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Forum : Les Jours comptés

Sujet : Dans un coffret triple avec Olmi et De Seta


De Arca1943, le 28 mars 2006 à 14:22
Note du film : 6/6

Même si sa pente «naturelle» l'entraînait à l'évidence vers un type de cinéma satirique et de déformation grotesque – que l'on connaît par de grands films comme Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon ou La Classe ouvrière va au paradis – Elio Petri a fait ses premières armes comme scénariste dans une atmosphère baignée par le néoréalisme – notammnt pour Giuseppe de Santis.

Les Jours comptés ferait excellente figure dans un superbe coffret triple où l'on mtterait aussi L'Emploi de Ermanno Olmi et Bandits à Orgosolo de Vittorio de Seta : trois films qui montrent un renouvellement du néoréalisme "pur et dur", par de nouveaux auteurs, et constituent en fait les derniers feux du genre.

I giorni contati est un film magnifique, "austère" (évidemment!) et d'un réalisme très, très convaincant sur une crise de l'âge mur. Et bien que Petri soit célèbre à juste titre comme cinéaste "politique" (on le cite volontiers aux côtés de Pontecorvo, Rosi et quelques autres), on est beaucoup plus ici dans la veine humaniste de Umberto D que de Riz amer. C'est vraiment la vie du personnage qui intéresse l'auteur et qui est au centre du film.

C'est l'histoire d'un plombier veuf de 50 ans qui a l'impression que la vie lui a filé entre les doigts; et pour la rattraper, il plaque tout. Dans ce rôle, l'acteur Salvo Randone, qui a fait presque toute sa (brillante) carrière au théâtre, trouve l'occasion d'une performance magistrale, extraordinaire même, dans un rôle pour lequel Petri avait également soumis au producteur les noms de Jean Gabin et Totò. Eh bien, à un point équidistant entre Gabin et Totò, mesdames et messieurs, voici le grand Salvo Randone !

Randone est retourné sur les planches aussitôt après (tout en prenant de nombreux rôles secondaires au cinéma). Qu'est-ce que le cinéma a perdu en ne lui faisant pas un pont d'or, à celui-là !


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De paul_mtl, le 28 mars 2006 à 15:21

Salvo Randone est en effet un tres bon acteur sans fioriture qui est parfait pour interpreter un ouvrier.

Gabin l'a fait mais il est meilleur en chef de clan et Toto a trop de 'peps' pour ce type rôle et genre.

Le passé cinematographique de ces 2 stars aurraient aussi limité l'immersion qu'avec un acteur moins connu.

Le bon choix des acteurs est deja le signe d'un bon réalisateur.

J'apprecie aussi le jeu de Regina Bianchi (a droite)

je vote pour une édition DVD.

A propos du temps qui passe vite, une sequence avec un sablier m'a frappé dans

Cantando dietro i paraventi (2003) d'Ermanno Olmi 3/6 avec Bud spencer


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De Arca1943, le 31 mars 2006 à 06:53
Note du film : 6/6

Tu me mets l'eau à la bouche avec ton Olmi. Que vient faire Bud Spencer dans l'univers de Ermanno Olmi ?!? Je dois dire que ça m'intrigue passablement !


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De Sandokan, le 9 avril 2006 à 16:01

D'après mes renseignements, c'est un grand film. Pourvu que nous puissions vérifier ça un jour !


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De Arca1943, le 28 avril 2010 à 18:36
Note du film : 6/6

Et me revoici sur ce fil, après un délai fort raisonnable de trois ans et des poussières. Le proverbe dit bien : il faut battre le fer pendant qu'il est rouge… oh pardon, pendant qu'il est chaud. Alors, puisque cet été exceptionnel verra ENFIN la sortie sur DVD du plus grand classique d'Elio Petri, la légendaire Indagine, je me permets de relancer la pétition pour ce Petri des débuts, en glorieux noir et blanc, qui m'a emporté dans sa logique morose lors de sa présentation à la Cinémathèque québécoise il y a des lustres. Acteur de légende sur les planches, Salvo Randone trouve ici un de ses rares premiers rôles au cinéma, et il y est remarquablement crédible en plombier veuf qui laisse tout tomber. Un Petri "néoréaliste" – et curieusement, plus proche du néoréalisme d'Umberto D que de celui, plus ouvertement politique, de son ami De Santis. Bref, c'est un très beau film, qui gagne à être connu… et réédité sur DVD, bien sûr !


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De Arca1943, le 20 mars 2012 à 15:42
Note du film : 6/6

Bon, mon dernier message date de presque deux ans : on ne peut donc pas dire que j'insiste lourdement. C'est juste qu'avec La Classe ouvrière va au paradis qui est annoncée pour ce printemps, après le grand classique Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon sorti l'année dernière, eh bien quoi, l'appétit vient en mangeant. Le poing levé, je réclame donc le magnifique Les Jours comptés sur DVD pour demain matin !


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De vincentp, le 25 avril 2012 à 22:54
Note du film : 5/6

Le film ressort en salles cette semaine à Paris (le champo, le mcMahon), et 9 autres salles en France (Montpellier, Lille, Avignon, Caen, Amiens, Strasbourg, St Denis, Vincennes -1- ) en copie neuve restaurée par la cinémathèque de Bologne. Signe d'une édition prochaine en dvd ?

  • 1- Caen, Amiens, Lille : une tradition cinéphile dans ces villes.

http://www.telerama.fr/cinema/films/i-giorni-contati-les-jours-compt-s,430187,seances.php

Sinon, Sandra est aussi ressorti aujourd'hui en salles. Une chose m'attriste concernant Claudia Cardinale : elle aurait eu une liaison avec un homme politique français que je n'aime pas du tout.


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De Arca1943, le 26 avril 2012 à 13:50
Note du film : 6/6

Voilà une sacrée bonne nouvelle ! (Tout comme pour l'introuvable Sandra, bien sûr). Les Jours comptés est un superbe film et Salvo Randone, tout un acteur.

Je suis moi-même l'auteur d'une nouvelle de trois pages, publiée dans mon premier recueil et intitulée "Jours comptés". Ça parle d'un plombier italo-québécois nommé Salvo Petri, le jour où il prend sa retraite…

Par contre, que « Claudia Cardinale (…) aurait eu une liaison avec un homme politique français que je n'aime pas du tout », en voilà une nouvelle qui va changer quelque chose au cours du soja !


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De vincentp, le 26 avril 2012 à 18:21
Note du film : 5/6

Ma réflexion est peut-être un peu décalée… Mais j'aime particulièrement l'actrice de La fille à la valise, ou Le Mauvais chemin, et l'imaginer dans les bras de gangsters m'attriste.


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De Impétueux, le 26 avril 2012 à 18:44

Est-ce que vous imaginez mieux, Vincentp, Arletty, Mireille Balin, Hélène Robert (la vedette de Fric-Frac) et une palanquée d'autres dans les bras des officiers de la Wehrmacht ?

Cessez ces enfantillages ! Que Claudia Cardinale ait eu des bontés pour certain Président de la République (1995-2002) est de notoriété publique depuis longtemps. Et alors ? Ce n'était ni la première, ni la dernière (à l'époque)… En plus, ça ne m'étonnerait pas que vous ayez voté pour lui au second tour de 2002…

Alors…


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De vincentp, le 27 avril 2012 à 00:04
Note du film : 5/6

1) Arletty, Mireille Balin, Hélène Robert dans les bras d'officiers de la Wehrmacht : c'est lamentable. Merci de nous le rappeler.
2) Je ne suis plus inscrit sur les listes électorales depuis 15 ans. 3) point effacé…


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De Impétueux, le 29 avril 2012 à 09:04

Revenons au cinéma !

Le culot !!! Qui d'autre que vous, Vincentp, sur le fil jusque là entièrement consacré au film a écrit Une chose m'attriste concernant Claudia Cardinale : elle aurait eu une liaison avec un homme politique français que je n'aime pas du tout.

Comme si votre déception d'apprendre – après tout le monde, manifestement – que Claudia Cardinale couchait avec un homme politique que (vous) n'aime(z) pas du tout avait un rapport avec le cinéma !!

Et votre vertu outragée nous invite ensuite à revenir à ce qui fait, ici, notre communauté !

Allez-vous désormais quérir, tels McCarthy et Hayes (le papa du Code éponyme) les bons et les méchants, les pervers et les prudes ? Vous allez traquer les actrices (et les acteurs) qui ont couché avec le producteur, le réalisateur, l'éclairagiste, le preneur de son pour obtenir un rôle ? Ce qui pourtant n'est pas très joli-joli, n'est-ce pas ?

De mauvaises langues m'ont dit un jour que le jeune Alain D. avait dû subir la fougue d'un certain Lucchino V. pour pouvoir tourner dans R. et ses f., alors que l'acteur ne partageait pas les goûts du grand aristocrate pour l'amour grec. Il a donc fait ça pour les sous, la renommée, le pied dans l'étrier et ainsi de suite…

Tandis qu'Arletty ! Qui n'a pas en tête sa merveilleuse épithète lancée à la tête du tribunal qui prétendait la juger Mon cœur est français, mais mon cul est international !

Que vous n'aimiez pas Jacques Ch. est votre droit le plus strict ; que vous fassiez reproche à ses très nombreuses maîtresses d'avoir couché avec lui s'apparente au coup de pied de l'âne…

Vous ne votez pas ? Fort bien. Ce n'est pas l'assez modéré démocrate que je suis qui vous le reprochera. Mais ça m'amuse singulièrement venant de quelqu'un qui n'a que les mots d'humanisme, de moralité et de respect des droits de n'importe quoi (des lapins, dernièrement, à lire votre message sur La règle du jeu ! Comme si le gibier n'existait pas pour la nourriture, mais aussi le plaisir de l'Homme !)…


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De vincentp, le 29 avril 2012 à 15:32
Note du film : 5/6

Hum… Il était impossible de ne pas savoir durant l'Occupation que des français étaient victimes des agissements des nazis. La bonne attitude était de ne pas se compromettre avec l'ennemi : tel est le sens par exemple de Le silence de la mer. Une résistance morale et physique ferme et résolue. Le comportement des actrices que vous citez est bel et bien blâmable, et il est logique qu'elles aient été inquiétées pour cela à la Libération.

Le reste est plus une question d'appréciation. Je remarque que Claudia nie aujourd'hui la liaison en question, arguant du fait qu'elle n'est pas "volage". Probablement qu'avec le temps, elle s'est rendu compte de son erreur ou a conscience d'avoir été manipulé (comme hélas un peu auparavant -voir les suppléments de La fille à la valise). Les erreurs des uns doivent servir ceux qui suivent… Il est clair que le pouvoir politique (conjugué à l'argent) des hommes (qui mettent en avant ces aspects) fascine certaines femmes. On retrouve chez l'être humain un comportement identique à celui de l'animal : le roi des cervidés a pour lui une horde de femelles à sa disposition.

Nb : je ne vois pas le rapport entre le fait de ne pas voter et les lapins de La règle du jeu !


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De vincentp, le 18 juin 2012 à 23:42
Note du film : 5/6

4,8/6. Les jours comptés (1962) passe en revue très méthodiquement tout une série de concepts : le temps, l'espace, les rapports humains, sociaux et politiques,… avec quelques traits d'ironie très italiens, qui rendent l'ensemble digeste, vivant, proche des préoccupations de gens ordinaires comme vous et moi. La forme (prises de vue, lumière, musique syncopée) semble explorer les possibilités offertes par le cinéma des années 1960 dans la même veine que celle suivie par Antonioni (L'eclipse), avec un sens marqué d'esthétisme visuel et sonore (trait très italien aussi). Lequel esthétisme souligne ici la cruauté du monde humain, en opposition avec les beautés terrestres et célestes. Des chevaux magnifiques se promènent ainsi en ville, mais apprend-on, ils se dirigent vers l'abattoir…

Des images portées par des cadrages sophistiqués, plaçant régulièrement les personnages dans un angle du cadre, soulignant leur place insignifiante dans le monde contemporain qui les entoure. Ainsi, au pied du colisée de Rome -semble-t-il- quelques individus repeignent sans y arriver vraiment un passage piéton… Les jours comptés souligne la petitesse des enjeux de la société humaine -tout est bon pour gagner quelques sous de plus- et la grandeur de quelques gestes de contreparties -Cesare confiant ses maigres économies à sa petite voisine en difficulté-.

Des images représentant les différents aspects de la ville -marquée par des inégalités sociales prononcées, par une construction hétéroclite- ou de la campagne -en voie de paupérisation et de désertification-. Le passage vers une société urbaine n'est pas montré sous ses meilleurs aspects. On admire un noir et blanc somptueux (la photographie est de Ennio Guarnieri qui a supervisé en 2011 la restauration numérique du film). Elle n'est pas sans rappeler aujourd'hui celles de Sandra (Armando Nannuzzi), de La fille à la valise (Tino Santoni), L'eclipse ou Huit et demi (Gianni Di Venanzo), La viaccia (Leonida Barboni),…. On cite souvent les réalisateurs et les acteurs italiens, un peu les scénaristes (comme Tonino Guerra) mais on tend à oublier les directeurs de la photo sans lesquels rien n'aurait été possible… Tonino Guerra : le scénariste a conçu pour Elio Petri un solide scénario, qui enchaine parfaitement les situations dramatiques ou cocasses entourant le personnage principal, à la recherche de valeurs authentiques, et du temps perdu.

Des images et des propos rythmant un récit méditatif et désenchanté, de grande qualité, moderne encore aujourd'hui (on ne dirait pas que Les jours comptés a aujourd'hui 50 ans), délivrant une vision politiquement engagée à gauche (voir la représentation qui est faite de la justice, avec cet avocat marron et ce procureur fanfaron !), mais susceptible d'intéresser un large public contemporain.


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