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Sujet : Souffle neuf dans la carrière de Claude Sautet


De verdun, le 15 février 2005 à 19:45
Note du film : 6/6

Un peu surpris de ne voir aucun message consacré à ce très beau film de Claude Sautet alors que Dewaere, ce n'est pas seulement Série noire ou Coup de tête et Sautet, ce n'est pas seulement César et Rosalie

En effet, ce mauvais fils a sacrément bien tenu le choc des années, tant il traite avec une grande sensibilité et sans complaisance dans la noirceur de nombreux thèmes toujours d'actualité – hélas !- comme la drogue, le chômage ou l'immigration.

Évidemment, le principal atout du film est la prestation comme d'habitude très habitée de l'irremplaçable Patrick Dewaere. Il est vraiment étrange de le voir ici en paumé cherchant à s'affranchir de la drogue alors que dans la réalité, on sait que Dewaere avait de sérieux problème avec la dope qui lui furent sans doute fatals

Autour de Dewaere, Brigitte Fossey, Yves Robert et surtout Jacques Dufilho sont impeccables.

Un film à redécouvrir de toute urgence.


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De vinwood, le 25 mai 2005 à 01:33

Film très touchant avec la magie d'un Patrick mélancolique qui donne toute la grandeur de ce film…..

A voir et à revoir…

Merci Patrick et un petit salut d'en bas… ciao


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De David-H, le 22 août 2005 à 19:09
Note du film : 5/6

Incarnant un certain renouvellement dans la carrière ce Claude Sautet, le réalisateur s'intéressant cette fois à un milieu moins bourgeois qu'à l'accoutumée – comme pour faire taire ses quelques détracteurs – faisant appel à de nouvelles têtes, toujours aussi brillantes cela dit, et évoquant des thèmes plutôt novateurs pour lui, dont la drogue, l'homosexualité ou l'immigration, toujours d'actualité vingt-cinq ans plus tard par ailleurs.

Certes, fumée de cigarettes, bistrot bondé et forte pluie, éléments caractéristiques de ses précédents succès, sont toujours bel et bien présents. Même si le film apparaît fatalement moins « Sautetien » que d'autres, le résultats est magnifique, le réalisateur filmant la difficile relation entre un père et son fils, ce dernier ex-drogué tentant de se resocialiser et retrouver un amour paternel enfoui sous six années de séparation forcée. Mais trouvant difficilement les mots nécessaires pour arriver à cette dernière fin, la tâche reste rude.

Dix ans après « Le cinéma de papa », Yves Robert retrouve lui un rôle de père – bien distinct il est vrai – et Patrick Dewaere, moustache rasée pour l'occasion, est époustouflant dans le rôle du fils, notamment par la générosité dans son jeu. Ajouter à cela dans les autres rôles majeurs, Brigitte Fossey, fragile et douce trentenaire, sans compter l'intransigeance d'un acteur désormais méconnu mais toujours vivant – plus de 90 ans aujourd'hui ! -, Jacques Dufilho, admirable ici. Ce melting-pot de genres et de talents permettant ainsi à ce film de rester mémorable en beaucoup de points, et Dieu sait s'il y en eût du genre…


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De David-H, le 29 août 2005 à 22:14
Note du film : 5/6

Rectification 8 jours plus tard…

Jacques Dufilho n'est plus.

Voir page d'accueil.


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De Impétueux, le 6 juin 2006 à 18:04
Note du film : 4/6

Quel que soit le milieu social qu'il scrute, Sautet en filme toujours les déglingues et les malentendus ; que, comme dans Un mauvais fils et comme le fait remarquer un des intervenants des suppléments de cette bonne édition (Sautet lui-même, ou Yves Robert) on soit là chez des prolétaires qui ne savent pas manier le langage et n'ont à leur disposition qu'un vocabulaire restreint ou que, comme dans Vincent, François, Paul… et les autres on soit dans une couche bourgeoise, tout se délite et on ne se parle pas ; ou, si on se parle, on ne se comprend pas…

Est-ce que, parce qu'il changeait d'époque et d'acteurs, et donc de regard, Sautet a voulu donner à son film une petite lueur espérante, le fils revenu au chevet de son père et qui essaye de joindre au téléphone celle qu'il aime et qu'il a délaissée, dans une fin ouverte dont on peut déduire que l'avenir sera moins sombre ? Ce côté bienveillant me semble une faiblesse (relative) parce que la logique interne du système ne laissait pas beaucoup de place aux réconciliations, celles, donc, de Bruno (Dewaere) et de René (Yves Robert) et celle de Bruno et de Catherine (Brigitte Fossey), mais aussi celle de René et de Madeleine (Claire Maurier), non plus que celle de Dussart (Jacques Dufilho) avec les choses de la vie.

Cela étant, c'est un film magnifique, que je n'avais pas vu à sa sortie et qui confirme la place de Sautet aux premiers rangs du cinéma français.


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De verdun, le 18 novembre 2007 à 22:53
Note du film : 6/6

J'ai revu ce film. Comme vous cher impétueux, je voue un culte grandissant à Sautet, sauf que je découvre nombre de ses films en ce moment..

Je ne me souvenais pas de votre message sur Un mauvais fils. Je me pensais seul à adorer ce film assez peu célébré et atypique il est vrai chez l'auteur. Je suis venu à ce film en 2003 à cause de ma fascination pour Dewaere. Il est évidemment magnifique dans ce rôle hélas proche de sa vraie vie. Et puis quand va t-on dire la vérité ? Certes la fascination que Dewaere exerce tient à sa destinée, sa personnalité et à son jeu. Mais il faut aussi constater l'excellence de sa filmographie qui en huit ans a rassemblé des films souvent remarquables, toujours passionnants…

Comme un athlète de haut niveau, Sautet a franchi brillamment tous les obstacles car la drogue est un sujet casse-gueule propice à une complaisance dans la noirceur. C'est pourquoi je pense que la fin pleine d'espérance est justifiée.

Je suis surpris de revoir ce film aussi souvent, je ne cesse de découvrir des détails. Je ne me souvenais plus de l’ambiguïté de la situation de départ: qu'est-ce qui a tué la mort de la mère de Bruno: la déchéance de son fils ou les tromperies de son mari. A ce titre la scène ou le père (surprenant Yves Robert) dit à son fils qu'il préfère "se branler" que d'aller aux putes est terrible.

Et puis ce film qui est à la fois un constat accablant et un chant de l'espoir, magnifiquement incarné par Dufilho m'inspire le constat suivant, déjà fait dans mon ancien message. On fait ou on a fait de Sautet le peintre d'une France pompidolo-giscardienne remplie de bars enfumés ou de bourgeois tourmentés qui renvoie aux années 70. Or ici, cette France "d'en bas", en proie au chômage, à un fossé entre les générations, à une intégration délicate des minorités a-t-elle beaucoup changé depuis 1980 ? Je ne crois pas, hélas ou alors dans un sens négatif…


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De Freddie D., le 7 mars 2008 à 19:16
Note du film : 5/6

La décevante récente vision de Garçon ! m'ayant donné envie de rester sur une meilleure impression de Sautet, j'ai vu ce Un mauvais fils, d'une tout autre tenue. C'est un film remarquable, d'une densité pesante, d'une profondeur impressionnante. Comme il a été dit plus haut, les comédiens sont tous exceptionnels, Dewaere en tête, et la séquence "traumatisante" et libératrice où il découvre son père nu, au lit avec Claire Maurier, est d'une force inouïe. Film sur la culpabilité, l'incommunicabilité, la solitude, le manque (de drogue, mais aussi de la mère), Un mauvais fils est un grand cru.

Et contrairement à ce que dit Impétueux, je ne vois pas un fol optimisme dans la fin ouverte… Il est plus que probable que Bruno et son père s'engueuleront très bientôt, et que s'il revoit Fossey, ils n'arrivent jamais à se sortir de l'héroïne. C'est effectivement ouvert, mais cela peut basculer dans les deux sens.


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De fernand, le 7 mars 2008 à 19:39
Note du film : 4/6

C'est l'essence même de toutes ouvertures….Le destin, diable ou Bon Dieu…


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De Impétueux, le 7 mars 2008 à 23:20
Note du film : 4/6

Fin ouverte ne signifie pas, en effet fol optimisme, mais bien plutôt possibilité, éventualité d'un arrangement avec les choses….

Ensuite, on s'arrange avec son état d'esprit, son code de déchiffrement des choses…


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De vincentp, le 5 août 2012 à 23:33
Note du film : 4/6

4,5/6. Beau film effectivement, étude psychologique et sociale dans un milieu ouvrier et de la petite bourgeoisie. Plans d'ensemble puis travellings ou zooms discrets pour aboutir à des plans rapprochés (avec une musique discrète en appoint), le système Sautet est au point. On remarque en arrière-plan une réalité du Paris de 1980 (le slogan un peu ringard "Felix Potin, on y revient !", la station de métro "mairie de Saint Ouen", la une de France Dimanche consacrée au "Prince Charles").

Simplement, il y a à mon avis (forcément subjectif) un côté un peu solennel et parfois légèrement hiératique dans le cinéma de Sautet, que compensent les acteurs (Dewaere et Fossey sont excellents), mais il est présent ici et le dernier quart d'heure m'a semblé par exemple de trop.

Le point le plus intéressant à mon avis : quand sont confrontés à la fois les caractères et les milieux sociaux, lors de brefs instants -forts- : lors de l'équipée en voiture conduite par Dufilho, lorsque Dewaere plonge de la jetée dans l'eau glacée… Cet aspect m'a paru plus réussi que le descriptif des relations père-fils (entre Yves Robert et Dewaere).


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De Tamatoa, le 6 août 2012 à 00:47
Note du film : 5/6

Lorsque Dewaere plonge de la jetée dans l'eau glacée…

Cette scène n'était pas prévue ! Le plan devait s'arrêtait quand on les voit tous de dos, sur la jetée. Peu après,Claude Sautet filme au hasard quelques plans plus ou moins rapprochés des acteurs en lice, pendant la pause. Et là, Dewaère lui fait signe, se déshabille et saute ! Quelques plans de raccords et le tour et joué. C'est Alain Sarde qui raconte l'anecdote. Je l'ai aussi entendu dans la bouche de Yves Robert. Je suis tout à fait d'accord avec vous pour le dernier quart d'heure du film. Superficiel et inutile. Mais pour moi, la plus grande scène de cette oeuvre majeure reste le monologue de Jacques Dufilho, une bouteille de Cognac à la main, alors qu'il vient de trouver Dewaère qui a "remis ça" question drogue.

"- Vous avez qu'à sauter, ça ira plus vite ! Parce qu'il n'y a pas de sortie à part la fenêtre ! Sortir d'oû ? De quoi ? De soi, des autres ? De quoi ? De la solitude, de la peur ? On va faire un tour, on est sorti ! Pour aller oû ?!…
Voilà, il est neuf heures du matin, j'ai 63 ans, je me regarde, j'ai froid, je suis homosexuel, couvert de dettes, je ne sais plus comment payer ma vie, la librairie, Carlos, Catherine.. Alors je bois une tasse, deux tasses de Cognac, la bouteille !.. La bouteille, pourquoi pas ?…
Et pourquoi il boit tout ça celui-là, puisqu'il a ses livres, ses disques, ce con !!!….En sortir…Aurevoir, je sors, bon voyage ! Quand revenez vous ? Quand je serai désâoulé ! Alors là je pourrai rentrer dans moi…je trouverai tout propre, tout repeint ! J'aurais trente ans, j'aurai plus peur de Bruno et de Catherine, la librairie m'appartiendra, tout le monde sera homosexuel et on persecutera tout ceux qui ne le sont pas et Carlos sera de gauche et ne dira plus de conneries ! Ah ! oui…Oui, ça sera bien d'être sorti, oui…A condition de pouvoir revenir, évidemment !-"

Un acteur majuscule ! C'est bref, ça claque au bon moment ! Très grand film, pas sans défauts, mais qui frappe juste !


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De vincentp, le 6 août 2012 à 10:40
Note du film : 4/6

Dufilho éclipse complètement Yves Robert. Les séquences avec lui, notamment dans la librairie, sont les plus réussies. Un grand acteur que ce Dufilho (je ne l'ai pas souvent vu à l'écran, soit-dit en passant). Très bon duo avec Dewaere.

Sans le dernier quart d'heure raté à mon avis, ma note pour ce film serait de 4,8/6. Nous nous rejoignons donc à peu près tous pour estimer que Un mauvais fils est globalement réussi.


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De Impétueux, le 27 avril 2017 à 17:22
Note du film : 4/6

En revoyant un mauvais fils je me suis dit que Claude Sautet s'affranchissait là de son rôle d'observateur attentif et merveilleusement précis de la société des années 70, celle filmée des Choses de la vie à Garçon ! (qui date, il est vrai de 1983) et passant par le chef-d’œuvre de Vincent, François, Paul… et les autres.

À tout le moins j'ai regardé le film en m'attachant moins à l'habituelle musique du réalisateur, à ses manies si attachantes (les bistrots enfumés, la pluie, la foule qui passe, indifférente) qu'à l'essence de l'histoire, des histoires qu'il raconte.

Parce que bien sûr il y a comme souvent, comme toujours peut-être, l'empreinte de l'absolue solitude dans quoi se débattent en pauvres petits pantins, les personnages, même les plus tonitruants, les plus éclatants, les plus théâtraux. Cela pourrait presque être adapté à la plupart des autres films de Sautet : les faux-semblants de Vincent, François, évidemment, mais aussi au Pierre (Michel Piccoli) des Choses au Max des Ferrailleurs, (Piccoli encore), aux trois protagonistes de César et Rosalie (Romy Schneider, Yves Montand, Sami Frey). Et plus tard encore à M. Arnaud (Michel Serrault). On reste seul, finalement et pour toujours dans un univers sans espérance. C’est la vie captée à hauteur d’homme avec ses saletés, ses compromissions, ses grands mystères et ses secrets glauques ou mesquins, ses sympathies et ses répulsions, ses chagrins insondables…

Dans un précédent message, j'avais incliné à juger la fin heureuse et à tout le moins espérante ; Freddie D avait un autre point de vue et je me demande s'il n'a pas raison  : qu'est-ce qui prouve que ça va s'arranger, puisque les personnalités ne sont pas touchées par on ne sait quelle grâce transcendante, qu'on n'est ni dans un mélodrame bien-pensant, ni chez Walt Disney ; après tout on ne voit pas très bien pourquoi Catherine (Brigitte Fossey) parviendrait à se détacher vraiment de la drogue, même si elle est en pleine période de rémission, pourquoi Bruno (Patrick Dewaere) s'engagerait dans une voie sage, pourquoi René, son père (Yves Robert), individu fruste et rongé de culpabilité à la suite de la mort de sa femme se pacifierait et entrainerait Madeleine (Claire Maurier), traquée par l'âge qui vient, dans une sage retraite. Et est-ce que les affaires et les angoisses du vieil homosexuel Adrien Dussart (Jacques Dufilho), glacé par tous les nœuds coulants qui l'étranglent et contre quoi il rue dans ce monologue reproduit ci-avant par Tamatoa dans son intégralité (et on l'en remercie).

Disons tout de même que l'instantané final donné par Sautet se situe à un moment où on peut croire à l'éclaircie ; c'est cela qui ne ressemble pas vraiment au Sautet qu'on aime ; et c'est peut-être la petite faiblesse du film.


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