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Sujet : LOUISE (Abel Gance)


De PdeVreel, le 14 décembre 2005 à 11:48

…une réédition française irréprochable car : si vous êtes cinéphile ET mélomane & que vous

voulez voir & surtout entendre le générique original & COMPLET du film d'Abel Gance, renoncez

à la copie américaine en DVD (publiée par Bel Canto Society fin août 2005 ) qui en a

lamentablement mutilé l'introduction (c'est-à-dire les 4 ou 5 premières mesures si

caractéristiques du célèbre prélude du chef d'oeuvre de Charpentier) & conservez précieusement

l'excellente version VHS de René Chateau (éventuellement encore dénichable en occasion sur le Web)

…que vous pourriez aussi, à défaut, vous graver en DV perso !


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De Florian, le 27 juin 2011 à 19:01

De ces années 1930, on connaît tous l'opérette filmée (Ignace, Sidonie Panache), la pièce de théâtre adaptée (On purge bébé), et même les films à sketchs, les œuvres tirées de feuilletons radiophoniques ou les pièces en un acte (La meilleure bobonne)… Mais bien plus rare est l'opéra filmé. Plus rare car beaucoup plus compliqué à transcrire pour l'écran, touchant moins les masses et nécessitant une distribution particulière composée de professionnels du chant lyrique dont la participation à un film peut se révéler fort décevante. Avant Georges Thill, André Baugé et Jan Kiepura avaient tenu des 1ers rôles dans des fictions, je ne peux me vanter de les avoir vus, mais en entendant les comiques de l'époque les railler (dont Pierre Dac), ces films étaient sûrement épouvantables.

Pour cette Louise qui nous intéresse, le constat est mitigé. Le film a été tourné à Saint-Maurice, et le décorateur n'a fait aucun effort pour masquer le studio, les vulgaires toiles peintes d'arrière-plan rappellent les vues-Lumière, sauf qu'ici, l'excuse de la genèse n'est plus valable. Peut-être est-ce voulu, intégrer un décor d'opéra (et donc forcément sommaire car limité par l'aire scénique) pour signifier la vocation première de l'œuvre de Charpentier à être représentée sur une scène, mais si c'est le cas, l'idée n'est pas bonne.

Heureusement, les opérateurs ont fait merveille, les images sont magnifiquement éclairées et rendues en un noir et blanc esthétique. Les surimpressions sont légions et utilisées lors des passages chantés qui couvrent presque les trois quarts du film. C'est pourquoi Abel Gance a fait appel à l'excellent ténor Georges Thill, à Grace Moore et son minois mutin (mais un peu âgé, avec 10 ans de moins, la vedette féminine aurait plus…crédible, parce en 1939, elle a 41 ans et est censée vivre chez ses parents) ; et enfin, à la basse André Pernet qui chante pour l'occasion dans le registre du baryton, il aurait pu être « une gueule » du cinéma, son faciès inquiétant l'avait fait triompher en Méphisto et la caméra abuse un peu des gros plans sur son visage. La musique tient donc une place très importante dans le film, le générique nous informe en grosses lettres : « Chœur et orchestre : 120 exécutants », et Gance a parfaitement su doser l'importance des scènes chantées pour éviter la saturation, mais en revanche, la compréhension de l'histoire n'est pas toujours facile car l'élocution passe après les vocalises.

Ce qui est mal dosé, c'est la présence des seconds rôles qui habituellement « habillent » le film, le rendent plus intéressant. Thill, Moore et Pernet accaparent tant l'écran qu'il ne reste à Le Vigan et Pauline Carton que 5 scènes chacun, 2 pour Pérès et quelques lignes pour Rivers-Cadet et Malbert, Suzanne Desprès paraît bien fade auprès de son mari coléreux (mais je ne serais pas étonné que cet effacement soit voulu), cela cultive une certaine morosité. Il faut aussi s'attarder sur cette scène construite en courbe : les rues de Paris sur lesquelles apparaissent en surimpression une rampailleuse de chaise, un jeune vendeur de mouron, un vitrier…ils chantent leurs refrains respectifs, leurs voix aux différentes tessitures s'élèvent, s'entremêlent en un contrepoint parfaitement maitrisé ; les images se chevauchent, se croisent et le tout fini par s'évanouir, cette scène des petits métiers de Paris est fort jolie.

Voila, ce film évite très bien la mièvrerie, montre une esthétique délicieusement désuète mais doit demeurer une curiosité, une édition serait un gouffre car les amateurs de ce film doivent pouvoir être compter sur les doigts d'une main. Gance, loin de transformer tout ce qu'il touche en or, se débrouille bien, ça le change de Napoléon. Une question demeure : Grace Moore a-t-elle été doublée pour les scènes parlées ? Si oui, par qui ?


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