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Sujet : Kubrick dépasse Kubrick


De capitainejeff, le 25 juillet 2005 à 01:10
Note du film : 6/6

Kubrick dépasse Kubrick dans cette saga aux images époustouflantes.

Exceptionnel, à déguster sans modération


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De vincentp, le 25 juin 2006 à 20:42
Note du film : Chef-d'Oeuvre

C'est un grand film, personne ne peut le contester. Il se déroule sur un rythme lent, est long, et il faut être dans de bonnes conditions physiques et morales pour l'apprécier complètement. Kubrick, perfectionniste au possible, s'était fait fabriquer une caméra spéciale, d'un coût exhorbitant (dérivée des technologies spatiales ?), pour capter la faible lumière des bougies qui éclairent la fameuse scène du repas. Respect absolu des traditions de l'époque, alliée donc à la technologie de l'époque la plus poussée. Et ici, pas de contestation possible sur la psychologie des personnages : elle est d'époque !


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De Arca1943, le 26 juin 2006 à 00:44
Note du film : 5/6

Pour le plaisir de la provocation, je vais lui mettre seulement un 5… Il est vrai que je passerais sans hésiter la soirée avec Barry Lyndon de préférence à au moins 90 pour cent des films qui sortent aujourd'hui… mais il est aussi vrai qu'après le second visionnement, qui remonte à des années, je n'ai pas eu envie de le revoir. Pourquoi ? C'est que ce film, un peu comme le très beau Ryan's Daughter de David Lean, me semble souffrir d'une certaine disproportion entre l'extraordinaire déploiement visuel et sonore et la (relative) minceur du sujet. Cette histoire d'un arriviste qui arrive dans un bien triste état est pourtant éloquente, elle en dit long sur l'époque; mais elle n'a pas tout à fait, selon moi, la charpente, la portée qu'il faut pour soutenir un spectacle de trois heures. Le roman de Thackeray était plus succint…


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De paul_mtl, le 26 juin 2006 à 01:35
Note du film : 5/6

Beaucoup d'humour dans ce film qui ne m'a pas semblé long malgré ces 3h.

Certes il y a peut-être qq longueurs ici ou la que j'ai oublié

mais l'ironie, la charge antimilitariste et contre l'hypocrisie social est un régal.

J'ai pas lu le roman de Thackeray.


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De PM Jarriq, le 26 juin 2006 à 08:18
Note du film : 5/6

Admirateur bien sûr du film et de son auteur, je suis assez d'accord avec Arca : les 3 heures sont peu justifiées, et personnellement l'usage systématique du zoom (on commence la scène en gros-plan, puis on élargit pour révéler le décor) me fatigue et vieillit la narration. Mais à part ça, la photo, l'utilisation de la musique, sont de pures merveilles.


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De vincentp, le 26 juin 2006 à 10:55
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Que dire alors de Cléopatre (4h28), Autant en emporte le vent VL, Laurence d'Arabie VL, les films bollywood ? Ils avaient pour amibtion d'être LE spectacle mensuel de toute la famille… Aujourd'hui, il est vrai que la multiplication des sources de diffusion rend ce concept un peu obsolète.


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De Impétueux, le 26 juin 2006 à 10:56
Note du film : 6/6

J'ai assez le sentiment que nous sommes en gros tous d'accord sur les limites apportées par la perfection de Barry Lyndon à notre adhésion : on a tellement le souffle coupé par la somptuosité des images, l'adéquation de la musique, la performance des acteurs qu'on n'en respire plus…


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De belfagor, le 26 juin 2006 à 15:09

Si j'avais été le producteur, ce film n'aurait duré que 90 minutes. Une durée bien suffisante pour le contenu. Trois heures, c'est effectivement bien trop long, et l'on s'endort facilement au son des cornemuses. Heureusement que Vincent Lindon vient au secours de Barry.


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De paul_mtl, le 26 juin 2006 à 16:01
Note du film : 5/6

Avec S.Kubrick, je crois pas que c'est son producteur qui décidait de la durée.

D'ailleurs sur ses 14 long metrages, il était 10 fois lui-même le producteur comme dans celui-ci.

Ca facilite les choses. :D

Si 3h vous parait trop long pour un film alors éviter les 5h de Das Boot (version mini-series).

Mais certaines immersions profondes ont besoin de temps.

Donner du temps au temps.


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De verdun, le 26 juin 2006 à 17:40
Note du film : 6/6

Je serais plutôt d'accord avec Arca et Jarriq: les trois heures sont très vraisemblablement trop longues par rapport à un argument non pas mince mais évident. Et puis souvenons- nous que ce film fut mal accueilli à sa sortie: la critique lui reprocha d'avoir fait un alignement de tableaux de maître sans vie et ce fut un grave échec commercial… sauf en France.

En même, n'y a-t-il pas un plaisir immense à se laisser immerger trois heures dans cet univers somptueux ? N'y a-t-il pas des films que l'on ne voudrait jamais quitter ?

J'ai le sentiment aussi que le cinéma s'est "accéléré",que les temps sont au zapping, qu'il faut maintenant donner l'impression de rapidité. Et que ce qui rapproche le cinéma de la lenteur mais aussi de la beauté pure comme ce Barry Lyndon, comme de nombreux films de Viconti par exemple, nous indispose peut-être plus qu'auparavant…

Mais il y a aussi quelque chose de spécifique au cinéma de Kubrick: ainsi un monument comme 2001 va hypnotiser de nombreux spectateurs, parmi lesquels moi, mais d'autres vont être déconcertés par sa lenteur, le faible présence des dialogues, le fait qu'il "n'y ait pas d'histoire".

S'il y a un film de Kubrick qui me semble souffrir de longueurs, ce serait plutôt Spartacus en raison d'un tournage mouvementé, d'un scénario moyennement construit et des passages obligés du genre.

Personnellement, les films de Kubrick que je préfère sont sans doute Les sentiers de la gloire et L'ultime razzia, sans doute parce que ce sont deux films courts, implacables, qui vont droit au but et qui contiennent tout de même toute la vision du monde du cinéaste.


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De droudrou, le 26 juin 2006 à 19:54
Note du film : 6/6

Je me place volontairement à la suite du message de "Impétueux". Il y aura peut-être quelques réflexions du genre : "les retraités…". Je ne pense pas qu'en ce qui le concerne Impétueux soit déjà en retraite et quant à ma paume je ne cache pas que mes journées sont bien trop courtes pour me permettre de faire tout ce que j'aurai à faire et revoir entre autre les films qui m'ont intéressés et m'intéressent toujours autant. Je pense surtout qu' "Impétueux" et moi nous plaçons dans une certaine catégorie de spectateurs du point de vue culturel et que nous avons été confrontés aux mêmes courants cinématographiques qui ont marqué nos années.

Tout d'abord à propos de la durée de Barry Lindon : avant de voir le film, je tenais à en savoir plus. Le synopsis m'apparaissait léger pour représenter un temps de 3 heures. J'ai donc lu le roman de Thackeray et ai pu noter qu'effectivement le fil conducteur n'apparaissait pas évident pour justifier d'une semblable durée au regard d'autres sujets particulièrement plus intenses. J'y reviendrai.

J'ai donc vu le film de Stanley Kubrick et j'avoue que j'en ai pris plein les yeux. Des images d'une somptuosité absolument éblouissantes. Une musique extraordinaire puisée une nouvelle fois dans des bibliothèques comme on aimerait en avoir pour servir de fond sonore à ces scènes qui se succèdent les unes après les autres et ne nous laissant jamais indifférents par ce qu'elles représentent.

Pour Vincentp je préciserai qu'en ce qui concerne l'image, Kubrick a fait monter sur ses caméras des lentilles d'appareils photo. C'est ce qui lui a permis de filmer dans des conditions extrêmes et en utilisant des pellicules ultra sensibles. A l'époque, et Impétueux ne me contredira pas, le public découvrait les pellicules 400 et 800 ASA qui permettaient de prendre des images sans flash et avec la seule utilisation d'une bougie. Je l'ai fait. J'ai été surpris des résultats et je continue toujours à utiliser le 400 ASA.

Pour Verdun je vais lui préciser ma vision de l'époque. Quand j'ai vu Barry Lindonpour la première fois je l'ai trouvé long mais fascinant. Je l'ai revu quelques années plus tard et ai constaté que ma vision du cinéma, avec l'âge, avait évolué. Et je l'ai encore revu bien plus tard et je dirai que plus je m'éloigne de ma vision première plus je suis fasciné par l'exactitude de ce film tant dans le comportement des personnages que dans les costumes et les décors. Et c'est cela qui est grandiose. Et quand je vois toujours cette arrivée sur l'écran des "Grenadiers" je suis toujours hyper surpris de cette composition réellement sublime de l'image avec le son qui l'accompagne. Pourquoi ? Parce que quand j'étais encore tout jeune, dans la période qui suit la fin de la 2ème guerre mondiale, j'allais au cinéma avec ma grand-mère et ma tante et qu'un des films dont j'avais retenu la musique était cette marche reprise par Kubrick et qui s'associe parfaitement à la période où se situe l'actionde Barry Lindon.

En ce qui concerne ma vision de Spartacus j'avoue avoir peiné la première fois. J'ai été surpris surtout le visionnant en français… Et quand, plus tard, à nouveau je l'ai revu mais en VO ma vision avait totalement changé. Et je considère donc toujours ces films comme faisant partie de l'histoire du cinéma.

Voilà. Je crois que Stanley Kubrick a marqué un passage dans l'histoire du cinéma et que, abordant quasiment tous les genres, son oeuvre, grâce à sa vision particulière des choses, ne pouvait laisser chacun insensible.

Amitiés à tous.


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De Impétueux, le 27 juin 2006 à 13:12
Note du film : 6/6

C'est sans doute parce que je place Stanley Kubrick tout en haut de mon Panthéon cinématographique, et sans doute même un peu au delà, sans doute parce que je n'imagine pas de ne pas regarder tous ses films au moins une fois par an, parce que, chez lui, il n'y a que trois catégories de films, chefs-d'œuvre, chefs-d'œuvre exceptionnels et chefs-d'œuvre sublimes que, l'index tremblant et la souris intimidée, je me risque pour la première fois à poser ma contribution sur un de ses films.

Et si je n'avais pas entrepris de laisser une trace de mon admiration sur chacune des oeuvres de ma liste des Films préférés, je ne m'y risquerais pas, ou plutôt je serais gêné d'enfiler les évidences que je vais énoncer.

Barry Lyndon est d'une beauté exceptionnelle, une beauté de chaque plan, de chaque image : on pourrait mettre en pause à chaque instant et s'emplir les yeux des tableaux admirables conçus et composés par un peintre au talent extraordinaire, mais un peintre qui joindrait à cet art tous les autres talents. Jamais mieux que là, peut-être on n'a réalisé certains idéaux plaçant le cinéma comme la synthèse et l'achèvement de toutes les autres formes artistiques.

Il n'y a pas une fausse note, pas une erreur de rythme, pas une faille de distribution ; mais peut-être est-ce du fait de cette absolue perfection formelle que Barry Lyndon n'est pas mon Kubrick préféré, peut-être parce que l'émotion ne se fixe pas toujours, tant on est transporté par la performance.

Ah, si, tout de même : l'enterrement du fils de Barry, Ryan O'Neal et Marisa Berenson brisés de souffrance et derrière le corbillard blanc et empanaché, le Révérend Runt (Murray Melvin) psalmodiant, dans le vent mauvais, les versets de l'Écriture.

Rien que pour ça, cette merveille resterait dans l'histoire du cinéma…et comme il y a mille autres images inouïes…


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De Impétueux, le 27 juin 2006 à 13:20
Note du film : 6/6

Tous ces messages d'amateurs éclairés vont dans le même sens et confortent le point de vue que Barry Lyndon est un film exceptionnel de beauté…

Ensuite…ma foi, cela dépend du goût personne de chacun pour les oeuvres fleuves ; il se trouve que tant en littérature ("La recherche", "Les hommes de bonne volonté", "Les Thibault") qu'au cinéma (Autant en emporte le vent, Docteur Jivago, La maman et la putain), j'apprécie tout particulièrement l'abondance, le foisonnement, et quelquefois la lenteur.

D'autres auront plus d'attirance pour la sécheresse, la concision, la nervosité…

Il y a plusieurs demeures dans la Maison du Père…


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De Citizen Dave, le 23 août 2006 à 22:59
Note du film : 6/6

Le film n'est pas long du tout et j'ai du mal à comprendre le concept de durée de film trop longue par rapport au fil de l'histoire. Les scènes racontent jsute ce qu'elles ont à raconter et je n'imagine pas encore de faire parler les acteurs plus rapidement ou de passer les images en accéléré. Personnellement, on peut me passer deux fois de suite Barry Lyndon ou 2001 sans que j'y éprouve de déplaisir, je l'ai déjà fait. Ce sont deux films qui m'ont assez tôt fascinés. Trouver limite l'intrigue de barry Lyndon? Mmmh, sans doute qu'on voit que l'histoire ressemble à des classiques de la littérature du dix-huitième ou du dix-neuvième siècle. Mais, après tout, les histoires de Orange mécanique ou Shining sont-elles plus complexes? On me répondra que les films sont moins longs, mais les histoires de Shining et Orange mécanique sont plus schématiques que Barry Lyndon, sans compter qu'il ne me vient pas un instant à l'idée de mettre Anthony Burgess et a fortiori Stephen King sur le même plan qu'un Thackeray (j'ai lu son Mémoires de Barry Lyndon et et l'Orange mécanique de Burgess, un Stephen King au passage, mais pas Shining). L'ascension sociale de Barry Lyndon prend une certaine inertie qui l'amène tout d'un coup à pédaler dans le vide, face au retournement de situation apportée par les crises en gestation depuis le début., c'est un sujet tout à fait valable. Parce que le film est choc, doit-on croire que Orange mécanique a une histoire plus subtile, avec cette symétrie quasi didactique méfaits du héros, victimisation du héros, perfidie du retournement final. Barry Lyndoon et 2001 sont les chefs-d'oeuvre de Kubrick à mon sens. Un bel avenir est sans doute également réservé à Full Metal Jacket et Eyes wide shut.


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De cormega, le 24 août 2006 à 01:46
Note du film : 6/6

Pour moi de loin le meilleur film de Kubrick. La plastique du film est à tomber par terre; une freque au niveau de Ran ou Kagemusha de Kurosawa. Un must.


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De droudrou, le 24 août 2006 à 10:31
Note du film : 6/6

Cormega : tu es bien gentil de vouloir apposer une affiche avec ton titre de film. C'est très bien mais revois ton message car l'affiche de RAN n'est pas conforme… Tu choisis l'option : "éditer le message" et tu verras que diverses dates te sont proposées qui te permettent de faire correctement ton choix.

Par contre, puisque tu parles de RAN, c'est un véritable opéra que ce film ! Quant à l'image, elle est superbe, on ne s'en lasse pas.

D'accord pour classer les titres que tu cites au firmament des très grands films.


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De cicione, le 25 août 2006 à 06:47
Note du film : 6/6

Voila aussi un de mes plus beau film qu'il m'est été donner de voir,ce film a l'ambiance trés 18ème est un chef d'oeuvre ,le plus connu assurément de Kubrick.

Il est souhaitable de le plébisciter, et ce meme si on le trouve dans de belles éditions DVD.

On ne peut oublier ces magnifiques acteurs que sont Ryan oneil,et la sublissime Marissa Berenson,et

Sans oublier la voix off pour la version Française de Jean Claude Brialy!

Long vie a ce film ,c'est un classique indémodable et devrait etre vu et revu par toute les génèrations

Je souhaiterais m'étendre d'avantage sur ce film ,mais je crains que cela soit un peu trop long,de plus est-il besoin de le faire tellement ce film est beau!!


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De Gaulhenrix, le 12 octobre 2007 à 23:51

Un film trop long ?…

Au fond, quel est le propos de Stanley Kubrick, sinon montrer, à travers l'exemple particulier d'un arriviste ambitieux, la vanité de toute existence (le Vanitas vanitatum, et omnia vanitas) ? Dès lors, la lenteur du récit, sa longueur même, voire son étirement, concourent à retranscrire le poids des efforts consentis pour atteindre les buts que l'on s'est fixés, à faire éprouver les cicatrices laissées peu à peu par les vicissitudes de l'existence. Ainsi ressentons-nous l'écoulement de la vie, dans chacun de ses méandres heureux, obscurs ou sordides, jusqu'au naufrage final.

Bref, si l'on adhère au dessein du réalisateur, on ne peut, me semble-t-il, que louer cet exemple de parfaite alliance du fond et de la forme – marque de tous les chefs-d'œuvre.


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De droudrou, le 18 décembre 2007 à 09:09
Note du film : 6/6

Ce n'est pas pour me détacher des uns et des autres que j'ouvre un nouveau fil à propos de ce film que je viens de revoir. C'est plus pour relancer le cadre des conversations nombreuses que nous avons déjà eues à propos de ce chef d'oeuvre absolu de Stanley Kubrick.

Barry Lyndon présenté à l'origine comme une superproduction, certes, s'il y a des scènes de bataille avec une figuration relativement "importante", on est loin des critères qui, les années précédentes, caractérisaient la "superproduction type hollywoodienne".

On est littéralement confondu devant la perfection de ce film qui nous tient un très long moment par rapport à des personnages pour lesquels on éprouve peu de sympathie. C'est un film hypnotique au niveau de ses scènes, de ses images, de ses décors, de ses costumes et coiffures et de sa musique. C'était et ça reste un très grand cru.

Face à Barry Lyndon toutes les "reproductions historiques" du cinéma apparaissent bien faiblardes d'autant que l'image digitale n'est pas là pour lui apporter une touche dont il se passe très bien…


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De vincentp, le 20 novembre 2011 à 23:40
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Les commentaires qui précèdent sont tous intéressants et justes…

Ayant revu ce film de trois heures ce soir, en blu-ray (ce format HD respecte judicieusement le grain d'origine de la pellicule), voici mes impressions.

Sur un plan formel, Barry Lyndon est impressionnant de bout en bout (il m'a rappelé Les duellistes, qu'il surpasse probablement par la variété des décors extérieurs et intérieurs), en particulier en ce qui concerne l'aspect éclairage, pour lequel je suis assez sensible. Les amateurs de Barry Lyndon auront intérêt à regarder Les duellistes si ce n'est pas déjà fait. Un très gros travail sur le cadre de l'image, les couleurs, le rythme des déplacements aussi, pour ce film de Kubrick.

La mise en scène est magistrale les deux premières heures, les thèmes et idées foisonnent et sont admirablement traités. Portrait d'une époque (assez cruelle), d'individus d'horizons différents, traités sans manichéisme.

Mais la dernière heure est discutable à mon avis. Ou surprend. Barry Lyndon perd les pédales de façon incompréhensible, arrivé au faîte de sa gloire. Alors qu'il a développé une intelligence adaptationnelle exemplaire jusqu'alors. Et de plus le rythme ralentit considérablement (Kubrick veut montrer sans doute le caractère figé de l'aristocratie, laquelle tourne en rond notamment dans son jardin), et on vire au drame psychologique avec des aspects assez sordides (le duel). Un brin (très léger) de grandiloquence, de solennité aussi. Ce sont certes des choix de Kubrick, qu'il faut respecter… car l'auteur ne cherche pas à plaire mais à montrer et démontrer : la vacuité des ambitions, le caractère passéiste et peu productif de l'aristocratie sans doute aussi, la cruauté des relations sociales basées sur des normes et traditions héritées du passé.

La conclusion est en revanche à nouveau magistrale. Effectivement, ces personnages riches ou pauvres, beaux ou laids, sont tous égaux maintenant.

Autres points forts : le descriptif psychologique des personnages, notamment secondaires. En particulier, les deux nobles victimes des tricheries des joueurs de carte, et qui oscillent entre bienséance et colère. Il est (très) rare de voir des états psychologiques aussi bien rendus à l'écran. J'ai été impressionné par cet aspect.

D'autre part, Kubrick analyse tout aussi finement l'attirance physique et mentale, assez trouble, de Barry Lyndon pour les femmes. Celui-ci s'excuse auprès de sa femme pour son infidélité alors que celle-ci est dans sa baignoire, et montre ses formes. Lyndon, s'il n'avait pas été si ambitieux, aurait sans doute épousé la belle fermière germanique rencontrée par hasard. L'ambition qui le dévore le déséquilibre complètement sur un plan affectif.

Enfin, les relations sociales, politiques sont brillamment évoquées. Les valets, femmes de ménage, soldats servent de main d'œuvre corvéable à souhait à quelques individus que l'on qualifierait aujourd'hui de prédateurs. Clairement Kubrick s'en prend aux sociétés quasi-théocratiques européennes de la fin du XVIII° siècle.

Barry Lyndon est un très grand film historique, et un grand drame psychologique aussi. Il est à regarder en étant bien reposé, car il exige une forte attention du spectateur pendant trois heures.

Je ne placerai pas ce soir Barry Lyndon dans ma liste des films préférés (alors que Les duellistes, si proche, y figure). En tous les cas, ce film de Kubrick fait réfléchir.

Nb : ce lundi 21 matin, pensant et repensant au film, à ses séquences diverses, j'en ai oublié l'arrêt de mon train, et ai du faire marche arrière…


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De norman bates, le 4 avril 2012 à 21:29
Note du film : 5/6

Tout a été écrit dans les différents commentaires que je viens de lire: Kubrick nous offre une oeuvre magistrale empreinte d'un esthétisme à couper le souffle. La lumière, les paysages, les bâtisses… C'est une succession de tableaux vivants, bercés par la sarabande d'Haendel, qui nous transportent tout droit dans ce XVIIIème siècle et ses rapports sociaux.

Que d'images magnifiques! Je garde en mémoire cette scène où le beau-fils de Lyndon le provoque en duel pour demander réparation: Ryan O'Neal en premier plan, immobile, et les joueurs à la table derrière figés dans leur activité: des pantomimes photographiés par Kubrick, une véritable peinture vivante.

Cette odyssée, un peu plus courte, aurait sans doute mérité un 6 (il m'a fallu regarder les pérégrinations européennes du héros en 3 fois…).

Quoi qu'il en soit, Kubrick est au sommet de son art et marche, à coup sûr, sur les sentiers de la gloire.


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