Forum - La Vérité sur Bébé Donge - En tout cas, le Simenon était de bonne cuvée...
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Forum : La Vérité sur Bébé Donge

Sujet : En tout cas, le Simenon était de bonne cuvée...


De Arca1943, le 13 septembre 2005 à 05:45

Parmi les cinéastes identifiés à la "qualité France", Henri Decoin n'est pas celui qui m'inspire le plus. Mais je voudrais voir ce Decoin-là notamment parce que les rencontres entre Gabin et Simenon m'intéressent : je les trouve faits l'un pour l'autre.

Le roman de Simenon «La Vérité sur Bébé Donge» (et pas Monge) est un de ses très bons avec «Marie qui louche» (jamais porté à l'écran que je sache), «L'Ours en peluche», «Le Temps d'Anaïs» et bien sûr Le Chat. Et plusieurs autres dont le titre me revient moins facilement.

Tout ça mis ensemble, je prends le risque (ah le terrible risque!) de signer cette pétition.

Arca1943


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De venusia73, le 18 janvier 2006 à 16:18

Petite fille de Meg Lemonnier (elle n'a qu'un petit rôle dans ce film-là), je vote pour que tous ses films soient en DVD et alimentent la patrimoine du cinéma français.


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De Impétueux, le 30 janvier 2006 à 16:20
Note du film : 4/6

Eh bien moi, j'ai vu deux ou trois fois La vérité sur Bébé Donge et je le reverrais bien !

Henri Decoin, c'est vrai, n'est pas un cinéaste inspiré, mais il est de ces plus qu'honnêtes artisans qui, lorsqu'ils trouvent un bon sujet (et que rêver mieux qu'un Simenon?) adapté pour de bons acteurs (que dire de plus de Jean Gabin et de Danielle Darrieux – qui fut un temps la femme de Decoin – ?) savent raconter plaisamment l'histoire et tenir en haleine le spectateur ?


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De Impétueux, le 30 août 2008 à 20:06
Note du film : 4/6

À dire vrai, il aurait fallu un cinéaste un peu plus fluide, un peu plus inspiré, un peu plus artiste que l'excellent Henri Decoin pour porter à l'écran ce roman noirâtre de Simenon, pour en suivre les méandres logiques et destructeurs ; artisanalement, Decoin réalise de la solide ouvrage, mais ça manque tout de même un peu de finesse…

Et pourtant, La vérité sur Bébé Donge est, sinon un grand film, du moins un bon film, un film solide, bien mené, du fait de sa trame robuste, du rythme jamais lassant des flash-backs et sans doute aussi et surtout, de la qualité des acteurs.

Au générique, Danielle Darrieux apparaît avant Jean Gabin et ce n'est sans doute pas comme le croiraient des esprits naïfs et idéalistes, par galanterie ; c'est qu'après la Guerre, qu'il a magnifiquement faite, Gabin dont les cheveux blonds ont blanchi, n'est plus l'irrésistible star du cinéma français qu'il était naguère ; et, malgré quelques bons (Martin Roumagnac, La Marie du port, La nuit est mon royaume, La vierge du Rhin) ou très bons films (Au-delà des grilles, Le plaisir), ce n'est qu'avec Touchez pas au grisbi qu'il retrouvera son statut, celui du plus grand.

Danielle Darrieux n'a pas connu de purgatoire ; les fées se sont penchées sur son berceau, et – ô paradoxe pour celle qui est aujourd'hui une magnifique très vieille dame – n'ont jamais cessé de lui prodiguer leur sourire et à lui donner de bons conseils, notamment d'interrompre sa carrière de 1942 à 1945, après avoir pourtant fait le fameux voyage à Berlin de la Continental aux côtés de Suzy Delair ou de Viviane Romance

Bon, cela posé, cette histoire où un chevalier d'industrie robuste, viveur, sanguin en fait tant et tant qu'il détruit les illusions et les rêveries d'une oiselle gracieuse et romantique à un point tel qu'elle ne va pas trouver d'autre issue que de l'empoisonner, moins pour se trouver libre que pour venger sa jeunesse et sa vie brisées est si intelligente et si bien venue qu'on aurait tort de ne pas la revoir… il y a des tas de fines notations… bien sûr dans la peinture acerbe de la belle bourgeoisie industrielle d'une ville de province (Grenoble, j'ai l'impression), mais aussi dans de petits détails vrais : ainsi, au tout début du film, une des séquences à l'hôpital où François Donge (Gabin, donc), sorte d'empereur local, voit sa dégradation physique entraînée par l'empoisonnement, davantage matérialisée, après un lavage d'estomac par sa soumission aux nécessités naturelles ; l'humiliation ressentie par François devant l'infirmière professionnelle et indifférente est excellemment vue… ; ainsi la consultation révérencielle du docteur Jalabert (Jacques Castelot) auprès d'un grand professeur de médecine…

Solidement bâti, sans assez de finesse, mais avec bien des qualités… un bon Decoin, somme toute…


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De letotal, le 5 septembre 2008 à 22:58

Henri Decoin a tire le maximum d'un Simenon médiocre et c'est son plus grand mérite.


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De vincentp, le 5 juin 2013 à 23:29
Note du film : 4/6

Un bon film sur l'univers tourmenté de Simenon, et aussi au-delà un bel aperçu de la France du début des années 1950. Concernant le premier point, La vérité sur Bébé Donge (1952) crée un monde aux apparences lisses et enjouées (très visibles lors des réceptions) derrière lesquelles apparaissent des fêlures psychologiques, provoquées par les ambitions sociales, et le besoin d'argent. Les dialogues tendent à opposer ou à juxtaposer le ton enjoué de la jeune fille, croyant à l'amour, à celui désabusé de l'homme mûr qui a connu bien des femmes et qui n'ignore rien de leurs ressorts.

Le récit met en scène une France assez compartimentée (d'un côté les bourgeois et nantis, le chanoine, le militaire,… et de l'autre les ouvriers de la tannerie ou le chauffeur de taxi). Pas d'immigration extra-européenne à cette époque. L'argent est difficile à obtenir et nécessite de se déplacer aux quatre coins de l'hexagone, de fréquenter le beau monde, et de sortir quelques mensonges ou semi-vérités. Les ressorts qui mènent à la réussite sociale sont finalement très proches, selon Simenon, de ceux qui conduisent à la déchéance. Il suffit de peu de choses pour basculer d'un état à l'autre.

Ce film de Henri Decoin manque de rythme par moments, suscite un peu d'ennuis à d'autres (il aurait pu être un peu plus condensé), mais il est globalement bien fait. Les dialogues, très travaillés tout en étant naturels enrichissent les personnages et l'intrigue. Les plans suivent à la perfection les personnages dans leurs nombreux déplacements. La musique est parfaitement plaquée aux images (leur donnant du relief émotionnel). De nombreux décors externes urbains et ruraux, très bien photographiés et insérés dans l'intrigue, fort intéressants à découvrir. Les décors intérieurs sont également soignés et représentatifs de leur époque. Il s'agit donc au final un film français de répertoire plutôt intéressant à découvrir, me semble-t-il. Il fait partie de notre patrimoine cinématographique et peut nous aider en particulier à comprendre d'ou nous venons…


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