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Sujet : Incroyable beauté visuelle


De Harry Luck, le 10 mai 2003 à 09:46

J'ai toujours eu une petite réticence sur le cast de ce film. La présence d'acteurs U.S. comme Carradine avec son look de cowboy et Keitel avec son accent du Bronx, me gêne autant que Ryan O'Neal dans "Barry Lyndon". Des comédiens anglais auraient je pense, été plus adéquats. Ils assuraient j'imagine, une meilleure distribution aux États Unis. Grand film quand même…


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De Gaulhenrix, le 11 mai 2003 à 14:17
Note du film : 5/6

Je partage ton point de vue et puisque tu évoques des acteurs anglais (et compte tenu de l'époque du film) un Michael Caine en d'Hubert et un Oliver Reed en Féraud eussent été des plus indiqués…


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De dracula, le 20 septembre 2007 à 11:48

je ne pense pas qu'il y est un réel intérêt sur le choix des personnages anglo, américano ou autres ; l'essentiel est dans le caractère authentique de la l'atmosphère qui y est reproduit avec le souci du code d'honneur de l'époque. les 2 personnages principaux sont assez fidèles, l'un plutôt faisant penser à une brute et l'autre à quelqu'un de plus sage. 10/10


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De vincentp, le 14 décembre 2009 à 23:45
Note du film : Chef-d'Oeuvre

"On ne peut passer sous silence l'incroyable beauté visuelle de ce film. Il nous offre, d'abord, une immersion juste et vraie dans une période oubliée qui se met à revivre quasi charnellement. L'époque est en effet reconstituée avec une extrême précision et un tel réalisme ne se voit que très exceptionnellement : chaque plan nous surprend ! Mais cette reconstitution est photographiée, d'autre part, avec un tel souci esthétique, avec une telle méticulosité que chaque image, soigneusement composée, se présente comme un véritable tableau de maître : ordonnancement des éléments, harmonie des couleurs, jeu des contrastes, tout est somptueusement agencé et mis en valeur. Une parfaite réussite !" exprime en 2003 l'excellent contributeur Gaulhenrix, qui a depuis disparu (et a fait disparaître son message) peut-être victime d'un duel traditionnel au glaive qui a mal tourné, ou d'un mari jaloux.

Effectivement, Ridley Scott sans doute inspiré par Kubrick (ou David Lean) réalise un tour de force visuel. Cadrages, éclairage -sublime de bout en bout, avec des éclairages d'intérieurs semble-t-il à la bougie, comme dans Barry Lindon-; chaque plan est une merveille visuelle (mais pas le temps de réaliser une analyse des types de plans employés). Ah, ces rayons d'un soleil couchants, procurant une douce lumière… Alternance de scènes baignées par un soleil couchant, avec des teintes orangées, correspondant à des moments de douceur, et de scènes aux couleurs froides (bleues) liées aux duels. D’où le choix de l'objet que d'Hubert remet à son épouse (cet instant est tout simplement génial). Certains plans évoquent des tableaux animés de Turner ou de Constable, peintres paysagistes britanniques du début du XIX° siècle ; ainsi la dernière image montrant un fleuve en cru, à l'unisson des émotions du personnage. Tout ceci est impressionnant. Peut-être l'une des plus grandes réussites sur un plan pictural de l'histoire du cinéma.

Par une mise en scène inspirée, Ridley Scott parvient aussi à captiver avec un fil conducteur relativement ténu. Les caractères et comportements sont décryptés à la loupe et l'on suit pas à pas toutes les évolutions psychologiques et physiques de ces personnages. Le scénario a l'intelligence de ne jamais forcer le trait, délivrant des émotions au compte-goutte. Excellente direction d'acteurs : Keitel et Keith Carradine, deux grands acteurs sous-estimés, sont parfaits. Montage (pas une seconde de trop), dialogues parfaits. Le cadre historique est parfaitement planté. Un modèle de dramaturgie enfin, avec un crescendo final sublime. Peut-être le film parfait.

On remarque au passage des figures ou des thèmes récurrents de l'oeuvre à venir du cinéaste : pièces immenses et vides (comme dans Blade runner), un souci du détail historique (Gladiator…).


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De vincentp, le 28 février 2010 à 18:36
Note du film : Chef-d'Oeuvre

A propos de Turner et Constable, dont Scott semble s'être inspiré (?) pour Les duellistes: allez voir, si vous le pouvez, au Grand Palais, à Paris, en ce printemps 2010 l'exposition consacré à Turner et à ses sources d'influence picturales (Lorrain, Rembrandt, Canaletto, les peintres paysagistes hollandais, voire Watteau…). Prenez un audio guide, achetez et lisez le livre catalogue de l'exposition, qui est peut-être l'expo de l'année (avec celle consacrée à Monet à l'automne). Le travail sur les agencements au sein du cadre, sur la couleur (et surtout sur la lumière pour Turner), mené par ces grands maitres trouve son prolongement dans le cinéma actuel (du moins le plus intéressant). A la Cinémathèque française, l'exposition consacrée à la famille Renoir mettait en rapport la peinture de Auguste avec les films de son fils Jean, de son neveu Claude. Il reste beaucoup à découvrir pour le commun des mortels que nous sommes, au sujet des liens entre le cinéma et la peinture…

Une exposition "Turner et ses maitres" qui nous rappelle que Titien fut le premier artiste reconnu (?) de l'histoire qui instrumentalisa un paysage comme personnage à part entière, lui conférant par exemple un caractère menaçant ou accueillant. Technique abondamment employée dans le cinéma contemporain.


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De Impétueux, le 16 février 2016 à 17:36
Note du film : 4/6

S'il ne s'agissait que d'apprécier la beauté, le raffinement des images et des lumières, le soin apporté au choix des décors, des costumes et des objets de la vie quotidienne et des servitudes militaires, si l'on pouvait ne rester que dans un magnifique livre d'art, certainement Duellistes mériterait la note la plus haute. Je n'ai pas souvenir d'avoir aussi été émerveillé, pour la composition toujours maîtrisée de la surface entière de l'écran, depuis Barry Lyndon ; et, de fait, un arrêt sur l'image, à quelque moment du film qu'il intervienne, donne toujours l'impression que le réalisateur a attaché à chaque instant un soin maniaque à l'esthétique de son travail.

Mais cette suite de tableaux superbes est au service d'un scénario aussi mince qu'une feuille de papier à cigarette, qu'il aurait peut-être été plus propice de tourner en moyen métrage, si les considérations commerciales l'avaient permis. Les deux soldats de la Grande armée, Gabriel Féraud (Harvey Keitel) et Armand d'Hubert (Keith Carradine) n'ont aucune épaisseur, aucune substance, aucune réalité, demeurent purement iconiques, simples machines à porter bellement les uniformes chamarrés de l'Empire et à se ficher des peignées mémorables avec tout l'arsenal des hussards.

J'exagère un peu ; dans sa seconde moitié, le film dote le charmant d’Hubert d'une Laura (Diana Quick), maîtresse qui a roulé dans tous les fourgons des armées puis, plus sagement, d'une calme épouse, Adèle (Cristina Raines) et lui façonne un bout de personnalité, attachante au demeurant. Mais on ne saura rien, ou presque, de son ennemi Féraud. Voilà qui ôte beaucoup d'intérêt à une œuvre qui aurait pu être bien davantage bâtie sur l'aversion instinctive, immédiate, irraisonnée (et d'autant plus forte qu'elle est ainsi constituée) des deux hussards, même si c'est d'évidence, Féraud qui cherche le plus constamment des noises à d'Hubert, qui en est bien embêté.

Duellistes est un film trop beau pour être vrai, trop travaillé, trop léché, trop sophistiqué, trop enchanté de soleils levants sur la rosée et trop transi de brumes glaciales, trop pictural, trop décoratif pour demeurer autrement que comme un superbe exercice de style un peu vain.


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