Forum - Sept jours ailleurs - Escalier en spirale
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Forum : Sept jours ailleurs

Sujet : Escalier en spirale


De dumbledore, le 25 juin 2003 à 14:57
Note du film : 3/6

"C'est l'histoire de deux poissons rouges qui sont dans un bocal et qui tournent, lundi, mardi, mercredi, et le jeudi l'un des poissons dit à l'autre : Qu'est-ce qu'on pourrait faire demain ?" L'histoire est drôle et ce qui l'est encore plus, c'est qu'elle racontée par une jeune femme qui descend un escalier en spirale, comme ces poissons qui tournent en rond.

Le thème est posé dès la septième minute du film et Marin Karmitz va s'amuser à jongler avec les formes ennuyeuses ou constructives de la répétition. La répétition du ballet qu'il faut reprendre encore et encore. Ce couple qui passe à la télé pour témoigner de leur enfermement dans un fonctionnement social du travail qui les condamne à se croiser et les empêche de pouvoir passer du temps ensemble. Le personnage féminin qui raconte (trop) longuement la naissance de son enfant comme un fait exceptionnel alors qu'il n'est qu'un tour de cadran du cycle de la vie qui ne fait que se répéter. Le bruit de l'eau qui goutte dans l'évier, ponctuant l'attente.

Toutes ces répétitions sont là uniquement pour symboliser une seule et même chose, la répétition des schémas comportementaux des rapports humains : Jean, voulant fuir un modèle social de relation de couple, retombera finalement sur ce même schéma. L'aventure extra-conjugale que Jean imaginait comme moyen d'atteindre la liberté se révèle être un leurre..

Le sujet est intéressant, seulement, la mise en scène, si elle peut être subtile et admirable par moments, cède dans d'autres à dans des idées plus lourdes et artificielles. C'est le cas par exemple lors du retour de Jean à la maison au début du film. On le voit notamment jouer avec sa fille en ayant gardé son imperméable – c'est un peu lourd pour montrer qu'il n'arrive pas à être vraiment chez lui et qu'il va partir. Ou bien encore dans la même scène, on entend la femme (rajoutée de toute évidence en post-synchro) appeler sa fille sans que celle-ci ni son mari ne l'entendent ni ne réagissent. Ces exemples de procédés un peu lourds pourraient être répétés encore de nombreuses fois.

Le pire côtoyant le meilleur semble être la caractéristique de ce film, le premier film du réalisateur. On sent l'œuvre immature, mais terriblement porteuse de talent. Cela est d'autant plus dommage que Marin Karmitz arrêtera bientôt la mise en scène et qu'il aurait pu être, lustré par le temps, sans doute un grand réalisateur.


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De Impétueux, le 20 février 2016 à 11:44
Note du film : 0/6

Le disparu et regretté Dumbledore a bien du mérite à trouver des qualités à ce film interminable de 83 minutes (et en fait de 80 minutes de trop) et me semble montrer quelque aveuglement pour regretter que Marin Karmitz ait rapidement arrêté sa carrière de réalisateur. De fait, après avoir tourné ensuite deux films militants, Camarades et Coup pour coup, il a très rapidement compris qu'il avait davantage sa place parmi les 500 plus grandes fortunes françaises qu'au sein de la Gauche prolétarienne maoïste dont il fut membre.

Ne nous en plaignons pas puisque, outre d'être devenu un des plus importants producteurs, distributeurs et exploitants de salle du cinéma français, il nous a épargné par son abstention une longue litanie de réalisations essoufflées et ennuyeuses, auprès de qui les œuvres les plus absconses de Jacques Rivette ou de Jean-Luc Godard paraissent imitées du Gendarme de Saint-Tropez.

J'exagère à peine : il y a tout de même une vague histoire qui se déroule dans sa linéarité : la semaine que va vivre Jacques (Jacques Higelin), qui rêve de composer sa musique et qui est réduit, pour faire vivre sa famille, à accompagner en tournée une troupe de danseuses. Il est las de sa femme (Michèle Moretti), mais ne va pas trouver dans la brève aventure qu'il aura avec une des danseuses de la troupe (Catherine Martin) une raison suffisante pour quitter son foyer, qu'il retrouvera toujours aussi gris.

Que cette trame ne soit ni très dense ni très gaie n'a pas, en soi, beaucoup d'importance. On a vu des films encore plus ténus parvenir à séduire (les exemples me manquent mais il doit bien y en avoir). Mais Sept jours ailleurs présente tous les tics, toutes les manies, toutes les toquades de ce faux cinéma d'une époque révolue. Karmitz use et abuse des gros plans et des plans fixes sur absolument tout ce qui passe à sa portée : visages, panneaux, couloirs vides, façades d'immeubles glacés, parties des corps, quais de gare dans la nuit, toits, fumées d'usine et ainsi de suite. Et cela sur un fond de musiques contemporaines discordantes et avec des dialogues chuchotés, souvent inaudibles (volontairement inaudibles, évidemment).

Image brute et son direct. Voilà qui a pu abuser des gogos pendant quelques années mais qui, balancé en DVD aujourd'hui donne à voir l'immensité de l'impasse dans quoi s'étaient engagés des gens qui, n'ayant rien à dire, voulaient le faire savoir haut et fort.


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