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Forum : En toute innocence

Sujet : Un bon film d'acteurs


De verdun, le 11 novembre 2022 à 22:30
Note du film : 4/6

On doit à Alain Jessua (1932-2017) des films tels que Traitement de choc, Armaguedon, Les chiens, ou Paradis pour tous qui, malgré leurs imperfections, ont imposé dans le cinéma français des années 70-80 un style atypique, mélange de satire sociale et de fantastique.

A la fin des années 1980, Jessua délaisse la fable d'anticipation pour tourner un drame psychologique plus conventionnel: En toute innocence.

L'argument peut être résumé ainsi. L'architecte Paul Duchesne (Michel Serrault) mène une vie bourgeoise et paisible dans la région bordelaise auprès de son fils Thomas et de sa belle-fille Catherine (Nathalie Baye). Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais un jour tout bascule: Paul surprend sa bru dans les bras de son amant. Paul, profondément choqué et perturbé par cette découverte, est victime d'un accident de voiture qui le prive de l'usage de la parole et de ses jambes. Muré dans le silence, il déclare une guerre ouverte à Catherine coupable à ses yeux, d'avoir brisé la belle harmonie familiale. Une guéguerre qui ne peut que mal tourner…

Nous naviguons donc ici en terrain connu. Il s'agit d'un drame psychologique qui se déroule dans un milieu bourgeois provincial identique à celui des films de Claude Chabrol. On remarquera par ailleurs que la photographie est l'oeuvre de Jean Rabier, célèbre pour avoir été le chef-opérateur de prédilection de Chabrol. Enfin, Michel Serrault, Nathalie Baye et Suzanne Flon, qui tiennent ici les rôles principaux, tourneront par la suite pour le réalisateur de La femme infidèle et Que la bête meure.

Certes on peut regretter que Jessua ait délaissé le ton original et singulier qui faisait le sel de son cinéma mais cela n'empêche pas En toute innocence d'être un beau film.

Cela est dû, d'une part, à une idée forte, celle qui consiste à nous montrer un homme qui se mure dans le silence alors que rien ne nous prouve qu'il est devenu réellement muet… D'autre part, le spectateur le plus blasé ne peut qu'être séduit par la richesse et l'intensité du duel psychologique entre le patriarche mutique et sa belle-fille. Un duel plein de sous-entendus, de non-dits, de souvenirs d'un passé que le spectateur ignore. Cette confrontation est servie par deux acteurs dissemblables, Michel Serrault et Nathalie Baye, qui avaient le point commun, en cette fin des années 80, d'être tous les deux au sommet de leur art. Parmi les seconds rôles, on remarquera avant tout la présence des indispensables Bernard Fresson et Suzanne Flon.

En toute innocence est un grand film sur la haine, celle qui déchire une famille et ne peut qu'aboutir au drame. Dommage que la réalisation, assez terne donne à l'ensemble des allures de téléfilm pour France 3. En ceci aussi il anticipe aussi ce que deviendra le cinéma de Chabrol dans les années 1990-2000.

C'est une oeuvre typique d'un certain cinéma français qui misait davantage sur le brio des acteurs que sur celui de la réalisation. A juste titre sans doute…


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