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Sujet : "La différence engendre la haine" (Stendhal)


De verdun, le 2 novembre 2020 à 22:45
Note du film : 3/6

Fin des années 1970. Dans un village de la France profonde, une fillette est fauchée par un motard habillé de noir. Au même moment un autre motard (Klaus Kinski) vêtu lui d'une combinaison blanche, s'arrête à l'auberge du village. La tenancière lui tire les cartes et lui prédit la mort. Très vite, l'étranger ressent l'indifférence, puis le mépris et bientôt la haine de ces villageois confinés dans leurs préjugés. Seule Madeleine (Maria Schneider), mère célibataire, accepte de lui venir en aide.

Objet Filmique Non Identifié sorti sur les écrans en janvier 1980, Haine est la seule réalisation « traditionnelle » de Dominique Goult, petit artisan du cinéma pornographique. Cette curiosité, jadis programmée dans le « cinéma de quartier » de Canal +, vient d'être à nouveau exhumée par l'excellent éditeur « Le chat qui fume ».

Haine ne saurait être considéré comme un chef-d'oeuvre oublié tant le rythme est chaotique et tant les péripéties sont répétitives.

De plus, cette histoire d'un étranger détesté par la population du village où il vient d'arriver est loin d'être nouvelle malgré son indéniable impact. De nombreux films du début des années 1970, tels que Scènes de chasse en Bavière, La saignée et La merveilleuse visite, sont là pour en témoigner. Haine traite cette histoire vue et revue à la manière d'une parabole biblique racontant l'avènement d'un nouveau christ, ce qui constitue un angle d'attaque original mais assez lourd.

Enfin, le film de Dominique Goult se propose également de dénoncer la xénophobie de la France profonde mais là encore le spectateur peut légitimement éprouver un sentiment de déjà vu puisque des œuvres aussi mémorables que Dupont Lajoie ou La traque ont précédemment abordé ce sujet.

En dépit de ces indéniables scories, Haine mérite le coup d'oeil.

D'une part, Dominique Goult parvient à créer un climat extrêmement singulier. Les éléments insolites et surnaturels abondent, jusqu'à un dénouement « new age » des plus surprenants.

D'autre part, la description de ce village peuplé de personnages tous plus antipathiques les uns que les autres retient très vite l'intérêt. Elle est servie par une interprétation étonnante à défaut d'être toujours maîtrisée : Klaus kinski fait preuve de sobriété, Katia Tchenko a un rôle habillé, Maria Schneider est une Marie madeleine peu conventionnelle, Evelyne Bouix joue une employée de l'auberge et Patrice Melennec, comédien habitué aux rôles secondaires, incarne ici le principal ennemi du motard blanc.

Malgré l'inexpérience de Dominique Goult dans le cinéma "classique", l'esthétique est travaillée, la réalisation est inspirée et les scènes de poursuite bien réglées. Les clins à d'autres films sont bien intégrés : le jeu du chat et de la souris entre le motard et le camion évoque plaisamment Duel de Steven Spielberg.

Haine fut un l'échec commercial à sa sortie et condamna la carrière de Dominique Goult. On ne peut que le regretter car ce film révélait un vrai tempérament de cinéaste et une volonté plus qu'estimable de sortir des sentiers battus. 3,5/6.


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