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Forum : La Terrasse

Sujet : Rideau !


De PM Jarriq, le 1er mars 2005 à 08:36
Note du film : 5/6

Très envie de revoir "La terrasse", surtout pour le sketch de Tognazzi et Trintignant, infernal duo producteur-scénariste, finissant dans la folie furieuse. La rengaine du premier "ça fait rire ?", est restée anthologique.


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De Impétueux, le 1er mars 2005 à 08:42
Note du film : 5/6

Comment se fait-il qu'Arca ne nous ait pas encore mis la pression pour que nous votions pour cet excellent Scola ? Quel trouble jeu joue-t-il ?

En tout cas, je vote des deux mains !


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De Arca1943, le 13 mars 2005 à 17:08
Note du film : 5/6

Bien sûr, je vote aussi. C'est un film que j'ai vu maintes et maintes fois (dans une vieille copie VHS enregistrée sur Télé-Québec). Comme je suis un fan insatiable de la comédie à l'italienne, de son star-system du tonnerre de brest, de ses scénaristes de choc – ici Agenore Incrocci dans un petit rôle ! – et même de sa vision amère mais nuancée du monde, inutile de dire que je trouve La Terrasse passionnant. Au moment du pugilat entre le scénariste de comédie (Jean-Louis Trintignant) et le hautain critique de cinéma qui méprise le comique italien (Stefano Satta Flores), je me surprends à lui crier des encouragements, comme pendant un match de hockey ! Allez, vas-y Trintignant ! Casse-lui la gueule à ce salaud ! Fais-en de la chair à pâté ! Car c'est, emblématiquement, à cause de ce damné critique et de ses pareils – qui ont depuis reconnu leur erreur, mais trente ans trop tard – si mes films préférés sont si difficiles à trouver (l'étaient sur VHS, le sont sur DVD).

Pourtant…

Je reste ambigu vis-à-vis de ce film. Et même, il m'arrive de lui faire la gueule. La première explication, c'est peut-être que je veux tuer le messager : ce que j'ai appris en voyant ce film à sa sortie chez moi en 1981, c'est que la comédie à l'italienne – potion magique dans laquelle je venais à peine de tomber, trois ou quatre ans plus tôt – était sur le point de fermer les livres. Que le public commençait à décrocher, que l'inspiration comique avait déserté – terrible scène du taille-crayon avec Trintignant – que l'industrie italienne du cinéma était au bord du gouffre. Eh bien, tout ça, je ne voulais pas le savoir ! J'avais alors dix-huit ans, j'étais un fan solidement accroché à un produit audiovisuel comique de toute première force, je voulais seulement que mes entertainers favoris me sortent encore dix, vingt, cinquante farces dans le même style et qu'ils me foutent la paix avec leurs états d'âme. Je ne voulais pas savoir que j'avais sauté à pieds joints sur le pont du Titanic…

Mais ce n'est pas tout. Ce que je vais dire risque d'être diversement accueilli, mais ce film commence à ressembler à du cinéma d'auteur et ça ne me plaisait guère. Faire une comédie à l'italienne sur le fait qu'on n'arrive plus à faire de comédies à l'italienne (ou à en faire de réussies), ça reste le thème du « cinéma sur le cinéma », thème qui m'ennuie souvent à mourir, un peu comme les poèmes sur le fait d'écrire de la poésie m'ont toujours fait hurler. Quoi qu'il en soit, un film avec une telle thématique ne s'adresse plus au grand public, n'a plus pour visée le public populaire mais un public plus chic, dirais-je : un public de festival, un public d'intellectuels; et aussi (c'est là que ça me concerne) un public de fans, d'aficionados…

Mais disons-le tout net : j'ai une liste des quarante meilleures comédies à l'italienne – celles que je dois me procurer sur DVD en priorité absolue – et La Terrasse n'en fait pas partie. D'abord et avant tout parce que ce n'est pas très drôle – c'est le sujet du film : on n'est plus drôles, on a perdu notre vis comica, on n'arrive plus à faire rire les gens. Mais surtout, en somme, parce que ce n'est plus du cinéma populaire, de la culture populaire. Et ça, c'était quand même la règle numéro un du genre.

En même temps, j'imagine qu'il fallait bien que ce film se fasse. Il y a une certaine logique dans la trajectoire du serial qui aboutit à ce film. D'ailleurs, cette terrasse, je crois bien que c'est « la légendaire pharmacie de Garinei, place San Silvestro, à Rome, où fourmillaient chansonniers, humoristes, caricaturistes, journalistes et poètes satiriques, gagmen, auteurs de chansons et de revues, scénaristes et metteurs en scène de spectacles de variété… » (Fruttero et Lucentini, dans un article-hommage au Pigeon). Et comme cet endroit de légende, pour moi haut lieu de pélerinage, n'existe fort probablement plus – remplacé selon toute vraisemblance par un McDonald's ou pire encore, un Pizza Hut – il est évident que ce film est pour moi le seul moyen d'y mettre les pieds…

Alors, bon, je vote quand même.

Arca1943


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De Arca1943, le 17 octobre 2006 à 12:55
Note du film : 5/6

Oh, là, là ! Je viens de revoir La Terrasse et mon point de vue sur ce film que je n'avais pas vu depuis longtemps en sort radicalement changé ! J'aurais pu subrepticement modifier le message qui précède, mais bon, vivons avec nos erreurs… J'y reviendrai.

Cela dit, ce message est surtout pour annoncer à qui veut l'entendre que cet excellent Scola est disponible sur le site cdiscount au coût faramineux de 2 euros. Excellente VF, mais il n'y a que la VF. Le rendu de l'image et du son sont plus qu'honnêtes.


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De spontex, le 17 octobre 2006 à 13:48

Merci, j'ai ajouté le DVD !


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De vincentp, le 17 octobre 2006 à 23:11
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Un film vu il y a longtemps à la télé : il m'avait impressionné par sa mise en scène, notamment la scène qui est vue sous deux angles différents, à deux moments, et reproduisant deux points de vue. On trouve cette idée brillante (mais difficile à mettre en application) chez Hitchkock (La loi du silence) et chez Soderberg (Hors d'atteinte). Le sujet de La Terrasse était intéressant, bien au coeur de la comédie italienne (on parle de la société, mais aussi de tout et de rien). Quant à l'interprétation, n'en parlons pas. Il s'agit d'un des derniers feux de la grande comédie italienne : ses interprètes vieillissants en sont, avec le recul, d'autant plus émouvants. Un chef d'oeuvre, de mon point de vue. Je m'étonne, Arca, que vous ne lui mettiez que 5 sur 6 ! Le débat de L'armée Brancaleone mais à l'envers !


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De Arca1943, le 18 octobre 2006 à 13:02
Note du film : 5/6

Eh bien, c'est que dans un premier temps, sur la base du souvenir que j'en avais, je luis avais mis 4… (Honte sur moi !). Maintenant, je lui ai mis 5… Et d'ici quelques jours, en toute discrétion, je lui mettrai certainement un 6 (vaincu par le charme de la lumineuse Carla Gravina?) Ah, pourvu que personne ne s'aperçoive de ces tergiversations !


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De vincentp, le 18 octobre 2006 à 13:26
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Sur le cinéma italien, je vous recommande, Arca1943 (si vous ne le connaissez pas), le remarquable ouvrage de Jean Gili (qui est un des responsables actuels d'ailleurs du festival du cinéma italien d'Annecy), intitulé sobrement "le cinéma italien", paru aux éditions de la Martinière. 45 euros environ, mais cela les vaut : une synthèse excellente de ce qui a pu être dit sur ce cinéma, et une mine d'informations sur ce sujet.


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De Impétueux, le 8 décembre 2006 à 20:03
Note du film : 5/6

Il m'aurait bien fait plaisir, à l'instar d'Arca, de réévaluer le souvenir assez lointain, et excellent que j'avais de La terrasse, et plus encore de porter ma note au pinacle des 6 ou des Chefs-d'œuvre ; vraiment ça m'aurait plu, parce que tout là-dedans me plaît, metteur en scène, acteurs, ambiance, récit et réalisation (dont Vincentp souligne justement l'inventivité et l'originalité).

Et pourtant, afin d'être cohérent avec l'impression ressentie devant la même version à 2 euros qu'évoque Arca, je me navre de baisser ma note à 4 ; peut-être par déception attristée de ne pas retrouver la drôlerie fantastique et amère du Pigeon, du Fanfaron ou de Mes chers amis ; peut-être pour n'avoir pas trouvé la cohérence tragique et gaie de Nous nous sommes tant aimés ; peut-être aussi parce que c'est trop long (largement plus de deux heures), ce qui est, d'ailleurs, toujours une mauvaise raison, la longueur n'apparaissant dirimante que lorsqu'on s'enquiquine un peu.

Mais entendons-nous bien : c'est tout de même – et comment ! – un film magnifique, qui laisse à cent coudées derrière lui tant de pâlottes petites choses qu'on voit célébrées sur tous les tons…

Et après tout si, dans quelques années, je revois le film et l'apprécie au niveau où j'aurais aimé le faire, je m'en réjouirai pleinement…


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De Impétueux, le 17 juillet 2015 à 22:32
Note du film : 5/6

Il est assez curieux que ce film, dès qu'on le revoit, entraîne un changement de l'impression qu'on avait eue lors de sa vision précédente : Arca a subi cette sorte d'oscillation (sans malheureusement écrire, depuis 2006, le message qu'il nous annonçait après avoir modifié son avis de 2005) et, à ma troisième rencontre avec La terrasse, je retrouve le plaisir éprouvé la première fois, en contradiction avec mon jugement mitigé de 2006. Subjectivité des impressions, approfondissement des points de vue, bizarrerie des états d'âme…

Je suis bien entendu très sensible aux arguments d'Arca et sa déploration que cette fausse comédie à l'italienne marque, d'une certaine mesure, la fin d'un genre aussi éclatant. Mais je trouve qu'Ettore Scola a montré une grande lucidité et même un certain courage pour démonter, démythifier, en un essai brillant, ce qu'ont pu être les espérances progressistes de l'Italie.

Parce que le réalisateur lui-même était issu de la mouvance communiste et plusieurs de ses acteurs en faisaient, ou en avaient fait partie. En premier lieu Carla Gravina (Carla, femme de Luigi/Mastroianni), qui fut député du PCI, mais aussi Stefano Satta Flores (Tizzo, le critique de cinéma) et, d'une façon plus singulière Ombretta Colli (Enza, la femme d'Amedeo/Tognazzi) qui tourna plus tard casaque et alla chez Berlusconi. Et par dessus le marché (et la frontière) Serge Reggiani était lui aussi clairement engagé à gauche.

Mais le rapport des intellectuels avec les partis communistes n'était pas identique des deux côtés des Alpes depuis au moins le milieu des années 50 (XXème congrès du PCUS, rapport Khrouchtchev et révélation des crimes de Staline, répression du soulèvement de Budapest) et davantage encore depuis les événements du printemps 1968. Le PCI, sous la férule habile de Togliatti, Longo et Berlinguer avait opté pour une attitude clairement critique (eurocommunisme) vis-à-vis de l'Union soviétique – gardant ainsi l'appui des intellectuels et des compagnons de route – alors que le PCF s'enfermait dans un conservatisme étroit, conservant auprès de lui beaucoup moins de grandes figures, à la notable exception près de Louis Aragon ; il n’a en tout cas jamais retrouvé l’extraordinaire magistère moral, artistique, scientifique, philosophique qu’il exerçait depuis la Libération.

L'espérance communiste demeurant donc plus vivace en Italie (jusqu'au compromis historique de 1976 et de l'étiage maximum à 34,37% des voix), le réveil fut plus brutal jusqu'à aboutir à la disparition pure et simple du mouvement, début 1991, alors que, en France, le PCF a continué à gérer son petit matelas d'élus (matelas en peau de chagrin, soit dit en passant), maintenu en survie artificielle par le PS qui a intérêt à conserver sur sa gauche un partipicule à peu près fiable.

Réveil brutal, donc, après le traumatisme des années de plomb, marquées par le terrorisme et ses assassinats démentiels (Aldo Moro 9 mai 1978). Et rencontre sur La terrasse de ces militants et sympathisants qui jouent à croire encore aux lendemains qui chantent et constatent en leur for intérieur que leur vie est une dévastation, que les femmes qu'ils fascinaient ne se prennent plus aux pièges de leurs impostures et ont gagné leur indépendance…

Par un procédé cinématographique habile, Scola recale à chaque fois l'histoire qu'il va conter ; ou plutôt le coup de projecteur qu'il va donner successivement sur le scénariste Enrico (Jean-Louis Trintignant), frappé de stérilité d'écriture, sur le journaliste Luigi (Marcello Mastroianni), qui s'est laissé avoir par la routine, sur Sergio (Serge Reggiani), producteur à la RAI, anorexique humilié par sa hiérarchie, sur Amedeo (Ugo Tognazzi), prisonnier de sa villa hollywoodienne et son désir frustré pour sa femme Enza, sur Mario (Vittorio Gassman), député communiste, qui ne croit plus à son idéal et qui n'a pas le courage de se cramponner à l'histoire d'amour qu'il pourrait – peut-être ! – encore vivre avec Giovanna (Stefania Sandrelli).

Champ de ruines. Comme dans Nous nous sommes tant aimés, les rêves n'ont pas résisté à la poussière de la vie. Remarquez, ça ne change pas beaucoup : dans La grande bellezza, c'est à peu près la même chose dans un autre milieu : des privilégiés déprimés.


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De vincentp, le 20 avril 2016 à 23:44
Note du film : Chef-d'Oeuvre


C'est un très beau film d'Ettore Scola, drôle et grave, sur les illusions qui s'évaporent d'une génération, poussée par la suivante, laquelle ne partage pas les mêmes valeurs. Cette génération montante est montrée comme gauchiste ou matérialiste, un peu ridicule dans ses choix et attitudes, et surtout bordélique. Le scénario de Age et Scarpelli est bien sûr très réussi, croisant des scènes de groupe et d'autres centrées sur deux ou trois personnages, à partir d'un "tronc commun" organisé autour d'une réception sur une terrasse.

Ce scénario prend le temps qu'il faut pour décrire la vie ordinaire et désenchantée des vedettes de la radio et du cinéma qui approchent en 1980 la soixantaine. La terrasse réussit à rendre ces personnages crédibles et toujours proches de nos préoccupations de la vie quotidienne, par des coups de gueule ou autres (une belle scène voit par exemple Reggiani remettre un billet à son fils, pompiste). Le rythme lent de ce récit, son ton désenchanté, peuvent toutefois surprendre et dérouter le spectateur contemporain.


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