Film italien sorti en 1978 et composé de trois sketchs, de qualité variable, qui ont pour thème les vacances insolites.

1°) Je serai toute à toi. Le temps d'un week-end, un dentiste (Ugo Tognazzi), incorrigible coureur de jupons, décide de s'inviter dans la villa de son ex-femme (Stefania Sandrelli). Mais les retrouvailles ne sont pas aussi idylliques qu'il l'aurait souhaité… Un premier sketch un peu décevant, en raison d'une réalisation, d'un scénario et de dialogues peinant à sortir de l'ordinaire. On peut s'étonner de la présence du raffiné Mauro Bolognini derrière la caméra tant la grivoiserie de l'ensemble fait davantage penser à La chambre de l'évêque de Dino Risi qu'à Bubu ou Metello. Le tout est accompagnée d'une musique disco dont l'insignifiance étonne de la part de l'immense Ennio Morricone. Je serai toute à toi se laisse tout de même regarder en raison de la présence de Ugo Tognazzi, toujours impérial dans les rôles de macho malhonnête et ridicule, de Stefania Sandrelli, aussi sensuelle que talentueuse, et d'une cruauté qui réussit malgré tout à faire mouche. 3/6.

2°) Oui, bwana. En Afrique, un raté (Paolo Villaggio) se fait passer pour un spécialiste des safaris. Il tombe bientôt sous le charme de la belle Margherita (Anna Maria Rizzoli), qui souhaite se débarrasser de son époux… Mis en scène par Luciano Salce, ce deuxième sketch n'est pas toujours d'une grande finesse mais bénéficie d'un scénario efficace et bien construit, grâce à la plume de Scarpelli. Paolo Villaggio est parfait dans le rôle d'un minable qui essaie de tromper son monde. Les paysages africains apportent un exotisme bienvenu et la chute réussie achève de donner une bonne impression. 4/6.

3°) Vacances intelligentes. Un couple de marchands de légumes (Alberto Sordi et Anna Longhi) se laisse tracer par leur fils, un intellectuel, un programme de vacances intelligentes. Les deux prolétaires vont essayer de se familiariser, non sans mal, avec les délices de l'art moderne. Au menu : une visite à la biennale de Venise, et un concert de musique moderne. Réalisé et interprété par Alberto Sordi, c'est le petit bijou qui fait oublier la déception suscitée par les deux premiers sketchs. Certes la satire de l'art moderne et du snobisme pourra paraître aussi simpliste que réactionnaire aux yeux de certains. Mais c'est de la comédie italienne comme on l'aime, grinçante, fine observatrice de son époque et de la nature humaine et surtout politiquement incorrecte. Et pleine de tendresse pour « le peuple », qui a dans le fond bien raison de ne rien comprendre à l'art contemporain. 6/6.

A l'instar de La fiancée de l'évêque, autre film à sketchs italien de la même époque, Où es-tu allé en vacances? vaut surtout le coup d'oeil pour son remarquable dernier segment, qui aussi et de loin le plus long (plus d'une heure) des trois. Les deux premiers sketchs témoignent de l'essoufflement de la comédie italienne à la fin des années 1970, la grossièreté prenant trop souvent le pas sur la causticité, mais les amateurs du genre sont tout de même susceptibles de passer un bon moment en raison de la présence au générique de nombreuses personnes de talent, quand bien même ces dernières ont souvent fait beaucoup mieux.

Par ailleurs, Où es-tu allé en vacances? présente l'avantage d'etre facile d'accès pour un large public : les sujets abordés sont universels, l'ennui n'est jamais présent et la version française, seule présente sur le DVD sorti il y a quelques années, est de bonne qualité.