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Sujet : Oui et non


De Arca1943, le 3 décembre 2005 à 19:03
Note du film : 4/6

Le jeu de Jon Finch est à peine moins monocorde que d'habitude et Francesca Annis me semble trop frêle pour faire une Lady Macbeth vraiment convaincante. Voilà deux gros défauts ! Cela dit, quelle splendeur. Le sabbat des sorcières qui ouvre le film est à couper le souffle. L'imagerie en général est plus qu'impressionnante, le souffle, le rythme y sont, la tension dramatique aussi – après tout, c'est Shakespeare mis en scène par un maître du suspense! Même s'il n'est ni le premier ni le dernier, Polanski réussit à livrer un Shakespeare "dépoussiéré", rajeuni, le moins théâtral qu'on puisse espérer. Bref, si ce n'était de son casting étrangement flat, ce film serait un chef-d'oeuvre. Mais comment Roman Polanski, qui en plus est aussi un grand comédien, s'est-il laissé fourguer ces deux misfits ? Mystère…


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De jipi, le 5 décembre 2006 à 10:30
Note du film : 4/6

De retour de guerre Macbeth (Jon Finch) est dynamisé par la prophétie de trois sorcières le prédisant Roi d'Ecosse mais pour cela il ne suffit pas d'attendre patiemment la mise en marche du destin il faut s'investir physiquement dans le projet, les vies sont courtes les conflits incessants, agir à la seconde, saisir l'opportunité, l'époque ne prédispose pas à une passation de pouvoir temporelle décidée par la nature.

Les derniers scrupules s'anéantissent au contact d'une Lady Macbeth (Francesca Annis) vénale, sulfureuse et impatiente, un coach dans l'ombre, un potentiel sans pitié programmée dans le mouvement d'autrui.

Sans cesse harcelé par cette féminité négative motrice Macbeth réplique « J'ai tout ce qui sied à un homme pas davantage », cette phrase ambiguë d'un futur roi déclenche le plan, une violence terrible par l'accaparation d'une terreur interne et externe n'arrivant pas à freiner la détermination d'un homme prêt à tout pour être souverain, une hallucination interprétée comme directrice conduit Duncan Roi d'Ecosse et hôte de Macbeth à être saigné pendant un demi sommeil. C'est la pire des trahisons. Macbeth est roi par le crime d'un protecteur sacrifié sur l'autel de l'ambition et devient maudit dévoré par le spectre de sa victime.

Macbeth est une œuvre extravagante à la limite du grand guignol. Nous sommes en 1971 deux ans après la terrible disparition de Sharon Tate, on ne peut l'ignorer à la vision de toute cette hémoglobine outrancière, Roman montre la détresse de ce qu'il vient de vivre tout en respectant la nouvelle loi du marché cinématographique de ces débuts d'années 70. Sam Peckinpah est passé par la en imposant un cinéma rouge vif, Roman Polanski suit le sillon en intégrant son vécu.

L'auteur livre en parallèle sa psychologie par la constitution d'un puzzle à l'image d'une seule pièce. En regardant Macbeth, on y trouve « Le Locataire » embusqué dans les méandres diabolisées d'une perte de raison mutuelle entre un criminel arriviste et une persécution crée de toutes pièces.

Un centre de gravité propulsé dans une filmographie constamment dérangeante. La démesure au service de l'alimentaire dans une époque où le L.S.D est le compagnon de base d'une génération en manque de repères.

La drogue n'est pas présente dans Macbeth ni Le Locataire, les deux personnages semblent pourtant en manque ce qui déclenche certainement leurs excès.

 

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De droudrou, le 5 décembre 2006 à 11:03

D'abord une grosse c…. : il serait question d'un Macbeth produit et digéré par Mel Gibson en langage celtique…

Ceci dit : ni Jipi ni Arca me donnent envie de voir le Macbeth de Polanski.

Regardant la liste des Macbeth du cinéma, je trouve la version Polanski et la version opéra avec Léo Nucci. On est loin de Shakespeare. Quel metteur en scène est aujourd'hui capable de prendre et d'adapter Shakespeare avec les acteurs et le cadre voulu ou grâce à une remise en cause à la manière de Peter Brook ?

Cà, ça me paraît important à définir. J'aime trop peu Polanski pour vouloir aborder son film surtout si je prends en compte les informations de Jipi.


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De vincentp, le 19 novembre 2017 à 19:44
Note du film : 5/6


C'est un très bon film, ou Macbeth revêt les attributs de chef d'une secte diabolique (on pense à … Charles Manson). Reclus dans un château, entouré d'une courette, et de conspirateurs lâches, le souverain Macbeth évolue au coeur d'une société très sombre par son mode de fonctionnement ! Le prélat du coin courbe l'échine (le grand poète du XII° siècle, Jipi, dirait à son sujet : le prêtre se déplace accroché au mur comme une araignée terrorisée pour éviter l'empalement de Vlad III d'Ecosse) conscient d'être au service d'un fou sanguinaire. La mise en scène de Polanski est irréprochable, l'oeuvre sans faiblesse, avec une utilisation optimale des dialogues de Shakespeare. La photographie de Gilbert Taylor, utilisant les lumières de l'hiver, ou les brumes de l'Ecosse, confère un caractère à la fois authentique et fantastique à cette oeuvre. Une caractéristique de ce Macbeth est que globalement on se perd un peu dans cette histoire, en raison d'un argumentaire fiévreux, dominé par des éléments irrationnels. Ce Macbeth est une sorte d'Excalibur désaxé. Contrairement à Arca1943, j'ai trouvé Jon Finch bien à sa place. A voir, par des spectateurs avertis.


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