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Forum : Mafioso (L'Homme de la mafia)

Sujet : Une oeuvre à connaitre


De Arca1943, le 5 juillet 2005 à 22:20
Note du film : 5/6

Tiens donc : 450 visites sur la fiche de Mafioso. Un millésime 61-62, ça se mérite. Et pour l'humour particulièrement grinçant du regretté Alberto Lattuada… Le DVD est proche, je le sens !


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De Arca1943, le 27 octobre 2005 à 06:22
Note du film : 5/6

Un peu comme son cadet Luigi Comencini, le réalisateur Alberto Lattuada est un touche-à-tout naviguant au plus serré entre art et industrie. Et souvent, avec lui et quelques autres, on a le droit au meilleur des deux mondes : capable, d'une part, de conférer une forme unique en son genre aux sujets populaires (ou, comme on dit, «commerciaux»); capable, d'autre part, de rejoindre le grand public avec des sujets réputés difficiles ( voir Les Adolescentes, que beaucoup tiennent, avec raison, pour son chef-d'oeuvre).

Dans sa riche carrière, Lattuada a signé toutes sortes de films. Et il a trouvé le moyen d'être aussi un maître de la comédie. De la comédie "de première vague" des années cinquante (Le Manteau, avec le grand Renato Rascel). Puis de la "comédie à l'italienne" (1958-197?) à laquelle il lègue au moins deux sommets : Venez prendre le café chez nous, avec Tognazzi, et ce film-ci, Mafioso, avec Alberto Sordi.

L'Homme de la Mafia est une satire féroce de la vie mafieuse – la première fois, je crois bien, qu'on traite d'un tel sujet par le biais de la comédie. Comédie noire et grinçante à souhait, comme il se doit ! Et alimentée, qui plus est, par une maîtrise du sujet traité dont on ne rêve même pas ailleurs… Quand je regarde les pauvres essais récents de comédie à base de mafia réalisés aux USA, ça me démange vraiment de remettre la main sur ce film qui serre ô combien mieux sa cible!

Mafioso fait partie de cette première explosion du genre qui suit immédiatement Le Pigeon et culmine, dans la saison de rêve 1961-1962, avec Divorce à l'italienne, Le Fanfaron, Le Fédéral, La Voglia matta, La Marche sur Rome, Le Commissaire, Une Vie difficile et Anni ruggenti. Ah, quel coffret du tonnerre de Brest…

Ais-je vraiment besoin d'ajouter que le comique Alberto Sordi y est irrésistible?

Mesdames et messieurs, on ne vous demande pas grand-chose : juste un petit vote. À vot' bon coeur, m'sieurs-dames…

Arca1943


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De Arca1943, le 19 mai 2008 à 19:52
Note du film : 5/6

Je n'ai pu résister plus longtemps ! Criterion vient de lancer ce classique de la comédie à l'italienne réalisé en 1962 par Alberto Lattuada. Avec sous-titres anglais seulement, bien entendu, et à un prix prohibitif. Mais si j'attends les Français pour me procurer ce film dans son excellente VF et avec ses excellents STF, je risque d'attendre encore longtemps… ou peut-être pas ? (Ceci est un appel du pied).

Cet Homme de la mafia s'est révélé encore meilleur que dans mon souvenir. Les scénaristes – Ferreri-Azcona-Age-Scarpelli – ont fait très fort, très discipliné ; sous la loupe déformante de la satire, on sent la volonté de dépeindre l'appartenance (et la dépendance) à la mafia au niveau le plus ordinaire, le plus familier : d'où le recours à l'Italien de la rue par excellence, Alberto Sordi. Les dialogues sont souvent drôles, mais l'humour n'est jamais forcé et cède parfois le pas à l'observation des moeurs (dans la première partie) et, dans la seconde partie, au film noir.

Alberto Sordi est en très grande forme dans le rôle de ce Sicilien qui a émigré avec succès à Milan et épousé une grande femme du nord blonde comme les blés (Norma Bengell) qui lui a donné deux adorables blondinettes de 6 et 8 ans. Et voilà que notre homme, petit contremaître en blouse blanche dans une grande manufacture du Nord, après des années de boulot sans prendre de vacances, revient pour la première fois dans sa Sicile natale avec sa famille. La femme de Sordi a d'abord un sérieux choc frontal avec la vie sicilienne ! Pourtant, elle saura vite se faire apprécier de sa belle-famille, notamment en appliquant de la cire à épiler (inconnue dans la campagne sicilienne en 1962 ?) à sa jeune belle-sœur, la malheureuse étant affligée d'une sérieuse ombre de moustache.

Bien qu'aussi veiné de noir, l'humour de Mafioso n'est pas dans le même registre que celui de Divorce à l'italienne, tourné l'année précédente : les moeurs siciliennes y sont moins exagérées et les personnages moins caricaturaux, même s'ils le sont aussi (sinon ce ne serait pas drôle). Le choc Nord-Sud se manifeste par une série de détails qui s'entrechoquent. Après avoir réussi à avaler la très copieuse assiettée qu'on lui a servie lors du premier repas en famille, Norma Bengell s'allume une bonne cigarette. Ah… Immédiatement, c'est le silence total autour de la nombreuse tablée. Ces Siciliens n'ont jamais vu une femme fumer ! « Pardon », demande-t-elle perplexe à sa belle-mère assise en face d'elle, « la fumée vous dérange ? » Alors Sordi intervient : « Tu sais, chérie, c'est qu'ils n'ont jamais vu fumer une femme. » Sa femme dit alors, en manière d'excuse, que c'est si bon une cigarette à la fin du repas. Aussitôt sa belle-mère et plusieurs autres protestent, véhéments : « La fin ? Mais c'était seulement les entrées ! » Et une monstrueuse platée de arrive au même moment sur la table.

Le film est assez nettement divisé en deux parties. C'est que Sordi, qui a une belle situation, de l'argent, une épouse aimée et deux charmantes bambines, doit tout ceci, finit-on par comprendre, à la recomandazione de Don Vincenzo, important personnage local qui est un peu l'oncle de tout le monde, si vous voyez ce qu'on veut dire (excellent Ugo Attanasio). Et le moment de remercier Don Vincenzo pour ses bienfaits est venu. Alors, tandis que sa femme le croit en week-end de chasse, Sordi est mis dans un container et expédié par avion pour une destination inconnue. Le but de l'opération est d'exécuter un capomafia encombrant, bien que le malheureux « exécutant malgré lui » n'en sache rien. Et voilà sans doute pourquoi il y a deux compositeurs au générique : si j'ai bien compris, Piero Piccioni se charge de l'orchestre classique pour l'Europe et Nino Rota de l'orchestre jazz pour l'Amérique. Très belle, la découverte New York où Sordi débarque soudain en clignant des yeux, aux accents de ce jazz triomphal. Tout frais sorti de son container (une grosse caisse de bois) notre héros ébahi regarde en contreplongée tous ces gratte-ciel, médusé de découvrir que c'était là – en Amérique, rien de moins ! – que l'ont expédié ses… euh, ses grands amis, le temps d'un faux week-end de chasse…

Ici dans sa veine « caustique et grinçante » inaugurée avec l'excellent La Spiaggia, l'éclectique Lattuada emballe le tout avec un sens aigu de l'image et des perspectives (hérité de sa formation d'architecte, tout comme l'autre grand éclectique Luigi Comencini). Sa mise en scène sait faire oublier la caméra et confère beaucoup de crédibilité au portrait d'ensemble de ces Siciliens « sous protection ». C'est un cinéma satirique compact et efficace, qui a pour ainsi dire le souci de ne pas être esthétique, mais avec le passage du temps, comme pour beaucoup de films italiens de cette période, la photographie en noir et blanc est devenue d'une beauté et d'une précision remarquables. Une belle réussite, qu'on ne saurait trop recommander aux éditeurs français qui semblent désormais se bousculer – comme il se doit ! – pour éditer des films italiens sur DVD…


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De tjiposa, le 15 juillet 2010 à 16:11
Note du film : 6/6

J'ai vu ce film dans les même conditions et je ne comprend pas comment un tel chef d'oeuvre n'est pas encore sorti en France. Sordi est génial ( comme toujours ), le scénario incroyable… De la comédie on passe au cauchemar ( une spécialité italienne ). Tout ceci est magnifiquement réalisé par un Lattuada enfin libéré de ces histoires de nymphettes. Une scène magnifique ( entre autres… ) est la présentation de la femme de Sordi à sa famille scicilienne, suivit d'un repas… digne de Germi ! Quand à la fin qui bascule de la campagne scicilienne à New york, en plein polar américain, sur fond de musique jazz et de cadillac noire, c'est du grand art et de l'inatendu.


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De Arca1943, le 8 novembre 2012 à 19:37
Note du film : 5/6

C'est franchement pitoyable qu'il n'y ait aucune édition française de l'excellent Mafioso avec Alberto Sordi. Mais je signale que le DVD Zone 1 de Criterion est présentement disponible sur le site de la FNAC pour… 33 euros. (Évidemment, s'il y avait une édition française, elle vous coûterait sûrement moins cher à l'achat. Je dis ça comme ça…)


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De Arca1943, le 4 mars 2013 à 20:34
Note du film : 5/6

Euphorique, je suis euphorique. Mafioso d'Alberto Lattuada avec Alberto Sordi sort en DVD francophone le 2 avril ! Encore du 62, ah quel millésime inépuisable. (En italien avec STF, apparemment sans la VF, qui pourtant existe quelque part, d'après mes sources.)


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De vincentp, le 24 décembre 2019 à 21:46
Note du film : 5/6

Mafioso décrit pendant plus d'une heure la vie en Sicile, et au nord de l'Italie, sur un mode quasi-néoréaliste (on pense à La terre tremble pour la partie sicilienne). Une pincée de comédie, pour un ensemble accessible à un grand public. La dernière demi-heure prend une tournure plus dramatique. Les contributeurs de cette oeuvre ont du métier, on peut apprécier la photographie magnifique de Armando Nannuzzi en particulier. Le portrait de la société sicilienne, marquée par des contradictions, un archaïsme fort, est fin et subtil. Mais quelque chose semble absent, probablement liée aux limites de mise en scène de Lattuada. Gestion de l'espace et du temps, gestion des émotions des spectateurs, composante musicale, non optimisés ? Dans la hiérarchie des réalisateurs italiens, Lattuada apparait moins bien placé qu'une bonne douzaine de ses contemporains. Reste que Mafioso (1962), objectivement très réussi, est à voir.


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