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Forum : Le Retour de Don Camillo

Sujet : « Un retour conforme aux habitudes... »


De David-H, le 28 juillet 2005 à 00:06
Note du film : 4/6

Le retour d'exil de Don Camillo ne trahit pas la règle qui veut qu'une (première…) suite soit souvent moins bonne qu'un premier opus, mais l'ambiance typique de Brescello est toujours bien présente, à travers les querelles entre son maire communiste Peppone et son célèbre curé, toujours incarnés par la paire italo-française, Gino Cervi et Fernandel. De petites longueurs apparaissent cette fois-ci, un essoufflement somme toute prévisible donc, mais elles ne nuisent aucunement à cette histoire remplie de simplicité, de bon sens, de valeurs humaines et teintée d'un esprit bon enfant. Des facteurs devenus bien rares dans le cinéma, de nos jours…


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De Arca1943, le 19 mars 2006 à 20:05

Je suis un fan de Don Camillo, du genre indéfectible : même Don Camillo en Russie comporte ses moments drôles… Et qui sait, par curiosité, un jour je jetterai peut-être un oeil au sixième épisode (1971) où Don Camillo est joué par Gastone Moschin toujours avec Gino Cervi, extrêmement vieux, dans le rôle de Peppone.

Un seul regret : je me rends compte que les auteurs de la série – que ce soit Duvivier, Barjavel, ou Guareschi lui-même – n'ont jamais porté à l'écran LE conte de «Piccolo mondo "Don Camillo"» qui, en un sens, contient et synthétise tous les autres : «Le Meeting». Pourquoi? Je me fouille encore. Un simple oubli, peut-être…

«Le Meeting» est un épisode du premier tome des contes de Guareschi où on annonce la venue d'un député du Parti libéral qui va faire un discours sur la place du village. Aussitôt, Peppone mobilise ses troupes, organise des patrouilles, des guetteurs, pour tenir en échec ces hordes de réactionnaires ennemis du peuple qui ne manqueront pas de débarquer ! Mais au jour dit, ne descend du train qu'un petit homme entre deux âges avec une vieille valise, qui demande "Pardon, pourriez-vous m'indiquez le siège du Parti libéral?" En maugréant, Peppone finit par escorter l'homme jusqu'en ville, dans son camion plein de communistes. Peut-être a-t-il un peu surévalué cette menace d'invasion libérale, tout compte fait. Évidemment, puisque les libéraux, dans cette petite localité d'Émilie-Romagne, ne sont que onze en tout et partout ! Alors, trouvant que ça risque d'être fort clairsemé sur la piazza et ne voulant pas que cet étranger garde du pays une mauvaise impression, Peppone fait venir 2 000 communistes en foulard rouge pour écouter le discours…

Je ne vous raconte pas la suite, ni surtout ce qu'en dira Don Camillo (eh eh eh), mais il est vraiment dommage que cette histoire où la verve inimitable et les dons magiques de conteur de Giovanni Guareschi sont à leur meilleur, ne se soit pas retrouvée à l'écran. Durée : quatre pages. L'air de rien, c'est fantastiquement concentré. Il n'y a pas un mot de trop.

La raison principale pour laquelle Don Camillo et Peppone finissent par s'entendre – si l'on prêt attentivement l'oreille aux croustillants dialogues – c'est parce qu'ils ont fait le coup de feu ensemble pendant la Résistance. Or, le député libéral aussi a été un Partisan. C'était la clé du "consensus républicain" à l'italienne : les trois Italies de l'antifascisme historique – Italie démochrétienne, Italie de gauche, Italie libérale-laïciste – pouvaient s'affronter, se déchirer, s'engueuler, mais en même temps, elles restaient liées par un pacte implicite.

Mais peut-être justement que «Le Meeting» n'a pas été porté à l'écran parce Piccolo mondo Don Camillo étant une coprod avec la France, les spectateurs français ne se seraient pas reconnus dans cette "règle de trois", eux qui étaient accoutumés à un système binaire ? Tout à coup la réalité italienne leur aurait semblé trop hétérogène? Je dis ça pour hasarder une hypothèse…


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De verdun, le 9 août 2006 à 17:48
Note du film : 5/6

Une précision, Arca: dans DON CAMILLO ET LES CONTESTATAIRES, sorti en 1972, Gino Cervi est absent de la distribution. C'est Lionel Stander qui joue Peppone.

En effet, en juillet 1970, après quelques semaines de tournage, Fernandel vit sa santé décliner et appris peu après qu'il était condamné. Christian Jacque et Gino Cervi estimèrent alors que la série n'avait plus lieu d'être, mais les producteurs voulurent malgrè tout faire le film avec Gastone Moschin et Lionel Stander ainsi que le vieux routier Mario Camerini derrière la caméra !!

A ma grande surprise, le film est diponible en dvd: ce doit être une sacrée curiosité, et ce ne doit pas être plus mauvais que le Don Camillo de Terence Hill !! Mais dans aucune de ces deux dernières tentatives le public n'a reconnu les héros immortalisés par Fernandel et Gino Cervi.


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De Impétueux, le 27 mars 2013 à 23:07
Note du film : 4/6

Le retour de Don Camillo, c'est moins la suite d'un film qui a eu un immense succès que la deuxième époque de celui-ci. Deuxième époque, comme lorsqu'on scindait une œuvre un peu trop longue, à la fois pour des questions commerciales et pour ne pas lasser le spectateur. Et indubitablement, ce film-là est de la même eau, de la même nature que le premier, n'apporte pas un élément nouveau dans la saga de Brescello, présentant simplement de nouvelles historiettes sans progression dans le récit.

D'après ce que j'ai compris, toute la série des Don Camillo est issue de courts récits, de nouvelles brèves écrites par Guareschi sans vraie progression dramatique. Eh bien, j'ai l'impression que Duvivier et son co-scénariste, René Barjavel ont choisi la crème pour le premier épisode et, devant son succès, ont pioché dans ce qui restait en magasin pour la suite.

Ce n'est pas que les saynètes qui constituent l'essentiel du deuxième film soient mauvaises… mais elles n'ont pas la verve, l'intelligence, la subtilité du premier ; il y a de la bouffonnerie : le match de boxe/catch, l'ingestion forcée du violent purgatif qu'est l'huile de ricin ; de la philosophie un peu courte : la vente de son âme par Nero (Alexandre Rignault) au docteur Spiletti (Édouard Delmont) ; de la bonne idée un peu facile : l'avance systématique des horloges par les deux clans.

Mais il manque un je ne sais quoi, et il y a sûrement de la facilité : Duvivier reprend les personnages, les situations, les antagonismes, les recycle sans les renouveler, et n'ose pas aller plus loin que ce qu'il frôle.

Il avait pourtant quelques pistes sur quoi l'auteur – ou l’adaptateur, plutôt – pouvait appuyer, pour que ça fasse mal : la solitude affreuse de Don Camillo dans la paroisse perdue, glaciale, désolée où il est affecté : son ascension vers son presbytère, alors qu'il porte la grande croix avec quoi il dialoguait tellement, à Brescello, est un beau moment de tristesse, comme est désespérant le silence du Christ que Camillo appelle : mais on n'est pas encore, il est vrai, en 1953, dans la désespérance de la comédie italienne, qui aurait pu infléchir vers la tristesse un film qui va, au contraire, donner des gages à la farce.

C'est moins bien, mais ce n'est pas mal tout de même, tant les personnages sont solides et attachants. Et tant ils sont ancrés dans notre collectif imaginaire et ne pourront jamais en sortir.


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De Azurlys, le 10 janvier 2015 à 14:02

Don Camillo (la saga)

Peut-être suis-je mal informé, mais il me semble que lors de la sortie du premier film, "Le Petit Monde…" les romans de Giovani Guareschi avaient été réédités, ou avaient-ils simplement traduits en français, je ne sais plus. Mais le "Petit Monde" de Guareschi était bien un roman entier, qui fut suivi par un "Retour" dans une parution ultérieure, sans rapport direct avec le titre du deuxième film. En effet, les deux premiers films – pour lesquels j'ai beaucoup de tendresse – sont constitués du seul premier tome du roman, et l'exil du prêtre en haute montagne sur l'ordre de son évêque constitue la seconde moitié du même tome I. Ensuite, je perds la trace de ce que j'avais lu à l'époque, à la suite du premier film, et je n'ai pas le souvenir de ce qu'il advint en librairie.

Depuis, en revoyant chaque fois avec plaisir ces deux premiers films, j'ai été finalement persuadé qu'il étaient les deux meilleurs. Les autres, sous la houlette de Garmine Gallone pour les deux suivants, "La Grande Bagarre…" et "Don Camillo Monseigneur", et (son nom m'échappe) pour le dernier, auteur également d'un "Pinocchio" estimable, qui serait sans doute un plus inventif, même pour un film de commande, comme c'était le cas. Ces trois autres films me semblent nettement moins intéressants et souvent répétitifs.

Pour Duvivier, on sent la qualité et la maîtrise d'une mise en scène solide, avec des séquences très astucieuses. On est pas près d'oublier Don Camillo, qui se retrouve seul à porter le Christ en croix, dans les rues vides de Brechello. Une jolie scène apparaît également au moment ou Madame Christina (Sylvie), surprends les deux jeunes gens (Franco Interlenghi et sa partenaire (j'ignore son nom) prêts à se noyer puisque leurs deux familles se haïssent et refusent leur mariage. L'institutrice évoque, au bord de l'eau, la légende de la la Chapelle noyée, dont les cloches tintent et annoncent le malheur. Là une sorte de poésie flirte avec le fantastique et fait de cette séquence une réussite.

"Le Retour de Don Camillo" deux ou trois ans plus tard, comprenait également une magnifique idée. Quand Don Camillo vient chercher la croix du Christ dans l'église de son village, en montant à pied jusqu'à sa cure entre neige et nuages, il y revit la passion et les souffrances du Christ lui-même, lors de la marche vers le Golgota. La neige, ici, remplace les sables de Judée. On avait reproché à Duvivier l'usage des inondations du Po (je ne suis pas sûr de orthographe !)pour compléter son film, peut-être même après correction du scénario. Mais la séquence finale alterne l'émotion et quelque gags, Peponne et D. Camillo qui tombent dans les bras l'un de l'autre, alors que sonnent de concert l'église et la Maison du peuple, pour aboutir à une conclusion naïve et sympathique.

Il est vrai que cette série, pour inégale qu'elle soit, mais c'est la loi du genre, restent dans les mémoires mieux que bien d'autres. Et Brechello continue de recevoir les passionnés de cette épopée cinématographique qui viennent, en pèlerinage, pourrait-on dire ! Or, le premier film y fut tourné en 1951 ! Plus de soixante ans de fidélité à un mythe construit par le cinéma, et qui tient encore la route !


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