Bien que j'aie souvent de la difficulté à m'en convaincre, il n'y a pas que le cinéma italien dans la vie. Je peux bien, de temps en temps, troquer le xénochauvinisme pour le chauvinisme tout court et parler de films de mon pays, histoire de me… dépayser.

Alors, les cousins, on vous a vendu récemment Marie-Josée Croze. Vous lui avez même donné le prix d'interprétation féminine à Cannes. La dernière fois remontait à un quart de siècle, quand l'inoubliable Monique Mercure dans J.A. Martin photographe avait remporté cet honneur ex-aequo avec Shelley Duvall dans Trois femmes. Mais avec ou sans prix, on vous avait vendu sans trop de difficulté Geneviève Bujold – évidemment! – mais aussi Carole Laure et encore quelques autres. Mais enfin, pourquoi en rester en si bon chemin? Nous en avons d'autres en stock­ ! Certains, par exemple, ont peut-être vu récemment Pascale Bussières dans La Répétition, Un 32 août sur Terre ou La Turbulence des fluides. D'autres vont bientôt se taper l'excellente Noémie Godin-Vigneau dans l'inégal Nouvelle France. Mais en attendant, voici un sacré bout de femme : la sémillante Céline Bonnier, dont la performance explosive dans le rôle de Machine Gun Molly ou Monica la mitraille est la première attraction de ce polar par ailleurs intéressant et bien rythmé.

Pour les spectateurs québécois, c'est l'occasion de se pencher sur une époque aujourd'hui révolue. La saisie du contexte historique n'est pas extraordinaire – pour des raisons budgétaires évidentes – mais il y a des trucs vraiment déroutants, notamment au plan linguistique, car on fait parler à plusieurs personnages secondaires ce franglais craquant typique des fifties et qui est aujourd'hui éteint. Quoique sous un angle "minimaliste", le film réussit néanmoins à attraper la vague de fond qui va transformer les moeurs et les mentalités au tournant des années 50/60 et que nous connaissons ici sous le nom de Révolution Tranquille. Mais ce n'est pas un film historique : construit selon une ligne anecdotique, ponctuée par les amants successifs de la volcanique pilleuse de banques, c'est d'abord et avant tout un portrait de femme des plus étonnants. Que voulez-vous, elle s'était promis que ses enfants ne traîneraient pas dans les rues comme elle, alors elle a pris les moyens pour, les seuls qu'elle connaissait… et voilà le résultat. D'ailleurs la confrontation finale s'est déroulée à quelques rues de chez moi, mais j'avais trois ans, alors…

Et pour le spectateur français? Eh bien, d'abord, c'est pas sûr que le film sorte en France. Mais imaginons qu'il sorte, eh bien, pour ceux qui aiment bien se faire dépayser, je crois que ça va être une expérience franchement assez exotique ! Au beau milieu du Red Light montréalais des fifties : je ne suis pas sûr que vous connaissiez cette Amérique-là…

Arca1943

P.S. Si vous êtes sages, un de ces quatre, je vous parle de la lumineuse Anne-Marie Cadieux dans Le Bonheur c'est une chanson triste.

Wow ! 930 visites sur la fiche de ce polar québécois qui n'est même pas sorti en France… Je vais finir par croire qu'il y a une demande ! C'est vrai qu'elle a vraiment du chien, Céline Bonnier, avec sa mitraillette… Un petit direct-to-video, peut-être?

50 entrées en quelques heures ! Le designer de l'affiche sera content de savoir qu'il n'a pas travaillé pour rien.

Tabarnac ! Plus de 2 500 visiteurs sur la fiche de Monica la mitraille ! Le direct-to-video français s'impose. Ç'a coûté moins cher que Nouvelle-France, mais c'est bien meilleur !

Finalement, Monica la mitraille n'est jamais sorti en France. Eh bien, c'est une erreur, il aurait pu et dû, par un canal ou un autre, atteindre vos rivages. Ce n'est pas l'oeuvre du siècle, juste un bon film de gangster où le gangster en chef est une femme.