Avec ce film, Mario Bava pose les jalons et les codes du Giallo italien, c'est-à-dire du film policier et à terreur made in Italie. Outre cette importance historique, le film est une petite merveille de suspense, sans pouvoir toutefois rivaliser avec Hitchcock auquel le titre fait un clin d'œil. L'ambiance pesante est très bien rendue grâce à un réel sens du cadre et de la lumière (faite par Mario Bava lui-même). L'humour noir véhiculé par le montage, notamment dans les transitions des scènes, est un régal. Le jeu des comédiens est juste, même si l'héroïne n'est pas toujours très convaincante.
La fin est un peu décevante, n'exploitant pas (si ce n'est en une pirouette) les enjeux de départ (le rapport imaginaire/réalité), mais cela vient sans doute d?une contingence de production et de montage, puisque les USA ont eu droit, eux, à une fin plus ambigüe (mais un film moins sombre, moins terrifiant).
Bava fait preuve de créativité au niveau de la mise en scène, avec quelques très belles idées visuelles. Par exemple, le fondu enchaîné dans la scène du cimetière qui fait se dissoudre les « amis de la famille » et renforce la solitude du personnage. Ou bien encore le flash-back du journaliste, tourné en flou, et traduisant avec justesse que « les souvenirs sont toujours un peu flous ».
Je n'ai pas vu le film depuis un trop long temps, mais il me semble mériter une mention de qualité et vraiment porter la griffe de l'excellent Mario Bava.
Rome la nuit – la place d'Espagne, notamment – prend un caractère étrange et inquiétant très intéressant…
Film revu et à nouveau apprécié, malgré la minceur et le caractère un peu artificiel de l'intrigue (sans parler de la pirouette finale, justement signalée par Dumbledore, qui est un peu trop nigaude pour pleinement satisfaire).
Mais les escapades nocturnes dans la Rome de 1962 sont inquiétantes à souhait (Rome est si photogénique !) et l'atmosphère, la photographie de Mario Bava donnent l'atmosphère étrange, oppressante, lourde qui fait passer sur les faiblesses du genre…
Je suis fan de Bava, notamment de films qui ne sont pas forcément très appréciés sur ce forum comme Les trois visages de la peur ou Le corps et le fouet.
Pourtant, ce film ne m'a laissé aucun souvenir.
Typiquement le genre de film pour lequel une re-vision s'impose.
Je suis assez de l'avis de celui qui a dit Meilleur est le méchant, meilleure est l'histoire (Hitchcock, je crois) ; on pourrait ajouter, surtout pour les films de genre (et Dieu sait si le giallo en est un, avec son atmosphère, ses codes et son style), que plus intéressante est la victime, mieux ça se porte (que la victime s'en sorte ou non, d'ailleurs).
Et l'on est bien conduit à constater, malheureusement que La fille qui en savait trop, malgré d'éminentes qualités, ne réunit aucune de ces conditions quasi obligées. Je n'évoquerai naturellement pas ici, pour ménager la curiosité de ceux qui voudraient s'aventurer dans le film de Bava, l'identité de l'assassin ; je puis simplement susurrer que la révélation finale est à la fois téléphonée et décevante, bâclée en tout cas.
Et puis la victime (qui s'en sort bien, que les âmes éprises de morale se rassurent !), une jeune étasunienne qui vient passer quelques semaines en vacances à Rome et se trouve entraînée dans une suite de péripéties angoissantes, l'héroïne, donc, est bien mignonne, mais absolument insignifiante. On est loin, avec cette Leticia Roman, de l'inquiétante beauté de Barbara Steele, dans Le masque du démon. On n'est pas même au niveau de Daliah Lavi, dans Le corps et le fouet ou de Claudine Auger dans La baie sanglante. Quant au jeune premier, John Saxon, il a presque autant de personnalité qu'un verre d'eau sucrée.
Partant de là, on ne peut pas vraiment arriver à un film passionnant, mais ce diable de Bava parvient tout de même à tirer largement son épingle du jeu, grâce à son sens inné des atmosphères, des brumes, des fumées, des décors…
Rien ne manque, d'ailleurs, de toute la grammaire habituelle du genre : orages, chats mystérieux et furtifs, pièces plongées dans un clair-obscur de grand effet, lune fatidique, pavés luisants, allumette craquée dans une nuit suffisamment propice pour ne pas dévoiler les traits du fumeur, rais de lumière menaçants sous la porte close… et nuisette sexy de l'héroïne. La panoplie est là, les couteaux plantés dans les dos sont bien visibles et il y a ce procédé qui marche toujours des fausses menaces qui aboutissent à un gag alors que le crime, lui, surviendra inopinément.
C'est du film de série, qui fonctionne bien, qui fait plus que se laisser voir, mais qui n'est regardable que par qui n'attache pas trop d'importance à la vraisemblance (même en 63, je doute que l'escalier qui relie la Trinité des Monts à la place d'Espagne soit assez déserté pour qu'on puisse y transporter des cadavres avec une certaine facilité) et qui est suffisamment bon public pour surmonter mines faussement naïves et coups de théâtre largement attendus.
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