgré les limites imposées à l'époque.
Pour moi qui aime beaucoup Norman Mailer, auteur, Walsh est tout à fait dans sa veine. J'ai d'ailleurs beaucoup de mal à comprendre que "Le Cri de la Victoire" du même Walsh existe en DVD (complet, certes) mais omettre "Les nus et les morts", ce serait presque un péché mortal.
Je me permettrai d'indiquer que je suis actuellement à faire le recensement de tous mes DVD et de ceux que j'aimerais acquérir. Walsh est un grand oublié du cinéma. Pourquoi ?


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De Alakazam, le 7 août 2009 à 08:04

Dans la mesure où la relecture des différents topics sur Barabbas a mis plus ou moins l'accent sur certains films de Fleischer j'ai voulu revoir « le temps de la colère » et partagerai diversement les avis des uns et des autres sur ce sujet.

La scène du débarquement correspondrait assez à une vision très hollywoodienne de ce genre d'action à l'époque du tournage les méchants retranchés dans les aspérités du terrain ouvrent soudain le feu décimant les hommes bêtement exposés. Le public était très sensible à cette même vision qui transparait dans les différents récits que des anciens combattants ou correspondants de guerre ont pu publier : l'écran large et le son stéréophonique contribuant à intensifier le cadre de l'action mais si plus proche on prend « the thin red line » ou « la mémoire de nos pères » rien n'a changé et il faudrait enfin pouvoir revoir « les nus et les morts » sachant aussi que le western a exploité le même cadre où les méchants combattants à peau jaune sont remplacés par les méchants indiens qui ont tendu des embuscades… notion très variable en fonction du camp où se place la caméra.

Dire s'il est possible de croire en la transformation de Sam Gifford est assez simpliste l'étude psychologique des uns et des autres me paraît superficielle et cette transformation participe à l'ambiance qui permet de délimiter les gentils et les méchants.

Les poncifs du film de guerre sont là : les officiers bêtes et méchants face à des subordonnés qui réunissent toutes les qualités humaines et le message passe d'autant plus facilement que Fleischer est un réalisateur de qualité. Néanmoins trois choses que j'ai notées dans ce film : 1 la musique dans laquelle on retrouve le thème caractéristique de la symphonie fantastique de Berlioz 2 la vision du chef Waco qui rappellerait nick nolte dans la ligne rouge à opposer à celle de Sam Huxley « le cri de la victoire » qui, lui, réunit toutes les qualités humaines attendues d'un vrai chef (d'ailleurs le colonel dans le même film …) 3 une homosexualité latente qui serait partagée par le même Waco Broderick Crawford avec ses deux sbires porteurs de mitraillette.



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