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Forum : Le Coup de l'escalier

Sujet : Wise - Ryan


De verdun, le 8 juillet 2005 à 16:46
Note du film : 6/6

Le coup de l'escalier est l'autre film de l'association Robert Wise – Robert Ryan, dix ans après Nous avons gagné ce soir.

Ce film reste assez méconnu en France. Toutefois, une anecdote a donné à ce film une certaine réputation: Jean-Pierre Melville aurait vu ce film une bonne centaine de fois et aurait rendu hommage à ce coup de l'escalier plus d'une fois dans son œuvre.

De fait, le film présente de nombreuses analogies avec Le cercle rouge par exemple. Le coup de l'escalier est une ballade mélancolique,avec des aspects très "melvilliens", notamment les scènes se déroulant dans le cabaret où Harry Belafonte chante. Plus qu'un film de casse, il s'agit surtout d'une analyse du comportement et des déboires sentimentaux et professionnels de trois losers promis, on le devine d'emblée, à un destin tragique.

Le rythme est contemplatif et l'action est réduite au hold-up qui n'occupe que quelques minutes à la fin.

L'autre réputation du film est d'être un pamphlet antiraciste, thème qui revient souvent dans l’œuvre de Robert Wise et dans son film le plus célèbre West side story. En fait, les choses sont un peu plus subtiles que cela : Robert Ryan joue en effet, comme il l'a souvent fait dans sa carrière un gros "beauf" raciste mais ce racisme n'est qu'un défaut parmi d'autres. D'autant qu'il n'est pas le seul personnage à faire preuve de racisme primaire.

N'empêche que les scènes finales sont extrêmement intenses, voire apocalyptiques, et constituent l'une des plus belles dénonciations de la connerie humaine en général et du racisme en particulier.

La mise en scène de Wise est très rigoureuse et géométrique avec des figures symétriques comme les voitures qui se garent le long du trottoir. C'est l'un des premiers films ou l'on utilise – judicieusement – ce procédé controversé qu'est le zoom. La photo noir et blanc est magnifique, de même que la musique très jazzy.

Le coup de l'escalier marque un peu la fin d'une époque et est souvent considéré comme le dernier film noir américain classique.


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De captain brittles, le 10 juillet 2005 à 12:00

Ah quand même ! Ce film a tout l'air d'un poids lourd.

En tout cas, merci d'avoir donné cet avis aussi éclairé Verdun qui ne fait qu'amplifier mon envie de découvrir ce film.


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De Impétueux, le 7 novembre 2016 à 19:50
Note du film : 4/6

Voilà un film intelligent et magnifiquement réalisé où l'intérêt tient moins au suspense du hold-up, pourtant bien rythmé et très réussi, qu'à ce qui se passe avant lui et – un peu – après. Un film où la présentation des personnages, les rapports violents qu'ils entretiennent et, surtout, l'attente, exaspérante, énervante, angoissante du coup sont primordiaux. De fait, je ne crois pas qu'on ait réussi aussi exactement à décrire les heures qui n'en finissent pas de s'écouler avant le moment de l'action qu'en filmant les trois personnages, Slater (Robert Ryan), Ingram (Harry Belafonte) et Burke (Ed Begley) qui essayent de tromper le temps, chacun de son côté, en guettant le moment où ils vont aller cambrioler la banque.

Le scénario n'est d'ailleurs pas d'une extraordinaire originalité et le casse n'a pas la confondante ingéniosité de certains des cambriolages mémorables que le cinéma dispense à foison depuis des décennies (de Du rififi chez les hommes à Mélodie en sous-sol en passant par L'ultime razzia) ; le sujet n'est pas là, de toute évidence dans l'esprit de Robert Wise. L'est-il, comme on l'a dit, dans la pulsion antagonique qui oppose Slater et Ingram, le premier méprisant les Noirs, le second détestant les Blancs ? C'est possible, même si, d'après le supplément du DVD, dans le roman dont le film est adapté, les deux hommes, poursuivis par la police, finissaient par s'entendre et à s'entraider. Mais il me semble qu'avant cela, c'est leur situation de loosers perpétuels qui plombe les trois complices, aucun d'entre eux n'étant vraiment persuadé de la réussite du cambriolage ni ne le vivant avec la fièvre presque orgasmique que les vrais malfrats éprouvent.

Tous sont en effet des laissés pour compte des États-Unis prospères de la fin des années 50. Tous sont, d'une façon évidente, des ratés de l'existence, aussi bien dans le désastre de leur vie affective que dans leur lutte quotidienne pour gagner assez de dollars pour surnager. On n'a peut-être pas assez souligné combien Slater et Ingram sont dans des impasses médiocres vis-à-vis de leurs compagnes, Lorry (Shelley Winters) et Ruth (Kim Hamilton) qui tentent, chacune à leur manière, de les rattacher au monde réel et n'y parviennent pas.

Robert Wise met en scène tout cela avec un immense talent ; presque tous les plans sont filmés de manière décentrée, la plupart, d'ailleurs en contre-plongée, avec une virtuosité impeccable. Le Noir et Blanc est superbe et culmine dans les scènes finales, dans ce qui doit être une usine à gaz, ou plutôt un dépôt d'essence, plein de tubulures compliquées et de réservoirs gigantesques inhumains où s'affrontent mortellement Slater et Ingram, le Blanc et le Noir qui se font mutuellement exploser en se tirant dessus.

À noter que le DVD présente un intéressant supplément où Danièle Grivet et Roland Lacourbe, spécialistes de l’œuvre de Robert Wise présentent intelligemment un réalisateur protéiforme trop négligé


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