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Sujet : Changement de registre


De Crego, le 23 février 2003 à 17:33

Il y a bien longtemps que Robin Williams me tape sur les nerfs avec ses rôles "cute", son humour infantile, ses imitations hors-sujet, son racolage aux bons sentiments. IL se faisait bouffer tout cru par Pacino dans "Insomnia" alors qu'il avait un rôle en or… Bref, j'allais voir "Photo obsession" à reculons. A tort. C'est un super film, qui ne dérape jamais dans le psycho killer idiot, même à la fin. Et Robin Williams y trouve son meilleur rôle (avec "Good morning, Vietnam"). Il est méconnaissable, crédible, inquiétant, touchant en même temps. Un grand numéro. Comme quoi, faut jamais désespérer.


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De Gaulhenrix, le 3 avril 2003 à 06:37
Note du film : 5/6

Tout à fait d'accord. La réalisation de Mark Romanek est remarquable. Comment se fait-il que ce réalisateur n'ait rien tourné depuis 1985 ? Le dernier plan qui montre Robin Williams aligner des photos au contenu inattendu est digne des plus grands moments du cinéma pour tout ce que l'image suggère et révèle quant au mystère du personnage. Du très grand art ! Ce film mérite bien son Prix spécial du Jury de Deauville 2002.


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De dumbledore, le 23 avril 2003 à 00:00

En deux films, Photo Obsession et Insomnia, le comédien comique extra-terrestre Robin Williams change de registre pour jouer des personnages dramatiques, deux versions différentes d'un tueur en série.

Ce changement de registre est l'intérêt premier de Photo Obsession et confirme, sans réelle surprise, que Robin Williams est un grand comédien et qu'il peut tout jouer. Sa performance est irréprochable même si son rôle est finalement minimaliste, se contentant souvent d'offrir un masque impassible aux événements qui l'agitent.

Le deuxième intérêt du film est la maîtrise impressionnante de la mise en scène. Le choix des cadres, le rythme du film et surtout le travail sur les décors et les couleurs font la réelle force du film. L'opposition entre l'univers aseptisé, très blanc, sans ombre – et sans vie – du photographe et celui, coloré, de la famille évoque bien la différence de monde et de vie des deux pôles sur lesquels repose le film.

Photo Obsession réussit à maintenir une réelle tension durant les trois-quarts du film, mais malheureusement, le dernier quart bascule dans le prévisible et le manque total d'intérêt, si bien qu'on a l'impression d'assister à une baudruche qui se dégonfle… Le scénario pèche et finalement on découvre ce qu'est réellement ce film : un simple et pur exercice de style d'un réalisateur qui n'avait visiblement rien à dire. Cela est d'autant plus dommage que le personnage incarné par Robin Williams était vraiment intéressant.


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De Gaulhenrix, le 13 mai 2007 à 23:55
Note du film : 5/6

Je viens de voir Photo obsession pour la deuxième fois, et je confirme mon premier jugement.


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De Impétueux, le 29 septembre 2016 à 22:43
Note du film : 3/6

Je suis assez globalement d'accord avec le regretté Dumbledore et je trouve comme lui que les dernières séquences du film ne sont pas appropriées à son début.

En fait, il y a deux films dans Photo obsession et le deuxième est complètement bâclé et inintéressant ; croit-on une seule minute à la renversante transformation du doux Sy Parish (Robin Williams, vraiment excellent) en salopard déchaîné destructeur de ménages et tueur potentiel ? Son virage paranoïaque manque de profondeur et n'entraîne pas le spectateur.

Ce qui ne signifie pas, à mes yeux, qu'il est invraisemblable. En voyant le film et la vie terne de Sy, employé consciencieux, méticuleux même du stand de photographie d'un grand magasin étasunien, j'ai évidemment songé aux personnages de Michel Houellebecq, à la solitude insupportable, à la fatigue de vivre, au désastre affectif et social. Et dans Extension du domaine de la lutte, adapté de manière satisfaisante par Philippe Harel, il y a bien une dérive criminelle non aboutie mais elle a nettement plus d'épaisseur et de pénétration psychologique. Sy a beau, dans la première partie du film, dévoiler sa violence potentielle, il serait bien plus intéressant de, précisément, l'enfermer dans la virtualité.

Car l'idée de représenter un petit employé rabougri qui vit des existences imaginaires, quelquefois oniriques, grâce aux photos qu'il passe sa journée à développer et à découvrir est, elle, excellente. Évidemment, à l'heure du numérique, on ne se rend aujourd'hui plus bien compte, mais qui de nous, en déposant sa pellicule, ne s'est pas une fois ou l'autre demandé ce qu'il allait advenir de ses photos de vacances, de fêtes ou de famille, sous quel œil allaient tomber la bouille hurlante du nouveau-né, les pleurnicheries de la rentrée des classes, les tenues endimanchées du mariage de la cousine Adèle et Tonton Marcel tout fier devant des Pyramides qui le contemplent depuis quarante (deux) siècles.

Mais, comme le dit Sy à la ravissante Nina Yorkin (Connie Nielsen), la maman du petit Jake (Dylan Smith), maman qui est, soit dit en passant, bien plus séduisante que sa rivale Maya Burson (Erin Daniels), ce que l’on sauve d’abord dans la maison, en cas d’incendie, ce sont les photos, qui sont des captations fascinantes de la vie. La vie que Sy voudrait vivre et qu’il regarde, impuissant, se dérouler avec ses joies et ses rires, mais aussi ses mesquineries et ses impostures. Le côté romanesque du film veut que Sy intervienne maléfiquement dans la vie de la famille Yorkin ; la nature des choses et leur véracité demanderait plutôt qu’il la subisse, mélancolique laissé pour compte.

Bon. Ce serait sans doute beaucoup exiger d’un film hollywoodien qui a besoin de faire des sous. N’empêche que, comme écrivait Chesterton, Un homme seul est en mauvaise compagnie. Ce n’est pas de la blague.


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