Le mérite de ce film est de dénoncer l'atmosphère abjecte du milieu de la musique classique. Isabelle Huppert est toujours aussi charmante. Mais l'histoire est vraiment tordue. Je n'ai pas aimé ce film.
Non, moi je trouve au contraire que le film est génial. Isabelle Huppert est magnifique, Annie Girardot, extraordinaire dans un rôle superbe (enfin, il était temps !) et Benoît Magimel est un jeune comédien excellent. Donc, bravissimo à Michael Haneke pour son film !
"La Pianiste" est pour moi un chef d'oeuvre. Isabelle Huppert porte le film d'un bout à l'autre avec son indéniable talent, soutenue par Benoît Magimel et Annie Girardot ; et je trouve terriblement injuste que Cannes n'ait pas décerné un prix d'interprétation féminine ex-aequo à Huppert et Girardot, car cette dernière est une actrice éblouissante dont on a eu tort d'oublier qu'elle était encore très présente dans le cinéma français. A quand un hommage dans les règles à "Madame Marguerite" ?
Comment Isabelle Huppert parvient elle en une seule expression du visage à rentrer dans l'âme du spectateur?
Les acteurs sont flamboyants, Benoît Magimel est bien loin de son premier grand rôle dans "La vie est un long fleuve tranquille". Je ne pense pas que ce film soit tordu comme j'ai pu l'entendre par d'autres critiques, je n'ai pas lu le livre mais j'imagine que Haneke a su exploiter a merveille la psychologie des personnages. Ce contraste entre la beauté musicale et les désirs pervers masochistes du personnage d'Isabelle Huppert le rend finalement plus humain que monstrueux, surtout lorsque l'on imagine tout ce qu'elle a pu vivre avec sa mère (époustouflante Annie Girardot). Non, vraiment, ce film explore des cotés humains très profonds, des désirs refoulés, une sensibilité contenue et n'essaie pas d'être malsain gratuitement comme dans "Irreversible" par exemple. Je pense que c'est un grand film que je ne suis pas prêt d'oublier.
Poussé par la curiosité créée par le malsain mais difficile à oublier Funny games, j'ai voulu voir un autre film de M. Haneke. La pianiste, sans doute son plus connu, n'est guère plus amusant, mais tout aussi fascinant. Le film n'est qu'une plongée, de plus en plus profonde et suffocante, dans la folie d'une prof de piano dont la personnalité s'est décomposée au contact permanent d'une mère, qui l'a très certainement poussée à devenir la plus grande, depuis l'enfance, et à côté de laquelle, elle dort encore à un âge assez avancé.
Les scènes de voyeurisme au peepshow ou au drive-in, avec détails particulièremnt écoeurants, n'allègent pas le spectacle, tout comme ces séquences d'auto-mutilation, et les affrontements avec Annie Girardot vont très loin.
La pianiste doit tout à Isabelle Huppert, qui parvient à faire passer une foule d'émotions, allant de la dépravation la plus dérangeante, à l'abandon le plus pathétique, sans pratiquement changer d'expression. Elle atteint même certains sommets, dans la scène où l'interprétation d'une de ses élèves l'émeut tellement, qu'elle ne peut que quitter la salle de concert, et commettre un geste horrible.
En bref, pas à mettre entre toutes les mains, mais impossible de n'être pas hanté par cette Pianiste, et par le geste final, inévitable mais malgré tout inattendu d'Erica.
Un chef d'oeuvre réalisé par l'un des cinéastes les plus enthousiasmants du 21ème siècle (comme Cronenberg et quelques autres).
Huppert n'est pas seulement impressionnante, elle interprète également une enseignante tout à fait crédible sur le plan sociologique tant elle symbolise à merveille une certaine rigidité régulièrement constatée parmi les élites de la musique savante (on pourrait presque parler ici de névrose "surmoïque"), rigidité névrotique extrême et tendant au dogmatisme qui peut s'expliquer par la pression énorme qui est constamment exigée lorsqu'on parvient à un tel niveau.
Michaël Haneke n'est pas un cinéaste consensuel : le film est toujours désagréable à regarder ; il repose sur les épaules d'Isabelle Huppert qui, Dieu merci ! est la plus extraordinaire actrice française de quarante dernières années : lancée dans un rôle gênant, choquant, difficile à gérer, elle règle et régit avec son habituelle maestria les demandes de son réalisateur : elle est magnifique, angoissante, accablante. Elle fait peur, elle fait peine. On voit vite qu'elle n'ira pas beaucoup plus loin que la fin du film l'exige.
Et de fait…
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