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Sujet : Une vision élaborée de l'univers


De dumbledore

Premier remake de Rio Bravo (1959), El Dorado (1967) sera refait quelques années plus tard et deviendra Rio Lobo en 1970. Opportunité unique (à ma connaissance) de voir trois fois le même film réalisé trois fois par le même réalisateur!

Pourquoi? Eh bien pourquoi pas! Le scénario de Leigh Brackett est sans aucun doute le canevas parfait du western le plus classique, le plus épuré qui soit. Il mêle action et suspense à des personnages forts et emblématiques. Ces personnages forment quatre variantes de l'Homme dignes ou presque du Sphynx: le trop jeune plein d'énergie d'un côté, le trop vieux de l'autre et entre les deux l'homme mûr, l'un cassé et l'autre en passe d'être cassé. Face à ces quatre hommes, un seul vrai "ennemi": la femme!! Comment faire face à elle ?

El Dorado n'a certes pas la fraicheur et la nouveauté de son grand frère, mais il reste le produit d'un des plus grands metteurs en scène hollywoodiens, Howard Hawks. Le sens du cadre, de la narration, est remarquablement efficace. On ne s'ennuie jamais un instant, et on ne boude pas notre plaisir devant le casting: John Wayne est toujours aussi imposant, avec un nouveau côté vieillissant qu'il saura assumer dans les films suivants. Robert Mitchum en montagne de graisse abattue est drôle et touchant. Quant au jeune de service, James Caan, il commence la carrière qu'on lui connaît…


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De vincentp, le 5 août 2011 à 09:03
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Remake ? Plutôt la déclinaison réussie d'idées et de péripéties d'un premier récit. Par rapport à Rio Bravo, il y a dans El Dorado plus de personnages (près d'une vingtaine), plus d'humour, plus d'action. Le scénario signé Brackett est très solide, sans temps mort pendant deux heures. La poursuite des trois bandits, à mi-longueur, assez longue, est un grand moment. Des conversations décontractées et pleines d'humour alternent avec des montées en tension ou le rythme s'accélère. Une très belle photographie (cadrages, lumière), des acteurs tous excellents y compris les secondaires. Un classique évident !


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De Frydman Charles, le 21 décembre 2015 à 19:05
Note du film : 4/6

Les étoiles de sheriff ont en général 5 ou 6 branches. Dans ce film le Sheriff et ses adjoints ont tous des étoile à 6 branches. Un personnage prénommé Saül (MacDonald) et on peut imaginer un clin d'œil au judaïsme .


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De Nadine Mouk, le 22 décembre 2015 à 23:21

Et les balles qui fusent de parts et d'autres, elles sont casher ? Excusez moi Frydman Charles, avec tout le respect que je vous dois, entendre parler de ""ça"" même ici, c'est flippant ! N'y voyez surtout pas une attaque personnelle, mais ça m'exaspère ! Où faut-il aller pour ne plus lire ces allusions au judaisme, à l'islam ou autres ? Si encore nous évoquions Les dix commandements, je comprendrais…


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De Frydman Charles, le 24 décembre 2015 à 10:41
Note du film : 4/6

Evidemment , c'est une lapalissade que de constater qu'il y a des étoiles de shérif dans un western ! Serge Gainsbourg évoquait son "étoile de shérif" pendant la guerre. Celles d'El Dorado" sont couleur argent. Mais j'ai trouvé que beaucoup de cow-boy portent l'étoile à six branches dans ce film , six ! :Le shérif Jimmy Harah et son adjoint, le shérif Tod Draper et son adjoint. Puis Cole et Mississipi faits shérifs adjoints par Bugle. Dans Rio Bravo on voyait déjà de nombreuses étoiles a six branches, quatre souvent réunis : Le shérif John Grant ,ses adjoints Dude alcoolique et le vieux Stumpy, puis le jeune Colorado nommé shérif adjoint .La famille MacDonald est nombreuse dans El Dorado , avec des prénoms variés. Saül prend une certaine importance lorsqu'il est enlevé vers la fin du film. Les noms commençant par Mac ou Mc dans le film évoquent de vieilles familles d'origine irlandaises ou écossaises : MacDonald et McLeod .


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De Impétueux, le 23 septembre 2017 à 15:50
Note du film : 3/6

Je lis ici et là que El Dorado est plus qu'un remake, une variation sur le même thème que Rio Bravo. De fait on y retrouve les mêmes histoires de vendettas boueuses et bouseuses et les mêmes personnages taillés à la serpe, sans complexité ni ambiguïtés, chevaleresques à qui mieux mieux, comme dans des chansons de geste. Fallait-il que le Nouveau Monde, quand il créait ses légendes et construisait son identité passât par les mêmes ennuyeuses litanies sommaires ? C'est possible.

En tout cas El Dorado passe un peu mieux l'écran que son film prédécesseur et inspirateur, grâce à l'insertion, ici et là, de quelques paysages photogéniques (mais au début ; ensuite, comme dans Rio Bravo on est confiné dans les trois ou quatre ruelles du patelin), à une intrigue un peu plus étoffée, à quelques propos qui ne manquent pas d'humour (Mitchum qui tente de se décrasser au milieu du tohu-bohu : La prochaine fois que je voudrai prendre un bain tranquille, j'irai dans un hall de gare !) et à la beauté des deux personnages féminins, Maud (Charlene Holt), la fille galante du coin et Joey (Michele Carey), l'intrépide fermière.

Et puis il y a désormais un peu plus de sauvagerie – c'est-à-dire de réalisme – dans le cours du récit ; déjà, par exemple, le meurtre malencontreux, presque accidentel du jeune Luke McDonald (Johnny Crawford) par l'honnête, loyal, valeureux, mercenaire Cole Thornton (John Wayne) ; puis l'excellente idée de la balle tirée par Joey, la sœur du pauvre Luke, en vengeance, balle qui s'est logée à deux doigts de la colonne vertébrale et paralyse périodiquement et inopinément le solide tueur à gages. Assez jolie idée cruelle aussi cette scène où le même Thornton pousse deux acolytes de son ennemi et concurrent Nelse McLeod (Christopher George) vers une mort certaine en leur tirant dessus et en les faisant sortir les premiers vers la porte où il est lui-même guetté. Je ne dis rien du massacre final, véritable bouillie humaine dont on ne parvient pas à compter les cadavres. On sent que bientôt le western italien avec les mentons mal rasés, la crasse, la puanteur et le sadisme de ses protagonistes va ringardiser pour un bon moment son aîné étasunien.

En revanche apparaissent comme des ponts-aux-ânes presque obligés à la fois l'abrutissement alcoolique du shérif Jimmy Harrah (Robert Mitchum) – naturellement finalement rédimé -, les gagateries ronchonnes de son vieil adjoint, Bugle (Arthur Hunnicutt) et les trépidations juvéniles du blanc-bec Mississippi (James Caan). Tout cela est d'un classicisme éprouvé et finalement assez lassant. J'ai d'ailleurs l'impression – comme souvent, il est vrai – que Howard Hawks a tiré sans scrupule à la ligne dans un film qui dépasse tout de même les deux heures pour un sujet bien mince, moins guindé toutefois que Rio Bravo. Ainsi cette interminable séquence nocturne de bataille, heureusement un peu égayée par le tintement des cloches de l'église qui résonnent sous les balles.

N'empêche que lorsque je songerai à Hawks je retournerai bien davantage vers ses films d'Afrique, La terre des pharaons et surtout Hatari ! : la vieille terre originelle me semble correspondre beaucoup mieux à son intelligente complexité.


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De vincentp, le 2 janvier 2018 à 23:39
Note du film : Chef-d'Oeuvre


El Dorado réalisé en 1966 par Howard Hawks sur un scénario de Leigh Brackett développe les thèmes typiques du cinéaste, à commencer par un éloge appuyé du professionnalisme. Ce concept est incarné par les deux médecins (celui de famille, et le jeune spécialiste, mieux formé et plus compétent en matière de chirurgie, amené à remplacer en mieux le premier), le tueur (Christopher George) et son alter ego (John Wayne). Ces professionnels produisent un diagnostic rigoureusement exact de la situation du moment présent, et échafaudent des plans pour l'avenir. Ils connaissent leurs limites personnelles, ne s'exposent pas individuellement et inutilement. Face à la meute de mercenaires appuyant Edward Asner, Wayne opère une prudente retraite en faisant reculer son cheval de façon spectaculaire. Ces professionnels s'appuient sur les compétences des anciens (incarnées par Arthur Hunnicutt) et produisent de nouvelles compétences (la formation aux armes de James Caan).

Moteurs du professionnalisme : l'amitié (Robert Mitchum), qui permet de bâtir un projet collectif. Les sentiments voués à des jeunes femmes aux formes généreuses qui permettent de franchir les obstacles. Selon Hawks, le professionnel doit être au service d'une cause juste, le respect de la propriété d'autrui dans des limites raisonnables, le respect de l'intégrité physique et morale des individus. Il doit s'appuyer sur les anonymes de la cité, telle la mexicaine guidant James Caan et représentant le volet intégration des Etats-Unis. Tout ceci ne serait que vain discours sans une forme de qualité exceptionnelle, produisant un spectacle qui va crescendo. Peu de scènes spectaculaires, simplement une succession de séquences parfaitement construites, avec un suivi très précis de la transformation psychologique des individus, associée à leurs actions du quotidien (comme une simple patrouille en duo dans les ruelles de El Dorado).


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