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Sujet : Un grand premier film


De Arca1943, le 6 novembre 2005 à 08:09
Note du film : 5/6

Comme tous les premiers films, celui de Claude Miller doit avoir ses défauts, mais ça fait un bail que je l'ai vu, alors je me rappelle surtout un drame prenant mâtiné de moments de comédie qui racontait un conflit sans doute un peu schématique mais très crédible entre deux moniteurs de colonie de vacances, avec une bonne fin bien ambiguë.

Excellent et tout jeune Patrick Bouchitey qui tient bien son bout d'écran aux côtés des tragiquement disparus Patrick Dewaere et Christine Pascal, que j'ai hâte de revoir tous les deux.

Bonus : la «tronche» Claude Piéplu est savoureux en directeur de la colonie compassé puis dépassé.


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De PM Jarriq, le 6 novembre 2005 à 09:01

Je me souviens de son expression navrée en découvrant les "suggestions" des élèves : "Concours de bites", lit-il, découragé. Un grand personnage, ce Piéplu !


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De Freddie D., le 29 mars 2006 à 20:28
Note du film : 4/6

La meilleure façon de marcher demeure 30 ans après, un film d'une grande ambiguïté, qui traite en fait de harcèlement, plus que d'intolérance, comme on l'a beaucoup dit. Les raisons pour lesquelles Dewaere tourmente Bouchitey sont sous-entendues, complexes, malsaines, mais la tension qui en résulte est si intense, qu'elle soutient tout le film. Celui-ci est un peu chichiteux dans sa forme (les fondus au noir ou à l'iris, trop nombreux), mais Miller doit beaucoup à Dewaere qui endosse sans faiblir un rôle absolument haïssable de macho brutal, à l'agressivité incontrôlable. Les seconds rôles comme Michel Blanc ou Piéplu sont excellents. Le film vaut encore le coup d'oeil pour l'ambiance de la colo, et la fin qui clôt le récit avec à-propos.


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De PM Jarriq, le 30 mars 2006 à 12:51

En revoyant le film, j'ai été surpris par la prestation de Dewaere, qui en réalité trouve là son plus total contremploi : celui d'un gros "beauf" insensible, macho, vulgaire, cruel voire sadique. Plutôt connu pour ses rôles de braves types pas bien fûtés (Les valseuses), de rebelle insolent (Coup de tête, Adieu poulet), puis plus tard d'homme fragile (Beau-père) ou déjanté (Série noire), Dewaere trouve dans La meilleure façon de marcher, un personnage à l'opposé de sa vraie personnalité, qu'il parvient à rendre pourtant totalement crédible et odieux. C'est curieusement à la lumière de l'ensemble de sa courte carrière, qu'on réalise à quel point le rôle de Marc est une incroyable composition.


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De lych666, le 30 mars 2006 à 13:06

Je n'ai jamais vraiment cerné si le personnage de Marc était odieux parce qu'il était amoureux.

A mon souvenir, quand il voit Bouchitey déguisé en femme son premier regard traduit une sorte de contemplation. Après, je pense qu'il peut y avoir différentes interprétations, ce qui fait aussi la force du film. Quant au regrété Dewaere, il est une fois de plus irréprochable.


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De paul_mtl, le 30 mars 2006 à 14:02
Note du film : 4/6

Je l'ai revu assez recement pour Dewaere qui donne une performance d'acteur parmi ses meilleurs même s'il est pas le personnage sympathique habituel.

Oui il joue un soi-disant "beauf" qui persecute son collegue moniteur. La réalité est plus complexe et plus ambigue comme vous l'avez souligné.

On découvre que ce de jeu de "beauf" cache au fond du harcelement sexuel/amoureux.

J'ai été un peu décu en le revoyant car les scenes de comedies sont plus limités que dans mes souvenirs. Un drame qui marque et fait reflechir sur les rapports humains.


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De verdun, le 5 novembre 2006 à 17:46
Note du film : 5/6

J'ai découvert récemment cette oeuvre de Claude Miller.

Je n'ai pas été déçu, tant le film est magnifiquement joué, d'une justesse constante.

Le point fort de cet ensemble, c'est le face-à-face entre un Patrick Dewaere une fois de plus admirable dans un rôle difficile de gros beauf parfait, et un Patrick Bouchitey non moins remarquable en intello effacé et sensible.

Le film a d'ailleurs fait décoller la trop courte carrière de Dewaere et aussi celle de Michel Blanc, remarqué dans un second rôle fort.

Mais, bizarrement, Bouchitey a dû attendre La vie est un long fleuve tranquille pour retrouver un rôle digne de son talent. Allez donc comprendre..

Un film à la fois subtil et puissant, observation profondément juste d'une France d'une certaine époque (60-70). Et il y aussi la nostalgie de revoir Dewaere.

Car, avec le recul, voici un cinéma français dont je cherche la trace en ce moment, ni grosse machine vulgaire à faire des entrées, ni film ultra-confidentiel et nombriliste. Ou est donc passé ce cinéma d'auteur généreux et soucieux de toucher le plus grand nombre ?

Enfin, avec ce film, avec Dîtes-lui que je l'aime, Garde à vue et Mortelle randonnée, Claude Miller est l'auteur d'un des plus beaux débuts de carrière de l'histoire du cinéma français. La suite fut moins régulière malgré quelques beaux moments…


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De Impétueux, le 5 novembre 2006 à 18:04
Note du film : 4/6

C'est vrai, c'est très singulier, cette carrière de Claude Miller qui part de façon impeccable et qui patine depuis…presque vingt-cinq ans (Mortelle randonnée date 1983) ; même si je n'ai pas entendu du mal de Betty Fisher, j'ai l'impression d'un total essouflement, d'une sorte de carence qui a donné des choses aussi stupides, et même presque indignes que Le sourire.

Il n'y a pas beaucoup d'exemple d'un vol pareillement stoppé !


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De PM Jarriq, le 5 novembre 2006 à 18:55

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De Impétueux, le 5 novembre 2006 à 22:24
Note du film : 4/6

Farceur !

Je n'ai pas l'impression que l'appui des producteurs ait jamais manqué à Miller….

Qui est tout de même moins mégalomane que Welles, non ?


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De PM Jarriq, le 6 novembre 2006 à 08:51

Les mauvaises langues diraient qu'il a toutes les raisons de ne pas l'être…


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De Frydman Charles, le 9 février 2021 à 08:56
Note du film : 4/6

Vu les hostilités entre les deux protagonistes, tantôt amis et ennemis, on aurait pu penser que le film se terminerait par un drame. Un coup de couteau dans la jambe de Marc (Patrick Dewaere), et pas de suites…Un happy end inattendu. Rien de plus banal qu’un pyjama rayé, celui du film le garçon au pyjama rayé (2008) est synonyme de déportation. Claude Miller a abordé la Shoah dans un secret , et indirectement dans plusieurs de ses films France-Amerique : Claude Miller "un secret" , son ressenti sur la Shoah "F.-A.: Durant toute votre carrière, vous n’aviez jamais abordé ce thème de la Shoah… C.M.: Je ne l’ai jamais abordé directement, mais il y a des tensions, une atmosphère d’anxiété et de peur latente qui peut venir d’une enfance qui a été marquée par ce qui s’était passé."

J’avais associé celui de Jodie Foster dans "moi fleur bleu" (1977) à la déportation. Dans "la meilleur façon de marcher" vers 30 mn un des enfants de la colonie à un pantalon de pyjama rayé

Dewaere est le persécuteur. Mais en fait il doit se sentir humilié par la culture étalée par Philippe et veut montrer sa supériorité en tant que sportif et sa meilleure condition physique. A 20 mn le pyjama rayé de Patrick Dewaere ne me semblerait pas significatif si L’éclairage venant de la droite (un projecteur en applique au dessus des foulards sur le mur de droite )
ne mettait l’accent sur la tenue. Contraste moins évident en augmentant la luminosité
.
Tenue qu’il recouvre d’un drap blanc comme pour dire je persécute mais je suis en fait victime . Un lit a deux places…(assises) si j’ose dire…comme un clin d’oeil à la comedie , un film à sketchs, un navet insignifiant de 1965 le lit à deux places vers 22 mn
A premier sketch, "le berceau" Jean Richard
A 1h 42 au dernier sketch "la répétition"
Darry Cowl joue la femme et Jacques Charon le fiancé. Les homosexuels furent déportés par les nazis et longtemps l’objet de discrimination. Ci-après des homosexuels déportés par les nazis


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De Impétueux, le 11 février 2021 à 15:32
Note du film : 4/6

À peine me souvenais-je avoir vu ça jadis, avant de découvrir les deux grands films de Claude Miller, qui sont Garde à vue et Mortelle randonnée. Je sais bien que tout ce qui touche à la courte et inquiétante carrière de Patrick Dewaere est nimbé aujourd'hui d'un sceau d'étrangeté et que certains de ses admirateurs font de la moindre de ses interprétations l'ultima ratio de la qualité cinématographique. Je ne dis pas, d'ailleurs, qu'ils ont tort : il y avait un tel naturel, une telle aisance dans le jeu du jeune acteur, un tel décalage avec la plupart des comédiens de son époque, une telle faculté d'être identifié, reconnu, admiré que l'on peut tout à fait comprendre la tristesse de ceux qui se sont toujours désespérés de son suicide.

Cette façon d'être que Dewaere possédait, brutale, écorchée, agressive et souvent fragile aussi fascinait assez le monde du cinéma pour qu'on lui propose des rôles complexes et souvent désagréables. À quel grand acteur du passé le comparer ? Je n'en vois aucun. Michel Simon peut-être s'il avait été beau ; on voit que nous sommes à des années-lumière.

Il me semble que, pour son premier film, Claude Miller a eu beaucoup de chance (ou de subtilité, ou d'intelligence, ou d'intuition, comme l'on veut) de pouvoir placer son sujet entre les mains de deux comédiens qui se sont parfaitement compris et de pouvoir compter sur deux talents exceptionnels. Car, sans Patrick Dewaere et Patrick Bouchitey, je doute que le sujet scabreux (c'est-à-dire qui se situe sur une sorte de ligne de crête et qui est difficile à traiter) de La meilleure façon de marcher aurait conservé une aussi belle force dans nos souvenirs.

On lit à peu près partout que, du fait des exigences sécuritaires de plus en plus contraignantes et des risques, fantasmés ou réels, de pédocriminalité, les colonies de vacances, qui furent un passage obligé de beaucoup d'enfances, n'ont plus le vent en poupe. Ce n'était pas encore le cas en 1976. Mais on traitait plutôt le sujet dans un esprit de franche rigolade en s'appuyant sur les espiègleries des gamins, l'ennui incommensurable des moniteurs et les efforts désespérés de la direction pour maintenir un semblant d'ordre dans ces joyeux bordels.

C'est d'ailleurs un peu ainsi que le film de Miller commence. Et ne commence pas si mal, d'ailleurs. Il est vrai que la présence de Claude Piéplu, acteur lunaire et fascinant, toujours merveilleusement décalé sans être invraisemblable, était un gage de réussite. Et la galerie de monos prétentieux, salaces, égrillards, paresseux (Gérard/Marc Chapiteau, Léni/Michel Such) ou prétentieux, coincé, hypocrite (Raoul Deloux/Michel Blanc, qui commençait à tester son personnage de frustré à la limite de l'hystérie) pareillement.

Le talent de Miller est de faire déraper brusquement la machine lorsque Marc (Dewaere) surprend Philippe (Bouchitey) maquillé et travesti. Sans le grand talent des deux acteurs ne serait-on pas sceptique et même hilare devant cette découverte incongrue ? C'est bien ce qui se passe, en tout cas, dans le mauvais film de François Ozon qui s'appelle Une nouvelle amie où pareille surprise est ménagée. Chez Miller, ça passe ; enfin ça passe à peu près.

Autre merveilleuse idée de distribution : l'intervention de Christine Pascal, dans le rôle de Chantal, la fiancée fragile et gracile de Philippe. Il y avait, dans les yeux, dans la mine calme de l'actrice, une telle qualité de tristesse et de distance qu'elle incarne parfaitement cette jeune fille sage, à peine inquiète, mais qui sait qu'elle devra toujours veiller avec attention sur son mari.

Car c'était alors le temps où le sujet en soubassement du film, l'attirance homosexuelle de deux hommes, ne pouvait être traité qu'en filigrane. Exactement trente ans après La meilleure façon de marcher, en 2005, Ang Lee réalisait Le Secret de Brokeback Mountain et mettait en scène deux jeunes gens qui, après avoir connu une grande passion, se marient avec des femmes.. puis se retrouvent. Marc et Philippe se toisent, se provoquent, se fascinent… ne font rien d'autre et quelques années plus tard se retrouvent fortuitement, l'un et l'autre assagis, tout au moins en apparence.

Bien que court (82 minutes), le film de Claude Miller manque toutefois un peu de rythme et sonne quelquefois un peu faux. Mais il laisse en tout cas une certaine trace…


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De fretyl, le 11 février 2021 à 23:01
Note du film : 3/6

Ça c'est étrange. Ayant revu La meilleure façon de marcher Lundi à la télévision, c'est complètement par hasard que j'ai découvert hier Le secret de brokeback Mountain !

Votre allusion Impetueux me paraît très subtile.

Pour La meilleure façon de marcher j'ai regretté que la finesse de la réalisation, du scénario n'en arrive qu'à une fin qui à mon sens aurait dû être beaucoup plus grave. La dernière séquence qui met le brouillard, aurait presque quelque chose d'onirique, voire d'imaginaire… On se demande de la véracité de la séquence…

C'est cependant très bien interprété et Pascale et Dewaere réunis ça sonne comme une connexion spirituelle de ce qu'ils deviendront plus tard. Un film à fleur de peau.

Pour Le secret de brokeback Mountain je serai plus sévère. C'est souvent mièvre, quasi moraliste, déprimant de bonnes intentions mélodramatique et tellement attendu.

Je ne sais plus quel chansonnier, imitait le Eddy Mitchell du cinéma du Dimanche soir avec perfection, celui de la dernière séance… Et dans un élan parodique caricatural lui faisait dire que lui il regardait des vrais western, avec des vrais Cow Boys, pas des Cow Boys qui s'enfilent comme dans les films d'aujourd'hui

On m'excusera cette parenthèse grivoise.


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