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Forum : Heaven

Sujet : Critique


De dumbledore, le 26 juin 2003 à 13:32
Note du film : 6/6

Le film est écrit par des auteurs polonais (Krzysztof Kieslowski et Krzysztof Piesiewicz), réalisé par un Allemand (Tom Tykwer), interprété par des Américains (Cate Blanchett et Giovanni Ribisi), co-produit par des Français et parlé en italien. Vive le cinéma, pays sans frontière !

Au delà de l'anecdote amusante de ce mélange des langues, disons-le tout de suite : Heaven est un grand film. Le scénario est sublime, offrant des personnages très riches et très forts (même s'ils s'édulcorent un tout petit peu dans la dernière partie) ; la mise en scène est somptueuse, tout à la fois intelligente et sobre. L'interprétation est irréprochable. Cate Blanchett trouve là un personnage riche et profond et tout son talent de comédienne est enfin exploité à sa mesure. Très peu dialogué, le film ne lui offre aucune facilité pour nous rendre sympathique et touchant ce personnage pourtant complexe. A ses côtés se tient un futur grand comédien. Certains l'ont peut-être découvert dans The X Files (série TV) où il jouait un ado télékinesique à faire peur ou bien encore dans un rôle tout aussi décalé, il était le frère de Phoebe dans Friends (série TV).

On aurait pu craindre le pire d'une adaptation d'un scénario de Krzysztof Kieslowski. Eh bien, il faut reconnaître le talent du réalisateur de Cours Lola Cours. Tom Tykwer a su rester fidèle à l'univers et aux thèmes (la culpabilité notamment) du réalisateur polonais, mais surtout il a su ne pas copier ou bien vouloir faire à la "manière de".

Il offre également de très belles idées visuelles. Heaven était conçu comme le premier volet d'une trilogie qui aurait dû contenir en plus la Terre et le Purgatoire. Tom Tykwer intègre cette idée à sa réalisation, travaillant sur la notion de hauteur : le haut du building où est posée la bombe, la cachette de l'évasion se trouve en haut d'un clocher, la scène d'amour a lieu en haut d'une colline, dominant le reste du monde, etc. Ce "ciel" se voit également dans les axes de prises de vues. Dès qu'on est en extérieur, Tom Tykwer utilise de grands mouvements de grues pour filmer ses personnages en plan d'ensemble et en plongée. La seule contre-plongée du film se trouve dans le dernier plan du film, un des plus beaux et des plus forts qu'on ait vus au cinéma, aussi beau notamment que celui de Bienvenue Mister Chance

Il est suffisamment rare de tomber par hasard sur un grand film méconnu pour qu'on puisse avoir terriblement envie de le faire découvrir. C'est le cas ici avec Heaven. A voir donc sans hésitation !


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De bastien, le 30 juin 2004 à 16:50
Note du film : 5/6

Kryztof Kieslowski, avant de mourir, avait commençé à écrire une nouvelle trilogie "Ciel, Enfer, Purgatoire", et ce premier scénario a été repris par le jeune réalisateur de "Cours Lola Cours" et "The Princess + The Warrior". D'emblée, les personnages et leurs démarches spirituelle portent la marque de l'auteur de la trilogie "Trois Couleurs", mais avec un aspect social et métaphorique plutôt allégé. En observant le film, on remarquera que sa démarche intrinsèque est elle même en trois partie (Enfer, purgatoire, ciel) et celà emmène à se demander jusqu'ou a été l'adaptation du projet. Mais en soit, de ce matériel, Tom Tykwer en tire avant tout une histoire d'amour fascinante et un regard jeune et ouvert sur ses questions existencielles. Le couple émouvant Blanchett/Ribisi, déjà esquissé chez Sam Raimi, en devient un parfait relayeur.

Le réalisateur s'épure de films en films, et si ses expérimentations du passé sont absentes, c'est au service d'une mise en scène vraiment fluide et réussis ainsi que d'une rythmique de temps suspendu auquel on se laisse volontier entrainé (les notes d'Arvo Part, avant "Gerry", aidant beaucoups). En 90 minutes le film parle de choses graves sans jamais tomber dans les semelles de plomb du symbolisme, avec un regard d'une douceur étonnante. Le tout aboutit à une dernière demi-heure vraiment magnifique. L'embiance cottoneuse pourra peut-être en laisser quelques uns sur le carreaux, ainsi que le final surprenant. J'ai été captivé, touché, mais bien qu'ayant énormément apprécié, je ne sait trop quoi penser encore de cette oeuvre qui semble absolument fuir tout ce qui pourrait lui donner un aspect définitif. C'est sans doute une qualité, puisqu'"Heaven" arrive finalement à nous donner une impression rare: celle d'avoir cotoyé les anges.


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