Paul Anderson signe là sans doute une des meilleures adaptations cinématographiques de jeu vidéo. On est loin du "shoot them up" bête et stupide et loin aussi des quêtes mystico-poétiques à deux sous comme Final Fantasy. Le film se tient bien de lui-même et on oublie totalement qu'on est là dans une refonte d'un jeu vidéo.

Il faut tout de même concéder que la trame est telle qu'on peut la trouver dans la série des films inspirés par Alien. Seulement, à l'intérieur de ce sous-genre du film fantastique, Paul Anderson réussit à apporter des nuances et de l'originalité, chose que l'on aurait pu croire impossible tellement Alien a été fait et refait à toutes les sauces.

La première bonne surprise réside dans un scénario original et abouti. Les rouages dramatiques sont parfaitement efficaces, le travail du relais des méchants (ordinateur/zombies/monstres) est réussi et permet de relancer l'action dès qu'on arrive à un temps mort. Les personnages sont aussi développés que possible pour ce genre de film. Certes, Michelle Rodriguez et le policier sont des personnages un peu simplistes (mais plus complexes qu'un quelconque GI dont la psychologie est réduite à "tuer le monstre"), mais il n'en est rien de celui incarné par Milla Jovovich. Durant tout le film, elle évolue avec finesse et c'est vraiment elle, son enjeu psychologique (retrouver la mémoire, savoir à quel camp elle appartient) qui constitue l'intérêt et le centre du film. Non pas la course contre la montre. Le final terrible et apocalyptique est tout à la fois socialement pessimiste et humainement optimiste avec un message qu'on pourrait formuler par "il faut continuer à se battre malgré tout!".

La mise en scène est à la hauteur du scénario. Les scènes d'action sont filmées avec efficacité, sans fioritures ni effets gratuits. Mais surtout, le film sait revenir, autant que possible sur son personnage principal, Milla Jovovich. On est vraiment avec elle dans la découverte des enjeux de l'histoire, et ensuite dans sa réaction et sa prise de position… Jamais non plus sans doute, Milla Jovovich aura été aussi bien mise en valeur. Même Luc Besson n'a pas réussi à la filmer avec autant de grâce, de beauté et de classe…