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Forum : Traqué

Sujet : Efficace, concis, imaginatif


De Crego, le 31 juillet 2003 à 06:51
Note du film : 4/6

Enfin, Friedkin (un peu) retrouvé ! Sans atteindre les oeuvres de ses grandes années, "Traqué" est une sorte de "Rambo" intelligent, une réflexion sur le thème si cher à Stallone ou Schwarzy de la "machine de guerre" implacable érigée en héros admirable. Ici, pas d'ambiguïté, le héros décoré n'est plus qu'un sociopathe dangereux et incontrôlable, qui mutile des innocents comme le pire des Jack l'éventreur. La prestation de Benicio Del Toro, pour maniérée quelle soit, n'est pas inintéressante, car elle accentue l'aspect "anormal" de cet individu réduit à ses pires instincts et contraste avec le jeu monolithique, efficace, habituel de Tommy Lee Jones, étonnamment physique, malgré ses presque 60 ans. Connie Nielsen fait de la figuration, dommage.

En tout cas, pas une seconde d'ennui, quelques combats au couteau stupéfiants et une problématique qui laisse mal à l'aise (apprendre à tuer sans tuer soi-même) : pas du grand, mais du bon Friedkin. A savourer, donc. Ce n'est pas si courant.


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De dumbledore, le 31 juillet 2003 à 09:46
Note du film : 4/6

Devenu très inégal ces dernières années, William Friedkin vient de sortir un film qui vaut tout de même le coup d'œil. Il s'agit de Traqué, une chasse à l'homme tournée avec vigueur et dureté… On y retrouve les thèmes de ce chef d'œuvre qu'est Police Fédérale, Los Angeles et rien que ça, c'est un motif de contentement.

William Friedkin est de ces réalisateurs qui "ont eu un grand avenir derrière eux". Avec des chefs-d'œuvre comme Police Fédérale, Los Angeles, L'Exorciste, il a montré ce dont il était capable, c'est-à-dire la maîtrise parfaite de la mise en scène et le développement d'un thème qui lui est cher (et qui le rend proche d'un Ridley Scott): la violence archaïque, interne avec laquelle l'individu doit apprendre à vivre.

La suite de sa carrière n'a été qu'une recherche de cette perfection qu'il avait atteint, alternant des films tout à fait ratés avec des films plus qu'honorables.

Traqué fait partie de cette seconde catégorie et aurait pu atteindre le grand film, notamment si Benicio Del Torro n'offrait pas une prestation aussi peu convaincante, passant son temps à minauder, preuve qu'il a pas réussi à comprendre le personnage qu'il était censé incarner.

Il faut dire que derrière des dehors un peu cliché, le couple de personnages formé par Benicio Del Torro et Tommy Lee Jones est d'une passionnante complexité, aussi bien dans leur rapport que dans leurs problématiques propres. Tous deux d'abord essayent de vivre avec un passé avec lequel ils sont rupture. Tommy Lee Jones refuse son passé de maître de guerre, formateur de jeunes GI aux combats meurtriers et Benicio Del Torro n'arrive pas à vivre dans une société en paix, n'arrive pas à oublier son passé de tueur professionnel. Le thème apparaît clairement : comment l'homme peut-il vivre "normalement" quand on a réveillé en lui les pires instincts, quand on l'a formé à tuer sans sentiment, sans hésitation ?

Le parcours des deux personnages se jalonne de trois rencontres entre les deux hommes. Si Benicio Del Torro n'évolue pas du début à la fin du film, Tommy Lee Jones, lui, change. L'homme qui n'a jamais tué, qui n'est jamais passé à l'acte, va devoir tuer et finalement se perdre dans cet acte qui remet en cause sa ligne de vie. Il va finalement basculer dans ce qu'il refusait d'être. Le film développe à cet égard le même principe que Police Fédérale, Los Angeles.

Il faut rajouter à ce scénario intelligent de film de genre (car on est totalement dans le film de poursuite classique) une mise en scène irréprochable de Friedkin qui prouve par là qu'il a encore de bonnes réserves et de quoi faire encore de bons films…


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De htdjydyd, le 29 septembre 2004 à 11:25

pouvez vous me dire de quel type de couteau se sert aaron hallam pour tuer les "chasseurs" dans les bois et ou je pourrais m'en procurer un


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De Chris Darvey, le 29 octobre 2004 à 21:00

"Rambo"(1) était certainement un film de série B, mais le film est beaucoup plus ambigü qu'on veut bien le dire, le thème est exactement le même que celui de "traqué". Les suites de Rambo (le deux a été écrit par James Cameron, pas la meilleure chose qu'il ait faite) sont d'un goût douteux, autant que peut l'être "il faut sauver … Ryan". Bref "Traqué" est un remake intelligent de Rambo. En tout cas, je sui ravi du retour de Friedkin … qui est et restera un des plus grands réalisateurs.


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De PM Jarriq, le 27 mars 2006 à 21:07
Note du film : 5/6

Impossible de ne pas comparer le film à Rambo, mais le film de Kotcheff en pâtit énormément. Traqué est effectivement un excellent thriller, intelligent dans sa thématique sur la violence, et extrêmement physique. Le duo de comédiens est magnifique, Del Toro emportant le morceau dans un rôle terrifiant et nihiliste. Friedkin s'il n'a plus le génie de ses débuts, garde de très beaux restes, et quand il tombe sur un bon matériau, comme c'est le cas ici, il démontre qu'il pourrait encore signer quelques oeuvres plus importantes. Néanmoins Traqué est un produit de qualité, qui provoque une vraie réflexion sur la fascination du cinéma U.S. pour ces "pros" de la mort violente que tous les Rambo et Chuck Norris ou Steven Seagal nous incitent généralement à admirer et à approuver. Ici, le tueur fait peur, et c'est là que Traqué trouve sa vraie raison d'être.


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De vincentp, le 15 avril 2006 à 22:51
Note du film : 5/6

Un très bon thriller, porté par un scénario intéressant, une belle interprétation (de Tommy Lee Jones, notamment, qui reprend à son compte de façon sidérante les comportements du conseiller du film, un célèbre "tracker" ), une mise en scène efficace de William Friedkin, alias Billy pour ses collaborateurs, qui excelle notamment dans les scènes de poursuite. Les suppléments du dvd sont intéressants, Friedkin expliquant notamment comment il est sorti du canevas de départ pour intégrer dans l'histoire certains décors urbains. Le rythme ne faiblit pas (le metteur en scène indiquant son parti pris d'aller à l'essentiel), les scènes de poursuite sont réalisées avec imagination, et si l'on aime ce genre de film -ce qui est mon cas- on passe un bon moment à le regarder.


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De Gaulhenrix, le 26 avril 2007 à 15:04
Note du film : 5/6

Un bon "retour", en effet, de William Friedkin

Le préambule du film – bref, mais traumatisant par son extrême violence – met en scène un commando américain chargé d'exécuter un chef de milice Serbe qui extermine la population civile kosovar au moment où l'Otan bombarde le pays, déclenchant ainsi la guerre du Kosovo. Il précise cruellement les enjeux du film : le massacre de civils et l'exécution barbare du chef Serbe expose explicitement le thème de la sauvagerie animale et le film semble illustrer, à l'évidence, la célèbre affirmation du philosophe Hobbes : « A l'état de nature, l'homme est un loup pour l'homme. ». William Friedkin (French Connection, 1972 – L'Exorciste, 1973 – Police Federale Los Angeles, 1986) nous montre, en effet, l'homme à l'état de nature…

Précisément, la séquence qui succède au préambule donne à voir, au cœur d'une forêt de l'Oregon, dans un paysage vierge enneigé, un loup pris au piège. Et c'est encore l'image d'un loup qui clôt le film dans un retour au même paysage naturel immaculé. Entre-temps, Friedkin déroule son implacable démonstration en cinq épisodes qui couvrent environ vingt-quatre heures. Les deux scénaristes (David et Peter Griffiths) imaginent deux personnages « primitifs » inspirés d'un Rambo qui se pourchassent sans trêve, comme dans Le Fugitif, et s'affrontent en un combat d'une sauvagerie toute animale, semblable à celui du final de Predator. Ces trois références (et il y en a bien d'autres) ne sont pas rappelées pour dévaluer le film mais, bien au contraire, pour insister sur l'originalité du propos de Friedkin : proposer, avec Traqué, un condensé du film d'action de ces vingt dernières années et, en parallèle, conduire une réflexion sur la violence chez l'être humain.

L'instructeur L.T. Bonham (Tommy Lee Jones), qui forme des commandos « prêts-à-tuer » et à survivre dans les pires conditions, a eu pour élève Aaron Hallam (Benicio Del Toro) dont l'intervention au Kosovo prouve l'efficacité de l'enseignement reçu. Mais cet apprentissage a créé en lui une dépendance à son maître et une inadaptation à la vie quotidienne (il suffit, à titre d'exemple, d'évoquer l'étonnante relation avec sa fille à laquelle il ne sait que proposer, comme jeu, d'identifier les traces au sol d'un écureuil !). Attaché à son professeur, tel un chien à son maître, il lui lance un appel au secours qui reste sans réponse. Il décide alors d'utiliser un autre mode d'écriture qui leur est commun : le meurtre…

Tout le talent de Friedkin se retrouve dans des scènes d'action toujours innovantes et maîtrisées : on songe, bien sûr, à celle de la guerre, dans le préambule. Mais l'attaque des deux chasseurs, l'évasion et, surtout, la traque qui s'ensuit est magistrale dans sa construction et efficace dans son déroulement. Elle propose alors, jusqu'à la fin du film, toute une succession de véritables morceaux de bravoure. D'abord, une poursuite en voiture très originale, suivie d'une traque à pied dans une ville considérée par le gibier et le chasseur comme l'équivalent d'une jungle dont il faut savoir lire les signes. Enfin, au bord d'impressionnantes chutes d'eau, a lieu le combat final, orchestré comme un somptueux retour au cerveau reptilien et à l'âge de pierre, où l'on aiguise son silex dans un corps à corps d'une sauvagerie bestiale qui fait écho à la violence de la nature dans le fracas des eaux.

Les décors du film, variés et symboliques, nous font traverser successivement des paysages vierges recouverts de neige, de splendides forêts primitives de l'Oregon, la ville montrée comme une jungle et des cascades que l'on imagine surgies des origines du monde. Par l'utilisation même du décor, David Friedkin rappelle, inlassablement, que la Nature est sauvage (les paysages, mais aussi les éléments : eau, feu, neige), et animale (l'aigle qui plane, puis le loup) et que l'homme (les chasseurs de cerf et les habitants de la ville) porte encore en lui, depuis la nuit des temps, cette marque originelle. Ce propos explique aussi le contraste – appuyé – entre les vêtements, modernes, des deux hommes qui se pourchassent et leur combat à la fureur toute préhistorique. A cet égard, un autre contraste mérite d'être souligné : si Bonham libère le loup du piège qui l'emprisonne et le laisse aller libre, il se refuse à aider Hallam dont il brûle les lettres. Serait-ce à dire que cet échec personnel du maître signifie que l'être humain ne peut se satisfaire de sa part animale, contrairement à ce qu'enseignait Bonham ?

La signification du film se situe, me semble-il, dans la mise en perspective de l'ouverture du film (dans la neige, Bonham libère le loup du piège et l'encourage) et de la fermeture (une main – celle de Bonham, certes, mais il n'est pas montré et c'est un désaveu de sa part, une façon de signifier qu'il a refusé de lui tendre la main – jette les lettres de Hallam au feu, puis dans la neige passe le loup du début,). Friedkin oppose ainsi les deux dimensions antagonistes de l'être humain : pour Hallam, chien fidèle, l'homme a un besoin vital d'humanité, alors que pour Bonham, loup solitaire et indifférent, l'homme n'est toujours qu'un animal et doit se montrer stoïque comme Vigny dans la Mort du Loup : "Gémir, pleurer, crier est également lâche / Seul le silence est grand". » Le film s'inscrit tout entier entre les deux points de vue de Hobbes et de Vigny.

Tommy Lee Jones se montre aussi convaincant que dans ses films précédents. Benicio Del Toro est aussi implacable dans son métier de tueur que surprenant par le regard d'enfant perdu qu'il adresse à son mentor. Connie Nielsen, dans un rôle en retrait, affiche une beauté sereine.

NB : il faut souligner que le film propose, du point de vue du son, un effet inhabituel – et très réussi – qui porte sur les voix. Qu'on en juge. Alors que sur l'écran s'affichent deux chasseurs, vus de dos, tout à la poursuite de leur gibier, une voix, qui sort des enceintes arrière, les interpelle et les fait se retourner, face à nous donc ! Une belle utilisation de l'espace sonore, qui pourrait donner des idées aux ingénieurs du son qui nous habituent trop souvent à une utilisation banale des pistes sonores, surtout lorsqu'il s'agit de films d'action.


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De Impétueux, le 26 avril 2007 à 15:30

Tout cela me donne bien envie de découvrir ce film que, personnellement, j'ignorais… d'autant que ces questions m'intéressent…


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