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Forum : Un Dimanche à Kigali

Sujet : Celui-là, il faut qu'on vous l'exporte


De Arca1943, le 17 avril 2006 à 23:09
Note du film : 5/6

Ce n'est pas parfait. Leo Kalinda, vétéran journaliste de Radio-Canada qui est originaire du Rwanda, a passé en revue sur les ondes quelques détails de moeurs qui clochaient, notamment une cérémonie funèbre un peu poussée. Mais en fin de compte il s'est dit impressionné par le climat d'authenticité du film.

Moi qui en sors, pour ce qui est de l'authenticité, je ne saurais évidemment en juger, cependant ce film est un choc. Les comparaisons avec Hotel Rwanda sont inévitables, d'autant que l'hôtel en question joue aussi son rôle dans le second film. Toutefois le film de Favreau est concentré sur tout ce qui précède le déclenchement du génocide et contrairement à Hollywood, il ne fait pas dans le genre héros édifiant. Il ne fait pas non plus dans la dentelle. Les passages documentaires sur le sida, au début du film, donnent déjà froid dans le dos. Puis sur son lit de mort, le sidéen DJ Rock dit au journaliste Valcourt (Luc Picard) que ce n'est pas le sida qu'il doit filmer, qu'il doit tourner sa caméra vers autre chose… Comme ce n'est pas un freak-show (et comme on n'a pas le budget) on évite les scènes de boucherie pure et simple, mais ça reste extrêmement dur à regarder.

Les auteurs évitent certaines controverses – genre : qui a abattu l'avion présidentiel? – mais ils y vont à fond de train pour d'autres. C'est assez incriminant d'entendre la consule canadienne (excellente et détestable Geneviève Brouillette) parler dans son communiqué officiel aux ressortissants apeurés de la "menace des terroristes Tutsis" alors que dans la réalité, c'est le contraire qui se passe – les Tutsis sont en passe de se faire massacrer. Tout le monde – Canadiens, Français, etc – a repris le refrain que l'État génocidaire lui sussurait dans l'oreille. Au plan historique le propos du film est de montrer que tous les signes étaient là, étalés au grand jour, et qu'il suffisait de se pencher pour voir ce qui allait se passer. L'habileté du film consiste aussi à se concentrer dans la première heure sur les différents personnages qui entourent Valcourt et Gentille; et alors les prémices du génocide constituent la "toile de fond"; mais à mesure que lesdits personnages se font tuer les uns après les autres, la toile de fond devient le tableau central.

Le film a été tourné sur place, à Kigali et dans les environs. Plusieurs des comédiens noirs sont des Québécois – Maka Kotto, Mireille Métellus, Luck Mervil. Ils sont très bons, mais le journaliste Kalinda relève que, évidemment, au plan linguistique, leur rwandais manque quelque peu de fluidité… Cependant le jeu d'ensemble des comédiens – Rwandais et non-Rwandais – est au diapason. Céline Bonnier est très crédible en Fée Capote – une doctoresse qui soigne le sida.

La saisie des événements passe par une histoire d'amour, et c'est là que le film est fort : on évite remarquablement bien la saccharine; et la passion qui se développe entre Fatou N'Diaye et Luc Picard est ramenée à quelques scènes très ramassées et très réussies de complicité sexuelle et spirituelle. La scène où les deux amants surmontent leurs soupçons respectifs (elle le soupçonne de tourisme sexuel, lui la soupçonne de guigner un visa canadien) sonne très juste.

La construction en flashes-back permet de passer d'un événement à l'autre avec une grande souplesse. Et quand à la fin d'Un Dimanche à Kigali on se retrouve au présent de l'indicatif, après être passés à travers tout ça, un finale très dur et très bon nous attend encore.

Comme il fallait s'y attendre, la photographie signée Pierre Mignot (vieux complice, notamment, de Robert Altman) est remarquable. Fatou N'Diaye est bouleversante. Quant à Luc Picard, je savais déjà qu'il était bon, mais alors là, c'est vraiment le rôle de sa vie : d'une présence et d'une justesse remarquables.

Arca1943

P.S. Histoire de détendre l'atmosphère, je vais maintenant vous raconter une blague de Michel M'Pambara, humoriste rwando-québécois dont les spectacles ont fait crouler de rire tout le Québec. « Il y a une Québécoise qui me tourne autour ces temps-ci, une blanche… Elle est bien gentille et tout ça, mais au fond, je me méfie : ce ne serait pas pour mettre la main sur des papiers rwandais ? »


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De Arca1943, le 18 décembre 2006 à 14:04
Note du film : 5/6

Eh bien, toujours pas de sortie française en vue pour Un Dimanche à Kigali. Je viens de voir plus d'un film québécois qui mérite(rait) de rester en punition à l'intérieur de nos frontières – Aurore, Roméo et Juliette – mais celui-ci, en revanche, c'est vraiment dommage qu'il ne sorte pas…


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De Arca1943, le 22 janvier 2008 à 12:08
Note du film : 5/6

Sortie en direct-to-DVD le 6 mars. Je comprends évidemment qu\'en France, il ne soit pas sorti en salle : il fallait réserver des écrans pour Le Deuxième souffle et autres merveilles…


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De Arca1943, le 14 juin 2008 à 17:53
Note du film : 5/6

La sortie de ce très bon film étant en France un non événement, je me demande si un seul spectateur le verra.


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