Très solide thriller qui met aux prises un employé avec la société californienne, celle des embouteillages, de la pollution, de la surpopulation, de l'éclatement du cercle familial, de la sécurité à outrance, et de la violence. Un environnement monstrueux et chaotique dans lequel dijoncte et s'enfonce un américain moyen. C'est donc un Michael Douglas hagard, l'arme au poingt qui erre dans les rues de la ville poursuivi par un Robert Duvall lui même pourchassé par son épouse. Le cauchemar total. Shumacher filme de façon efficace cette dérive urbaine diurne, qui nous éclaire quelque peu sur la pénibilité de la vie américaine urbaine, loin des clichés habituels.

La vie urbaine Américaine ? Mon cher Vincentp, je ne crois pas que les barbares qui hantent nos rues, les flingues qui se vendent sous le comptoir, les Nazillons prêt à tirer sur le premier brun qui passe, les hommes de cinquante ans qui ne sont plus "économiquement viables", les lieux de non-droits, les terrains de golfs verdoyants, été comme hiver, sous le regard des familles qui s'entassent à huit dans un trois pièces sur cour, les amours défuntes, j'en passe et des meilleurs, je ne crois pas, disais-je, que ces réjouissances là soient réservées à la seule et grande Amérique…

Joel Schumacher, heureux réalisateur de l'extraordinaire phone game nous livre là le constat désespéré d'un chaos universel . Et les deux histoires croisées de ces destins brisés , michael douglas en individu qui pète les plombs, et Robert Duvall, flic sur le retour et brisé à jamais par la perte de son enfant, se fondent parfaitement dans ce grand maelstrôm de violences nées d'un monde absurde. Car si un sujet est abordé en profondeur dans ce film, c'est bien l'absurdité totale d'une société qui se noie dans ses propres outrances …

Un film coup de poing ! Pire : Un constat. Un film miroirs multiples, car il nous est bien difficile et pénible de savoir qui des barbares ou de ces hommes bléssés nous renvoient notre image…Cette Chute libre nous guette à tous et un scénario finement ciselé nous prévient fort intelligement de ce qu'il peut advenir de nous et de notre prétention dans une vie qui nous dépasse bien souvent…Oui, Vincentp, comme vous le dites : Le cauchemar total ! Brillamment filmé, merveilleusement éclairé, voire lumineux…Mais un cauchemar !

Révélations. C'est au cours de ce tournage que Douglas a rencontré son actuelle épouse. Il fut surpris dans une chambre d'hôtel avec la belle par son épouse d'alors (un mariage de plus de vingt ans) qui s'inquiétait de son absence au foyer familial (et qui devait avoir quelques doutes). Cette histoire a été révélée par Douglas lui-même, donc nous pouvons en parler, sans verser dans le malsain et le malséant.

Curiosité du Chute libre : un personnage en phase avec le parcours personnel d'un acteur, en proie aux démons de la quarantaine.

D'une idée de départ géniale et intéressante : en pleine canicule, un Américain moyen au chômage, pris d'insolation va abandonner sa voiture en plein milieu d'un embouteillage monstre, traverser les quartiers les plus mal famés de Los Angeles, entrer dans des écarts de violence contre à peu près tout le monde qui lui déplaît. S'emparer d'un véritable arsenal et semer le chaos dans une société qu'il méprise, littéralement pris dans un point de non retour.

On peut un peu penser au Boucher français de Seul contre tous avec ses dérives, ses ressassement haineux… Ses valeurs. Cependant la Chute libre de Joel Schumacher ne m'a pas paru aussi terrifiant que ce que son sujet le laisse prévoir… Manque de psychologie concernant le personnage de Michael Douglas manque de tension également. Atmosphère suffocante, certe mais on finit par avoir presque trop d'empathie pour ce paumé de la vie pour le condamner complètement et le penser aussi dangereux que ce qu'il l'est.

Pétage de plomb qui aurait demandé plus de violences, d'avantage de troubles… On aurait aimé ressentir plus de pitié pour William Foster qui après tout ne rêve que de passer une journée d'anniversaire avec sa fille…

Cependant le tempo, y est. Le duel Douglas/Duvall nous mène vers un final bien pessimiste et à défaut d'être angoissant, surprenant le sens du rythme fait que l'on ne s'ennuie pas un instant.

Que manque-t-il d'autres alors ? J'aurais aimé ressentir d'avantage de suspense, que son triste héros file d'avantage la trouille et certains excès : le tir au bazooka sur l'autoroute en chantier montre qu'on est un petit peu trop dans du cinéma américain un brin trop commercial à destination du grand public.

Voilà un sujet que Eastwood réalisateur avec plus de retenue aurait réalisé à la perfection.

J'ai cependant vu un film que je n'ai pas lâché d'une minute, alors pourquoi cracher dans la soupe ?

De là à considérer Chute libre comme un chef d'oeuvre du thriller urbain ou comme un film culte… Un amer goût de déception là où j'attendais démences et insanités.

Il faut dire et je souhaite que ce message soit retenu Chute libre est un film Beauf pour Beaufs… Seul un gamin de 12 ans pourra être pris par le film. Il m'a fallu un jour de décalage pour me rendre compte que l'on est vraiment proche du navet. Et je ne comprends pas l'engouement de Vincentp et de Lagardére devant ce petit truc.