Sur ce site et sur d'autres, j'ai lu beaucoup de commentaires négatifs sur l'éditeur René Château. Je me suis même abstenu de me procurer Une Journée particulière tellement l'aspect technique de cette réédition semblait déplorable.

C'est que pour ce Scola de 1977, il est raisonnable d'espérer le voir ressortir entre de meilleures mains (genre Studio Canal, un de ces quatre…?) Mais pour ce Lattuada de 1954, je ne peux prendre un si terrible risque ! Sinon il pourrait m'échapper à tout jamais…

Il paraît que cette comédie (scénarisée par Luigi Malerba, Rodolfo Sonego et Charles Spaak, excusez du peu) reflète bien le goût de son auteur pour l'humour grinçant. J'ai bien hâte de vérifier ça.

En plus, bonus pour ma curiosité : on y aperçoit la grande comédienne de théâtre Valeria Moriconi dans un petit rôle…

Sortie annoncée le 6 janvier !

Vous posez bien, comme de coutume, la problématique René Château (si l'on peut employer à ce sujet des termes aussi pompeux) ; il y a bon nombre de films – du nanar délicieusement kitsch à l'opus mineur d'un réalisateur de second rang – dont nous savons très bien qu'ils ne justifient pas l'investissement financier d'une mise aux normes du DVD, avec remastérisation du son et de l'image. En ce cas, grâces soient rendues à René Château de transmuter des cassettes VHS en DVD, plus commodes à manier.

Mais là où le bât blesse, c'est qu'il y a bon nombre de grands films, voire de chefs-d'œuvre qui ne sont édités QUE par René Château ; j'ai attendu longtemps que la Cinémathèque à l'occasion de l'exposition Renoir, nous donne une édition de French cancan nettoyée et pleine de suppléments… et je viens de me résoudre d'acheter l'édition de Château… Mais plus rien ne m'étonne, puisque Les enfants du paradis que beaucoup tiennent pour le plus grand film du cinéma français (ce n'est pas mon avis, mais j'aime beaucoup néanmoins) subit la même mésaventure ; et même chose pour La traversée de Paris ou Les diaboliques.

Je suis donc bien contraint de vous suivre, en espérant des jours meilleurs pour une journée particulière…

Ce que vous dites sur Les Enfants du paradis, Les Diaboliques et La Traversée de Paris (certes parmi les plus grands classiques du cinéma français et mondial) me stupéfie. De tels films sont édités chez René Château? Je n'y comprends rien. À la rigueur, pour une édition populaire, rendant accessible à toutes les bourses le super film dont l'édition "collector" coûte la peau des fesses, je serais pour : au total, ça va faire plus de gens qui auront vu le film. Mais qu'il n'existe pas, en France, d'autre édition des Enfants du paradis ou des Diaboliques, c'est franchement incroyable.

C'est pourtant bien, hélas, la réalité : je ne vois pas de politique éditoriale cohérente nulle part : Canal+classique édite – fort bien – des films mineurs (Entre onze heures et minuit d'Henri Decoin, Compartiment de dames seules de Christian-Jaque), des chefs d'oeuvre de grands réalisateurs (Casque d'or de Jacques Becker), mais certaines oeuvres du même artiste sont chez Château (Goupi mains rouges du même Becker).

Une très bonne édition de l'intégrale de Jean Vigo a été réalisée avec le large soutien du Centre National de la Cinématographie, organisme d'Etat, dont c'est une des missions d'aider à la sauvegarde du patrimoine, les films de Louis Malle sont en cours d'excellente édition, la plupart des films de François Truffaut disposent de très bonnes conditions de reproduction, la CMF fait un travail formidable sur les Pagnol…mais on ne sent pas, là-dessous la moindre harmonie, une volonté des Pouvoirs publics ou d'un éditeur solide qui ferait un pieux travail comparable à, en littérature, La Pléiade, par exemple…

Dommage, non ?

Ce désordre peut avoir des bons côtés, surtout lorsqu'on parle de films méconnus ou mineurs (ou injustement réputés tels) qui ne sortiraient peut-être pas dans un contexte plus "standardisé" (cette Pensionnaire, par exemple ?). Mais ceci ne compense pas cela : il est vraiment étonnant qu'on n'ait pas vu surgir, en France, le pendant de ce que fait Criterion aux États-Unis. D'autant que quand ils s'y mettent, techniquement parlant, les éditeurs français de DVD peuvent faire un sacré bon boulot : ainsi l'édition américaine du Grand silence n'est vraiment pas à la hauteur de l'édition française (dans la collection "Cinéma de quartier"). La réédition de Affreux, sales et méchants frise la perfection…