Mes favoris sont les enchaînés, complexe et subtil, extraordinairement bien mis en scène, la mort aux trousses, et jeune et innocent pour son humour débridé.
Sur Hitchkock, outre l'excellent livre de Patrick Brion, on peut consulter -entre autres- le Grand Atlas qui lui est consacré, et le livre de Donal Spoto qui retrace son parcours. Sans oublier une bonne dizaine (voire centaine) d'autres bouquins, celui de Claude Chabrol et Eric Rohmer, ceux de Jean Douchet et Noël Simsolo, celui de Peter Bogdanovitch, etc…
Existe-t-il un metteur en scène sur lequel il a été publié autant d'ouvrages ? Seul John Ford doit pouvoir le concurrencer sur ce plan-là, mais pas sûr.
Le scénario, proposé par Alfred Hitchcock au producteur Selznick, est jugé par ce dernier médiocre ce qui le pousse à se dégager de la production. Dès lors le cinéaste d'origine anglaise retrouve une liberté qu'il n'avait pas lors de ses précédents métrages américains. Ainsi, n'étant point brider, sir Alfred pose ici sa touche personnelle faite de maints trucages éprouvés durant la période anglaise.
Cette œuvre apparut à sa sortie comme un film de propagande patriotique mais, de facto, le côté politique est à peine défloré -bon d'accord, j'exagère un tantinet- par Hitchcock qui préfère insister ici sur l'aventure, le suspense et le spectaculaire. Bref, cet opus rythmé aux rebondissements incessants, malgré une baisse de régime vers le milieu, propose quelques scènes fortes comme le bouquet final sur la Statue de la liberté et met littéralement le spectateur en état de dyspnée. Mais, ce long-métrage pâtit de l'interprétation quelconque des acteurs principaux et notamment de Robert Cummings aussi fade qu'un discours de Jean Glavany dans l'hémicycle . Or, Hitchcock pensait, à juste titre, que pour que ses films fonctionnent parfaitement, il fallait que le public s'identifie au destin du héros, qui était souvent campé par un acteur vedette. A ce sujet, le réalisateur aimait à dire que plus un méchant était réussi, plus le film l'était. Ici, deux trognes sortent du lot à savoir le roublard et vil Otto Kruger et le déroutant et inquiétant Norman Lloyd.
A noter, les ressemblances thématiques marquées avec Les 39 Marches, Les enchaînés ou encore La mort aux trousses. Au final, si, en lui-même, ce métrage méconnu se situe à un niveau inférieur par rapport aux trois précédemment cités, il n'en demeure pas moins le prototype du film à suspense dont moult œuvres hitchcockiennes servent de mètre-étalon.
Maxi mea culpa, j'ai essayé d'évoquer d'autres réalisateurs, mais rien n'y fait, j'en reviens toujours au même. Je dois souffrir de troubles compulsifs. C'est grave, docteur !
Sébastien, l'Hitchcomaniaque!
A force de vous entendre tous en parler, il faudra bien que je me décide à voir un jour à quoi ça ressemble, un Hitchcock…
Je crois que je n'ai vu que Psychose – pas mal, c'est vrai – et Les oiseaux, un peu niais…
Qu'est-ce que vous conseilleriez pour commencer ?
Dois-je comprendre que vous n'avez jamais vu La Mort aux trousses, Impétueux ? Si c'est le cas, il vous le faut !
Si je ne devais en garder qu'un, je crois que ce serait l'échevelé et fiévreux Sueurs froides.
Oui, Sueurs froides qu'Impétueux connaît déjà. au fond, puisqu'il a sûrement lu D'entre les morts, de Boileau-Narcejac.
En fait, l'œuvre de Hitchcock se décompose en 4 phases distinctes :
Tout ceci n'est évidemment pas exhaustif car chaque métrage du maître du suspense recèle une part de mystère et compose, in fine, une véritable symphonie. Même les opus considérés comme mineurs ne peuvent être négligés car ils constituent le terreau, le matériau, le substrat de chefs-d'œuvre à venir. A noter, deux films mineurs Le procès Paradine et L'Auberge de la Jamaïque (toute proportion gardée, bien sûr) accueillent sur leur bobine celui que je considère, à mon humble niveau (je n'ai pas la prétention, cher Impétueux, de vous imposer mes vues), comme un des meilleurs acteurs à l'égal des Humphrey Bogart ou des deux fidèles de sir Alfred que sont Cary Grant et James Stewart, à savoir le Britannique Charles Laughton, au talent protéiforme, et dont l'unique film se révèlera un sommet d'onirisme empruntant à la fois au conte, au western, au cinéma fantastique ou au film noir à savoir l'inégalé La nuit du chasseur.
Et tout à fait à part des autres ou presque, ce chef-d'oeuvre qu'est Le Faux coupable, avec un Henry Fonda extraordinaire.
Pas vraiment à part, car en fait, il constitue un diptyque, avec La loi du silence, sur la culpabilité, thème récurrent chez Hitchcock chez qui tout innocent demeure un coupable en puissance!
Ces deux métrages sont littéralement portés par deux acteurs exceptionnels, véritables martyrs de l'erreur judiciaire, à savoir le torturé et complexe Montgomery Clift et le sobre Henry Fonda.
Et un peu dans la même famille que Le faux coupable (à voir, comme le dit Arca, ne serait-ce que pour Fonda qui suinte l'angoisse), La loi du silence sur les tourments d'un prêtre (Clift) qui a reçu la confession d'un assassin.
Et d'autant plus que dans I Confess, il y a Gilles Pelletier, Renée Hudon et Ovila Légaré. Ha! Ha! Ha!
Si je vous comprends bien tous – dont la science hitchcockienne paraît sans faille – je dois m'établir un programme assez considérable à suivre à la lettre…
Cette ingestion-là – et celle des trente (30 !) épisodes de Twin peaks me permettra-t-elle de me plonger de temps en temps dans mes chers Grangier et Berthomieu ?
Ah, misère de n'avoir que vingt-quatre heures dans la sainte journée !!!
Personnellement, j'en ai vu -et revu- 33 en DVD et 8 en VHS. En fait, ma passion pour le cinéma est due en partie à Hitchcock et à deux de ses héroînes Grace Kelly et Ingrid Bergman. En vérité, j'ai deux autres réalisateurs qui obtiennent mes suffrages John Ford en raison de mon goût prononcé pour les westerns et Fritz Lang, en raison de mes racines germaniques.
Pour répondre à notre ami Impétueux, le premier Hitchcock que j'ai connu et qui m'a donc marqué est "Mais qui a tué Harry ?" – Ensuite, celui qui m'a marqué pour la brillance de la scène dans le champ de maïs est "La mort aux trousses" – Néanmoins, entre temps, j'avais vu la seconde version de "L'homme qui en savait trop" – Tout cela est assez "inégal" et, en fait, c'est bien plus tard que j'ai réellement vu les films du père Alfred d'un tout autre oeil – Et, c'est très vrai, si l'oeuvre est inégale, en attendant, elle ne laisse pas indifférent – Je crois qu'il est difficile de dire quel est le meilleur Hitchcock car chacun d'entre nous ne les reçoit pas de la même façon, mais, ce dont je suis sûr, il faut tous les voir, anciens comme récents – En plus, le père Hitch, s'il était roublard dans sa façon de mettre en scène ses films, cadrait quand même fortement avec ses idées politiques…
Je penserai aussi que chacun de ses films mérite d'être visionné plus qu'une fois et qu'ensuite, il convient d'effectuer des liens entre eux si on le peut, leur donner un classement très subjectif, mais il y a des rapprochements à effectuer.
Quand notre ami Urspoller évoque Lang, ce qui est très bien quand on sait qu'il y a là aussi un pan de culture à lui consacrer, et ensuite John Ford, je crois que notre ami va nous retrouver sur un ou plusieurs films desdits pour qu'il nous fasse partager ses passions et que nous puissions nous positionner par rapport à celles-ci.
En ce qui me concerne, c'est sur le très tard que je suis revenu vers Ford. Pour ma part, mais ce sont des affinités qui sont vraiment personnelles, je préférais Walsh et Hawks. Les déclinaisons à partir de ces personnages sont nombreuses.
Amicalement – Droudrou
Hitchcock demeure le scrutateur du mental, des pulsions, des méandres de l'inconscient, des pensées inavouables, des symboles, du pêché originel, des phobies, des névroses… Le noeud gordien de l'oeuvre hitchcockienne est l'ensemble des relations sous-tendant l'action et les protagonistes de l'intrigue. Chez sir Alfred, il n'y a pas uniquement que les acteurs et l'action, le meurtier et la victime, le coupable et l'innocent, il y a toujours un tiers fondamental, point focal de l'histoire, constitué par les relations nouées par les personnages principaux.
Les trois premiers quarts d'heure de Saboteur font irrésistiblement songer à une série étasunienne qui eut son heure de gloire au point qu'elle suscita, quelques décennies après son passage à la télévision, le tournage d'un film pas trop mal fait : c'est Le Fugitif et son adaptation que j'évoque : un individu sans particularité notable est saisi dans une machination, faussement accusé de meurtre alors même que le véritable criminel s'enfuit et se trouve pourchassé par la police alors qu'il cherche désespérément à retrouver le vrai coupable. Voilà un ressort dramatique qui n'est pas tout à fait neuf mais qui produit de bons effets, le cœur du spectateur battant à peu près au rythme du malheureux innocent qui est toujours à deux doigts de prouver qu'il n'a rien fait et qui n'y parvient pas.
L'ingéniosité du scénariste est précisément de laisser croire que le malchanceux pourchassé va finir par prouver qu'il n'est pour rien dans ce qui lui arrive avant de lui enfoncer à nouveau la tête sous l'eau par un coup de théâtre malencontreux ; dans ce domaine, le format temporellement restreint du feuilleton est celui qui permet les plus beaux effets, ceux-ci ayant tendance à s'estomper ou à se faire trop attendre au cinéma.Le petit film de propagande d'Alfred Hitchcock commence assez bien mais se perd dans le fuligineux et l'inconsistant à partir du moment où les ressorts dramatiques initiaux sont épuisés. Il faut bien alors faire appel à des artifices classiques, notamment l'introduction d'une histoire d'amour fort ennuyeuse entre le héros malheureux, Barry Kane (Robert Cummings) et une blonde dodue, Patricia Martin (Priscilla Lane) et surtout le surgissement continuel des séides de la Cinquième colonne dirigés par l'infernal Charles Tobin (Otto Kruger), thuriféraire évident d'Adolf Hitler et de sa clique. Pour réaliser une séquence pittoresque, Hitchcock va également aller zieuter du côté du superbe Freaks de Tod Browning pour présenter une collection d'êtres bizarres pensionnaires d'un cirque ambulant croisé inopinément par les fuyards : obèse, nain, sœurs siamoises, femme à barbe, tout le tremblement.
Il faut donc tirer à la ligne, développer mollement tout ce qui peut être une péripétie susceptible d'être filmée et enfin terminer par la victoire naturelle et nécessaire du Bien sur le Mal. Ce qui est dommage, c'est que plusieurs séquences sont assez réussies (par exemple celle où le fugitif est reçu dans sa cabane au fond des bois par un humaniste aveugle et mélomane, Philip Miller (Vaughan Glaser) à qui il s'efforce désespérément de dissimuler qu'il est menotté; mais qui a tout compris, ou plutôt tout entendu d'emblée). Je ne sais pas trop non plus que penser des dernières scènes, censées glacer le spectateur, qui se déroulent au sommet de la statue de la Liberté à New-York, bien tournées mais tellement convenues qu'on parvient à s'y ennuyer.C'est rocambolesque, ça n'a pas reçu beaucoup de moyens de tournage (les toiles peintes qui servent de décors extérieurs sont d'une rare hideur), ça se laisse voir, mais ça n'existerait plus si le réalisateur n'avait pas été le trop fertile Alfred Hitchcock, le Henri Decoin du cinéma des États-Unis.
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